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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le patron du syndicat allemand fêtera son anniversaire à la chancellerie

Par Ulrich Rippert
19 mars 2010
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Ce sont souvent les informations les moins spectaculaires qui donnent un aperçu des développements sociaux. C’est le cas aussi du communiqué de presse relatant que Berthold Huber, président du plus grand syndicat d’Europe, l’IG Metall (IGM), fêtera son 60ème anniversaire dans la chancellerie allemande le 17 mars suite à une invitation personnelle de la chef du gouvernement allemand.

On ne peut que féliciter Huber, le cadre est tout à fait approprié. Prendront place à la table d’anniversaire, aux côtés du héros de la fête, la chancelière elle-même, Angela Merkel, le président de la fédération patronale de la métallurgie Gesamtmetall, Martin Kannegiesser, le patron de Siemens, Peter Löscher et le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn.

Selon l’article du Süddeutsche Zeitung, d’autres invités seront les secrétaires des comités d’entreprise d’un grand nombre de grands groupes. Le journal remarque que la liste des invités comprendra « le grand favori de Merkel parmi les représentants des travailleurs : Klaus Franz d’Opel. Et même Uwe Hück de Porsche sera présent. »

L’affaire livre une importante leçon pédagogique au mouvement ouvrier. Elle montre tout à fait clairement de quel côté se trouvent les syndicats et à quel point leur collaboration avec le gouvernement s’est déjà développée. La fête d’anniversaire de Huber a un caractère symbolique et est la confirmation de la transformation de plus en plus évidente des syndicats en organes de l’Etat.

Il y a exactement 70 ans, quelques jours seulement avant d'être assassiné, Léon Trotsky écrivait « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste. » Il commence par les mots : « Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’Etat. »

Le fait que cette tendance vers une fusion avec l’Etat est caractéristique pour toutes les formes d’organisations syndicales quelles qu’elles soient, les soi-disant apolitiques, socio-démocrates, « communistes » ou anarchistes, montre clairement que le problème ne se situe pas au niveau du comportement des fonctionnaires individuels.

L’économie est contrôlée par des monopoles coopérant étroitement avec l’Etat. Dans le passé, et sous ces conditions, tout ce que les syndicats pouvaient faire c’était d'exploiter les rivalités entre les différents entreprises. A présent, cependant, comme l’écrivait Trotsky, « Ils doivent affronter un adversaire capitaliste centralisé, intimement lié au pouvoir de l’Etat. De là découle pour les syndicats -- dans la mesure où ils restent sur des positions réformistes, c’est-à-dire sur des positions fondées sur l’adaptation à la propriété privée – la nécessité de s’adapter à l’Etat capitaliste et de chercher à coopérer avec lui. »

Depuis que ces paroles ont été écrites, de nombreux groupes et organisation politiques cherchent à réfuter l’analyse de Trotsky. Durant la période d’après-guerre, lorsque les syndicats étaient encore en mesure d’obtenir des augmentations de salaire et des améliorations des conditions sociales pour un certain temps, ces organisations proclamaient que les syndicats étaient capables de jouer un rôle progressiste en allant même jusqu’à affirmer que les améliorations sociales et la progression vers le socialisme ne pouvaient se faire qu’au moyen des syndicats.

Jusqu’à ce jour, les sociaux-démocrates, les staliniens et les pablistes toutes tendances confondues rejettent toute critique fondamentale des syndicats en cherchant à subordonner la classe ouvrière à l’appareil de la bureaucratie syndicale.

La fête d’anniversaire de Hubert à la chancellerie contribue à dissiper un tel point de vue opportuniste. Huber a remercié avec effusion la chancelière pour son invitation par une lettre commençant par « Chère madame la Chancelière. » L’invitation était arrivée après que l’accord tarifaire ait été signé par les responsables de l’IGM il y a quelques semaines à peine en Rhénanie-du-Nord/Westphalie. L’accord qui est censé durer deux ans comporte des réductions réelles de salaire pour les salariés et confirme que l’accord du syndicat avait pour but de protéger les arrières du gouvernement.

Le plan d’économie de la Grèce qui a été dicté par l’Union européenne est le prélude d’attaques massives contre la classe ouvrière de par l’Europe ; et, compte tenu de la résistance populaire grandissante, l’IGM, le syndicat Verdi (le syndicat allemand des services) et d’autres syndicats allemands cherchent à retenir et à amadouer les travailleurs en acceptant des accords de longue durée. A présent, Huber et les autres dirigeants des comités d’entreprise sont récompensés pour avoir tendu ce rameau d’olivier au gouvernement.

Les travailleurs devraient saluer cette clarification fournie par l’invitation de Huber à la chancellerie et se préparer au fait que lors des luttes de classe à venir les syndicats et les comités d’entreprise opéreront encore plus vigoureusement pour l’application du programme gouvernemental. Ce développement rend encore plus urgente la mise en place de comités d’usine pour s’opposer systématiquement aux syndicats et aux comités d’entreprise et à leur défense de la politique gouvernementale.

(Article original paru le 15 février 2010)

 

 


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