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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La dégradation de la note de crédit des Etats-Unis

Par Barry Grey
11 août 2011

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La dégradation de la dette des Etats-Unis marque un tournant dans la crise du capitalisme américain et mondial.

L'agence de notation Standard & Poor's a clairement fait comprendre dans son communiqué de vendredi qu'elle allait prendre une initiative sans précédent pour priver les obligations du Trésor américain de leur note AAA parce que le gouvernement Obama et le Congrès ont manqué de satisfaire, dans leur accord budgétaire, aux exigences des banques de Wall Street, pour lesquelles elle parle.

S&P a réitéré son appel, initialement lancé en avril dernier, pour que le gouvernement américain approuve, avant les élections de novembre 2012, des mesures de réduction budgétaire s'élevant à au moins 4 mille milliards de dollars, y compris des coupes massives dans les programmes sociaux tels Medicare, Medicaid et la sécurité sociale.

En plus des motifs politiques se cachant derrière l'action de Standard & Poor's et de son impact immédiat sur les marchés financiers internationaux, la perte pour les Etats-Unis de leur très bonne note de crédit, a des implications historiques, économiques et politiques énormes. Elle détériorera davantage encore le statut du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale et monnaie d'échange, déstabilisera les relations économiques mondiales et accélérera l'accroissement des antagonismes nationaux.

La dégradation de la dette américaine est une reconnaissance du formidable déclin de la position mondiale du capitalisme américain. Le 15 août prochain marquera le 40ème anniversaire de l'effondrement du système monétaire de Bretton Woods, établi à la fin de la deuxième Guerre mondiale. Cet ordre monétaire avait été la pierre angulaire de la re-stabilisation et de l'expansion du capitalisme mondial.

La pierre angulaire de Bretton Woods était le rôle imparti au dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale et d'échange. Le dollar, convertible en or à un taux de 35 dollars l'once, était devenu l'ancre d'un système de taux d'échange monétaire fixes.

La position privilégiée du dollar américain était la reconnaissance que les Etats-Unis étaient sorti du naufrage de la guerre comme la première puissance économique mondiale. Leur industrie a dominé les marchés mondiaux. En 1950, la part américaine de la production automobile était de 75 pour cent. En 1955, l'Amérique comptait pour près de 40 pour cent de la production mondiale d'acier. La majorité des réserves d'or du monde était stockée à Fort Knox.

Toutefois, cet arrangement comportait une contradiction fondamentale - la tentative de faire opérer une monnaie nationale comme une monnaie mondiale. Même les énormes ressources économiques des Etats-Unis ne pouvaient supplanter les contradictions fondamentales du système capitaliste existant entre l'économie mondiale et le système d'Etat-nation.

A la fin des années 1960, la quantité de dollars détenue outre-mer dépassait de loin les réserves d'or américaines et les Etats-Unis étaient confrontés à une concurrence grandissante de la part de l'Allemagne et du Japon qui avaient connu un nouvel essor. Le système de Bretton Woods s'est effondré le 15 août 1971, lorsque le gouvernement Nixon, après une ruée sur le dollar, a supprimé la parité or de la monnaie américaine.

L'acceptation tacite de l'érosion de l'hégémonie économique américaine a été un tournant majeur dans les rapports économiques et politiques d'après-guerre. Elle a conduit à Bretton Woods II, un système de flottement des taux de change liés au dollar - un arrangement qui dépendait encore plus de la confiance internationale dans la solidité du capitalisme américain.

Cette confiance a progressivement été érodée au fur et à mesure que les Etats-Unis sont devenus, de la plus grande nation créancière du monde qu'ils étaient, la plus grande nation débitrice. Sa base industrielle a dépéri, rendant son économie de plus en plus tributaire de la spéculation financière.

On a assisté depuis 1971 à des crises financières internationales de plus en plus graves et à la détérioration des niveaux de vie de la classe ouvrière, d'abord aux Etats-Unis puis en Europe et au Japon. Ce qui est sous-jacent à ces développements c'est le déclin de plus en plus tangible de la position des Etats-Unis dans le monde et la décrépitude de leur infrastructure industrielle.

L'un des critères de ce processus est le déclin du dollar. Par rapport au yen japonais, par exemple, la monnaie américaine est passée de 360 en 1997 à 77 aujourd'hui - une perte de quelque 80 pour cent de sa valeur. Si l'on prend l'or comme la valeur standard, la chute est encore plus forte - de 35 dollars l'once en 1971 à plus de 1.600 dollars de nos jours, un déclin de la valeur du dollar de 98 pour cent.

