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WSWS : Nouvelles et analyses : Amérique du Sud

Licenciements de masse de Cuba : l'impasse du castrisme

Par Bill Van Auken
23 septembre 2010

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L'annonce cette semaine que plus d'un demi-million de travailleurs cubains allaient être congédiés au cours des six prochains mois a mis à nu le caractère de classe du régime de castriste.

Licenciements de masse de Cuba : l'impasse du castrisme

Par Bill Van Auken

L'annonce cette semaine que plus d'un demi-million de travailleurs cubains allaient être congédiés au cours des six prochains mois a mis à nu le caractère de classe du régime de castriste.

Cette mesure brutale a été rendue publique par la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), l'organe syndical, contrôlé par le gouvernement, qui représente non pas les travailleurs cubains, mais plutôt les couches dirigeantes de l'appareil d'État.

L'annonce du CTC a débuté en invoquant de façon rituelle les 52 ans de la révolution cubaine et en affirmant « la volonté et la détermination de la direction de notre nation et de notre peuple à continuer à bâtir le socialisme ».

Les phrases creuses de ces bureaucrates  d'État se faisant passer pour des représentants ouvriers ne peuvent masquer le fait que le régime de Castro exécute, de manière particulièrement brutale et antidémocratique, le même genre de programme drastique d'austérité mis en oeuvre par les gouvernements capitalistes de  par le monde.  À Cuba, comme en Grèce, en Espagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et ailleurs, la visée de ce programme consiste à rejeter tout le fardeau de la crise capitaliste mondiale sur la classe ouvrière.

Avec seulement quelques mois de préavis, les travailleurs sont privés de leur emploi dans le secteur public, pratiquement le seul employeur à Cuba, et, jetés à l’eau, devront apprendre à nager ou couler à pic.

Cela a été expliqué clairement dans un document dont on a pris connaissance à la suite de l'annonce : « Information sur la réorganisation de la main-d'oeuvre », une présentation de type PowerPoint apparemment conçue pour être utilisée dans les préparatifs du massacre des emplois à Cuba.

Le document souligne à plusieurs reprises le besoin d’éliminer le « traitement paternaliste » des travailleurs cubains. Cela ne signifie pas la fin des interventions autoritaires des frères Castro dans toutes les sphères de l’économie et de la vie sociale, mais plutôt les bénéfices sociaux et garanties limités qui ont permis aux travailleurs de survivre avec un salaire mensuel moyennant l’équivalent de 20 dollars par mois.

Parmi les premières politiques « paternalistes » qui connaîtront la hache, pour des raisons évidentes, il y a le paiement des prestations de chômage. Le document affirme que les ouvriers ayant moins de 20 années d’expérience recevront 60 pour cent de leur salaire de base pendant seulement un mois après quoi il sera coupé entièrement.

Le document affirme que parmi les opportunités de travail autonome vers lesquelles les travailleurs seront dirigés, il y a la coiffure, la fabrication de briques, conduire des taxis, vendre des sucreries et des fruits séchés, puis l’élevage de lapins! Le document déclare candidement, en lien avec ces nouvelles « entreprises », que « plusieurs d’entres-elles peuvent échouer en dedans d’une année » dû au manque d’expérience des travailleurs et au manque d’accès aux matières premières, au crédit et à d’autres formes de soutien pour de telles entreprises. Il n’y a aucune indication que l’État ait quelconque plan pour assister ceux qui vivront de tels échecs.

On voit dans tout ceci la promotion à Cuba de ce qui est connu par les technocrates à travers l’Amérique latine comme « l’économie informelle », un secteur qui englobe jusqu’à la moitié de la population, comprenant les pauvres des villes dont le nombre s’est accru suite aux vagues de privatisation et de programmes d’ajustement structurel à travers le continent. 

D’autres attaques sur le « paternalisme » à Cuba comprennent notamment l’élimination des cafétérias dans les lieux de travail, là où les travailleurs recevaient leur dîner gratuit; les coupures dans les cartes de rationnement; puis la « réforme » des soins de santé, qui vise à réduire les services.  

