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États-Unis
Les relents putrides de la dictature
Par Joseph Kishore
9 octobre 2010
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Les raids effectués la semaine passée par le FBI contre des activistes
anti-guerre sont un avertissement sinistre pour l’ensemble de la classe
ouvrière. Les tactiques de la police d’Etat montrent à quel point les droits
démocratiques fondamentaux – y compris le droit à la liberté d’expression et
de réunion pour traiter des matières politiques – ont été démantelés aux
Etats-Unis.
Le gouvernement Obama avait ordonné le raid du domicile de plusieurs
personnes – notamment de membres de l’Organisation socialiste de la Voie de
la Liberté (Freedom Road Socialist Organization) – et la confiscation de
documents, d’ordinateurs, de téléphones portables, d'appareils photos et
autres objets personnels et politiques. Les personnes ciblées ont été
convoquées à comparaître le 12 octobre devant un tribunal de grande instance
et elles pourraient être poursuivies en justice pour « soutien matériel » au
terrorisme.
Quelle est la logique de ces actions? Il existe de vagues allégations non
fondées selon lesquelles ces personnes auraient rencontré des groupes que le
gouvernement américain a officiellement classés comme « terroristes. » Ces
classifications sont entièrement motivées par les prérogatives de la
politique étrangère américaine – c’est-à-dire que des organisations sont
jugées comme « terroristes » selon qu’elles soutiennent ou non les intérêts
américains au Moyen-Orient, en Amérique latine ou dans d’autres régions du
globe.
Il n’y a pas qu’une seule organisation à subir des attaques. Le
gouvernement et ses nombreuses agences de sécurité militaire visent à
amplifier de façon considérable la criminalisation de la dissidence aux
Etats-Unis.
La démarche du FBI et du gouvernement Obama tient lieu de ballon d’essai.
Ils cherchent à créer un précédent ainsi qu’un instrument pour jauger la
réaction de l’opinion publique et des médias. Pour ce qui est du dernier
point, le gouvernement est sans aucun doute satisfait de la réponse : un
silence quasi-total. Les journaux ont enterré l’affaire et les actualités
télévisées ne l’ont pas couverte. Le New York Times, la voix de
l’establishment libéral, a imprimé un petit article dans ses pages
intérieures.
La presse soi-disant de « gauche » est restée silencieuse. Le magazine
Nation n’a à ce jour toujours pas publié d’article ou de commentaire sur son
site web. Cette réaction n’est pas accidentelle. Le Nation et la coterie
d’organisations pro Parti démocrate l’entourant soutiennent le gouvernement
Obama et sa politique – y compris l’extension de la guerre, les attaques
contre la classe ouvrière et un démantèlement accru des droits démocratiques
aux Etats-Unis. Leur objectif principal est d’empêcher toute révélation du
véritable caractère du gouvernement.
Sur tous les fronts, Obama a poursuivi la politique de Bush consistant à
élargir considérablement les pouvoirs de l’Etat à tous les niveaux pour
emprisonner, torturer et assassiner ses adversaires. Ces raids policiers
sont survenus parallèlement aux révélations que le gouvernement cherchait à
étendre l’espionnage du gouvernement de façon à inclure Facebook, Skype et
les communications de BlackBerry. Il a à maintes reprises invoqué la
doctrine du « secret d’Etat » pour pratique de restitution, de torture et
d’écoutes téléphoniques illégales.
Le gouvernement s’arroge le droit d’assassiner quiconque sur simple ordre
du président, y compris des citoyens américains. Le gouvernement a étendu le
Patriot Act [loi d’exception anti-terroriste] et autre législation
anti-démocratique votées sous Bush. Et actuellement le gouvernement se
trouve au centre d’une campagne mondiale de diffamation et d’intimidation
visant Wikileaks pour avoir dévoilé au grand jour le caractère criminel des
guerres américaines à l’étranger.
Le démantèlement de la démocratie américaine est lié à deux processus
intimement liés. D’abord, l’extension des guerres américaines font entrer
les Etats-Unis de plus en plus directement en conflit avec la population
mondiale. Le recours à la torture, l’établissement du centre de détention de
Guantanamo et d’autres mesures antidémocratiques sont en fin de compte le
résultat de ces guerres criminelles. Les mêmes tactiques vont être de plus
en plus souvent utilisées contre l’opposition au sein des Etats-Unis.
Obama est à présent en train de mener une offensive sanglante en
Afghanistan et au Pakistan en d'intensifier les tensions avec la Chine et
d’autres puissances, risquant ainsi de déclencher une conflagration
mondiale. C’est la procédure standard de n’importe quelle puissance
impérialiste de chercher à criminaliser toute opposition à ses intérêts en
la qualifiant de « terrorisme. » Si le terme devait avoir une quelconque
signification objective, toutefois, il devrait de toute évidence s’appliquer
aux méthodes du gouvernement lui-même : des attaques de drones lancées
contre des populations civiles sans défense aux confins du monde et qui sont
menées par des agents de la CIA à partir de leurs bureaux climatisés situés
à Langley.
Ensuite, la crise de la démocratie américaine est indissociablement liée
à la crise sociale grandissante aux Etats-Unis même. L’inégalité bat tous
les records aux Etats-Unis. L’aristocratie financière a exploité une crise
qu’elle a elle-même provoquée pour s’enrichir massivement. Elle exige à
présent que la classe ouvrière en paie la facture sous forme de réductions
de salaires, de licenciement de masse et de mesures d’austérité.
Comme le Socialist Equality Party l’écrit dans son programme, The
Breakdown of Capitalism and the Struggle for Socialism in the United States,
« L’accroissement de l’inégalité sociale est incompatible avec la
démocratie. La nouvelle aristocratie va de pair avec le principe
aristocratique de gouvernement selon lequel l’Etat opère de plus en plus
ouvertement comme un instrument de la classe dirigeante. »
La classe dirigeante est parfaitement consciente que sa politique
rencontrera la résistance de la population. Déterminée à maintenir et à
augmenter à tout prix sa fortune mal acquise, elle aura recours à des formes
de répression politique de plus en plus ouvertes.
Bien que le Socialist Equality Party a de nombreuses différences
politiques fondamentales avec la politique maoïste et nationaliste de la
FRSO et des groupes similaires, il défend inconditionnellement leurs droits
démocratiques. Nous exigeons un arrêt immédiat de l’enquête et de la
campagne d’intimidation lancées par le gouvernement américain.
La guerre, l’inégalité et les attaques contre les droits démocratiques
sont tous des produits du système capitaliste et de la dictature politique
et économique des banques et des géants multinationaux. La lutte pour la
défense de ces droits est de ce fait liée à la mobilisation indépendante de
la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste. Le SEP demande
instamment à toux ceux qui veulent mener une telle lutte d’étudier son
programme et d’adhérer au Socialist Equality Party.
(Article original paru le 1er octobre 2010)