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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La réponse socialiste à la crise de la marée noire dans le golfe du Mexique

Par Joe Kishore et Patrick Martin
4 juin 2010

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Le flux de pétrole qui continue de s'échapper au fond du golfe du Mexique est une catastrophe absolue dont les conséquences économiques et écologiques sont incalculables.

Le gouvernement Obama admet à présent ce que des experts scientifiques ont affirmé depuis des semaines : qu'il s'agit du pire désastre environnemental de l'histoire des Etats-Unis. Il y a peu de chance que l'écoulement incontrôlé de pétrole du site Deepwater Horizon puisse être arrêté avant la fin du mois d'août, peut-être plus tard même.

Les experts scientifiques du gouvernement estiment que jusqu'à un million de gallons de pétrole s'écoulent tous les jours, d'autres scientifiques ont évalué que le rythme dépasse plusieurs fois cette quantité. D'ici la fin de l'été, au moins une centaine de millions de gallons auront été déversés dans le golfe - plusieurs fois donc l'ampleur de la catastrophe de l'Exxon Valdez en 1989. Dans le pire scénario, le gisement entier se dévidera dans le golfe - et personne ne sait quelle quantité de pétrole est en jeu.

Des centaines de milliers de personnes qui dépendent directement ou indirectement de l'industrie de pêche dans le golfe sont confrontées à la perte de leurs moyens d'existence. Des espèces entières pourraient être éliminées et des systèmes écologiques fragiles dévastés.

Aujourd'hui, débute de la saison des ouragans. L'on s'attend à ce qu'au moins une demi douzaine de fortes tempêtes s'abattent sur le continent américain. Si un ouragan important atteignait la nappe de pétrole, il projetterait à la fois l'hydrocarbure et les dispersants chimiques toxiques sur le littoral et dans l'atmosphère en ayant des conséquences incalculables pour la santé publique.

L'incident a des implications d'ordre mondial. Si ce n'est déjà fait, le pétrole sera bientôt entraîné dans la boucle de courant Caraïbes-Yucatán qui poussera la nappe vers la pointe sud de la Floride. De là, le Gulf Stream pourrait répandre les déchets toxiques jusqu'au littoral de l'est américain et finalement leur faire traverser l'Atlantique jusqu'aux côtes de l'Europe de l'Ouest.

Il existe un gouffre immense entre l'ampleur gigantesque du désastre et la réponse venant du gouvernement et des mass médias. Dès le départ, il y a eu une tentative systématique de minimiser la signification de l'événement. Le gouvernement Obama n'a rien fait des semaines entières. Son principal souci avait été d'éviter que le désastre de BP ne dérange ses projets d'extension des activités de forage pétrolier en haute mer, qu'Obama, tout comme Bush, ont soutenu de façon agressive.

Quant à BP, le gouvernement a été entièrement paralysé, étant une fois de plus incapable de prendre la moindre mesure qui pourrait aller à l'encontre des intérêts des multinationales géantes qui contrôlent l'économie américaine et mondiale.

BP fut laissé en charge des opérations de colmatage et le gouvernement a ressassé l'argument que seul BP disposait de l'expertise scientifique pour maîtriser la situation. La compagnie a tenté différentes manouvres, toutes ayant pour but principal de couvrir le fait que ni BP ni le gouvernement ne disposaient d'un plan d'urgence.

Le gouvernement Obama considère qu'il ne faut rien faire d'autre que de répéter, tout en sachant que cela ne signifie rien de concret, qu'il est « en colère et frustré » et que l'indignation des masses populaires peut en quelque sorte être contrôlée au moyen de techniques médiatiques bien rodées et d'astuces en relations publiques.

La colère populaire, toutefois, ne cesse d'augmenter de jour en jour. Cette colère et cette résistance doit être armée d'une perspective politique, dirigée non seulement à l'encontre de BP et des autres grands groupes directement responsables de cette catastrophe mais contre l'ensemble du système politique et économique qui a fait qu'une telle catastrophe ait été inévitable.

Malgré les tentatives entreprises par BP et le gouvernement américain pour présenter la catastrophe comme imprévisible, elle est le résultat de la politique de « libre marché » pratiquée des décennies durant en éliminant toutes les contraintes à la course aux profits.