La classe dirigeante de ce pays fait preuve en cela d’une hostilité non dissimulée vis-à-vis la classe ouvrière cubaine. C’est qui est condensée dans une déclaration du président cubain, Raoul Castro, qui affirmait sa détermination à « effacer à jamais la conception que Cuba est le seul pays du monde où l’on peut vivre sans travailler. »

C’est franchement diffamatoire. Les travailleurs cubains sont aussi travaillants que ceux des autres pays et sont à peine rémunérés pour leur travail. Mais, ils ne contrôlent pas la production, et encore moins l’État cubain, tous deux des outils servant les intérêts d’une couche de bureaucrates privilégiés et corrompus.

Cette couche a tissé des liens de plus en plus étroits avec le capitalisme étranger, ouvrant le pays à l’exploitation par les multinationales espagnoles et européennes ainsi que par des firmes de la Chine, du Brésil, de la Russie et ailleurs. Ce capital étranger qui domine de plus en plus les secteurs clés de l’économie.

Les scandales de corruption sans bornes qui ont englouti un ministre important après l’autre sont symptomatiques d’une élite dirigeante qui veut sa propre part du gâteau résultant de ces accords et qui est engagée dans une accumulation de richesse personnelle encore plus ouverte, alors même qu’elle demande que mesures d’austérité sauvages soient prises contre les travailleurs.

Durant un demi-siècle, les nationalistes petits-bourgeois d'Amérique latine et leurs homologues « de gauche » de la majeure partie du reste du monde ont soutenu que la révolution cubaine de 1959 qui avait porté Fidel Castro au pouvoir était « socialiste » et que le régime qui en avait émergé constituait un « État ouvrier ».

 

En réalité, le régime de Castro était le produit non pas d'une révolution ouvrière, mais d'un mouvement de guérilla basé dans la petite bourgeoisie cubaine. L'État cubain n'a pas été créé par les travailleurs, mais leur a plutôt été imposé, tout comme la fausse fédération syndicale qui défend les intérêts de l'État et des capitalistes étrangers.

L’État cubain a été une des variantes les plus à gauche d’un grand nombre de régimes nationalistes bourgeois à prendre le pouvoir dans les pays opprimés dans les décennies qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, qui souvent s’auto-proclamaient « anti-impérialistes » et « socialistes » et qui nationalisaient quelques industries.

Pendant trente ans, l’économie cubaine a principalement dépendu de subsides de l’Union soviétique, un échange à la Faust, où Castro devait, lui, défendre les politiques contre-révolutionnaires de la bureaucratie stalinienne de Moscou à l’échelle mondiale. La dissolution de l’URSS par la bureaucratie soviétique en 1991 a jeté le régime Castro dans une crise inextricable, à laquelle il a répondu en se tournant vers le capital étranger et en réduisant le niveau de vie des travailleurs cubains.

Le mythe que le castrisme représentait une sorte de nouvelle voie vers le socialisme comptait parmi ses défenseurs les plus acharnés la tendance pabliste qui a infecté la Quatrième Internationale. Elle a vu dans la révolution cubaine une façon d’abandonner la lutte du mouvement trotskyste pour forger l’indépendance politique et pour développer la conscience socialiste de la classe ouvrière contre la domination des bureaucraties staliniennes et réformistes, ainsi que contre le nationalisme bourgeois.

La promotion d’illusions dans le castrisme et dans les politiques proguérillas a eu les conséquences les plus catastrophiques pour l’Amérique du Sud, où une génération de jeunes radicalisés a été séparée de la classe ouvrière et lancé dans des « luttes armées » suicidaires qui ont été noyées dans le sang par une suite de dictatures militraires.

La liquidation de cadres trotskystes dans ces mouvements de guérilla a permis la continuation de la domination des bureaucraties staliniennes et péronistes. Elles ont ainsi pu étouffer et trahir la vague de luttes révolutionnaires qui a balayé le continent.

Aujourd’hui, la pire crise du capitalisme mondial en 70 ans crée les conditions pour une nouvelle éruption de révolution sociale en Amérique latine et internationalement. Il est vital de tirer les leçons stratégiques de la dernière période de soulèvements révolutionnaire, par-dessus la nécessité de construire des partis révolutionnaires de la classe ouvrière indépendants qui seront basés sur le programme de l’internationalisme.

Le Comité international de la Quatrième Internationale est confiant que ce programme va gagner les sections des travailleurs les plus développés politiquement dans toute l’Amérique latine et qu’il donnera une orientation révolutionnaire dans les luttes sociales amères qui vont inévitablement faire irruption à Cuba même.

(Article original anglais paru le 17 septembre 2010)

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