Chaque jour qui passe révèle davantage la manière avec laquelle BP a délibérément rogné sur les mesures de sécurité, ce qu'a facilité le Minerals Management Service (MMS) en approuvant toutes les actions de BP jusqu'au jour de l'explosion. En dépit de nombreux avertissements d'une catastrophe imminente - y compris des fuites dans les blocs opturateurs de puits, dont la défaillance a mis fin à toute tentative de stopper l'écoulement -BP était déterminé à poursuivre le forage. Dans le même temps, d'autres mesures de sécurité et de sauvegarde ne furent pas appliquées, l'industrie pétrolière ne voulant pas payer des frais supplémentaires.

La règlementation des activités de l'industrie pétrolière est restée entre les mains de l'industrie elle-même, MMS et le gouvernement n'étant ni plus ni moins que des auxiliaires des intérêts des grands groupes. Cette relation s'est poursuivie sous Obama. En 2009, le gouvernement était intervenu directement après que le tribunal ait jugé que les projets de forage pétrolier en mer de Bush ne prévoyaient pas d'études d'impact suffisantes sur l'environnement. Le secrétaire à l'Intérieur, Ken Salazar, avait insisté pour que le forage pétrolier dans le golfe continue, en citant en particulier le projet Deepwater Horizon.

Cette catastrophe est une preuve de plus de la vulnérabilité de la société mondiale devant les activités destructrices des grandes entreprises privées dont l'objectif est le profit et l'enrichissement des actionnaires.

Le gouvernement a octroyé de gigantesques ressources à l'armée et au département de la Sécurité intérieure au motif que la plus grande menace pour le peuple américain est un quelconque acte terroriste. Et pourtant, au cours de cette dernière décennie, les plus grandes catastrophes ont été créées par les groupes géants et le système capitaliste. En 2005, l'ouragan Katrina a révélé la décrépitude de l'infrastructure sociale des Etats-Unis. En 2008, les opérations des sociétés financières ont précipité le monde dans la récession économique. A présent, les agissements criminels de BP ont signifié l'empoisonnement du golfe du Mexique.

Des mesures d'urgence sont nécessaires pour venir à bout de cette catastrophe. Tout d'abord de vastes ressources économiques et sociales doivent être mobilisées pour limiter autant que possible le désastre environnemental et procurer des emplois à tous ceux qui sont touchés dans la région. BP n'a recruté qu'une infime partie de ceux qui sont en mesure de travailler car l'entreprise est avant tout préoccupée par son chiffre d'affaires.

Une enquête criminelle sur les activités de BP, de Transocean, d'Halliburton et d'autres compagnies doit être ouverte. Les cadres dirigeants doivent être interpellés et rendus responsables du désastre.

Une commission internationale de scientifiques et d'autres experts doit être convoquée qui soit totalement indépendante des grands groupes et du gouvernement, pour déterminer l'ampleur de la catastrophe et pour décider des mesures indispensables à prendre. Aucune confiance ne peut être placée dans le gouvernement Obama ou n'importe quelle section de l'establishment politique pour entreprendre quoi que ce soit et continuer à couvrir BP et l'industrie pétrolière.

Au fur et à mesure que les jours et les semaines passent, l'impact du désastre ne fera que s'accroître et que les conséquences non anticipées sont révélées. Une chose est sûre : le coût total de la catastrophe se chiffrera en centaines de milliards de dollars. Ce sont les compagnies pétrolières elles-mêmes qui doivent payer pour cela. BP et les autres compagnies d'énergie doivent être immédiatement nationalisées et placées sous contrôle démocratique.

Ces mesures doivent faire partie de l'organisation socialiste à bien plus grande échelle de l'économie américaine et mondiale. Cette catastrophe est l'expression de la faillite historique du système capitaliste. Il doit être remplacé par le socialisme - l'organisation de la vie économique sur la base des besoins sociaux et non du profit privé.

Le Parti de l'égalité socialiste est le fer de lance de la lutte pour un mouvement de masse socialiste de la classe ouvrière aux Etats-Unis et de par le monde. Nous invitons tous ceux qui sont d'accord avec ce programme à joindre le Parti de l'égalité socialiste et à mener la lutte pour ce programme.

(Article original anglais paru le 1er juin 2010)

Voir aussi :

La conférence de presse d'Obama
Mensonges et faux-fuyants pour défendre BP
[2 juin 2010]

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