Durant ces trente dernières années, le capitalisme américain a eu pour base la création d'une bulle financière après l'autre. La spéculation outrancière et semi-criminelle dans les prêts hypothécaires à risque (subprime) dans les années 2000 a exacerbé le processus du parasitisme financier et abouti au krach de Wall Street qui a déclenché en 2008 la plus grave crise économique mondiale depuis les années 1930.

D'une manière importante, l'actuelle crise est encore plus profonde que la Grande Dépression. A cette époque, les Etats-Unis étaient encore une puissante économique montante, une force potentielle de re-stabilisation économique. De nos jours, les Etats-Unis sont le centre du déclin économique mondial et source d'instabilité et de crise.

Aujourd'hui, le monde fonctionne sans un système monétaire viable. Ceci a des implications catastrophiques.

Mohamed El-Erian, le directeur général du Pacific Investment Management Co. (PIMCO), le premier fonds mondial de placement obligataire, a dit dans un article paru dans le Financial Times : « . la dégradation de vendredi érodera au fil du temps la place des biens publics mondiaux fournis [par les Etats-Unis] - à commencer par le dollar comme monnaie de réserve mondiale jusqu'à ses marchés financiers comme meilleure place à laquelle les autres pays confient leurs économies durement gagnées. Ceci affaiblira l'efficacité des Etats-Unis en tant qu'ancre mondiale, en accélérant le déplacement instable vers un système multipolaire et en augmentant le risque de fragmentation économique. »

Xinhua, l'agence de presse officielle de la Chine, a publié un communiqué exceptionnellement hargneux suite à la dégradation, dénonçant les Etats-Unis pour leur « addiction à la dette » et mettant en garde qu'à moins que Washington ne réduise ses « gigantesques dépenses militaires et ses coûts sociaux pléthoriques » une nouvelle dégradation sera inévitable. Le communiqué appelle à un contrôle international de l'impression de dollars américains en réitérant l'affirmation de la Chine qu'un nouveau système monétaire mondial est indispensable pour remplacer celui dominé par le dollar américain.

Malgré les appels de la Chine et d'autres pays en faveur d'un nouveau système monétaire, il n'existe pas de candidat sérieux pour remplacer les Etats-Unis comme pierre angulaire d'un nouvel ordre capitaliste mondial et le dollar comme ancre des rapports monétaires internationaux. La Chine, qui est encore un pays relativement arriéré et miné par des contradictions sociales et politiques explosives, est incapable de jouer ce rôle. L'Europe est elle-même en proie au désarroi et l'euro au bord de l'effondrement. Le Japon reste plongé dans la stagnation économique.

La récession économique, les guerres monétaires et commerciales et la dégradation de la dette américaine sont toutes des expressions de ce qui est indubitablement une crise historique du système capitaliste mondial. C'est cette crise qui sous-tend les profondes divisions existant entre les principales puissances capitalistes et les crises politiques aux Etats-Unis et dans tout autre pays impérialiste.

La seule chose sur laquelle les élites dirigeantes du monde sont d'accord, c'est le besoin d'intensifier l'attaque contre la classe ouvrière américaine et internationale. Elles cherchent à s'extirper des conséquences de l'effondrement de leur système en attaquant brutalement les niveaux de vie et les droits démocratiques des travailleurs.

Dans le même temps, l'effondrement de tout fondement pour une coordination et une stabilité internationales entre les puissances capitalistes ouvre une nouvelle période de nationalisme virulent et de guerre économique inter-impérialiste qui conduira inexorablement vers une nouvelle conflagration mondiale. Une fois de plus, comme dans les années 1930, le conflit insoluble entre l'économie mondiale et l'Etat-nation menace l'humanité du spectre de la guerre mondiale et de la barbarie fasciste.

Quelles conclusions faut-il en tirer? Premièrement, le krach financier de 2008 n'avait pas été l'expression de simples conditions conjoncturelles, mais d'un effondrement historique et de l'échec du capitalisme américain et mondial.

Deuxièmement, cette crise a débouché sur une nouvelle période de soulèvements révolutionnaires, dont on a déjà pu voir les débuts dans les révolutions en Tunisie et en Egypte et dans la montée des protestations de la classe ouvrière en Europe et aux Etats-Unis.

La véracité de l'affirmation que la classe ouvrière ne peut pas défendre ses intérêts vitaux dans le cadre du capitalisme et que le socialisme offre l'unique base pour une répartition et un développement rationnels, planifiés et progressistes des forces productrices de l'humanité a été confirmée.

La classe ouvrière aux Etats-Unis et partout dans le monde doit rompre avec les représentants politiques et les agences de la bourgeoisie dont les syndicats officiels, et entamer une lutte consciente pour le renversement du système de profit, l'établissement de gouvernements ouvriers et la construction du socialisme à l'échelle mondiale.

C'est la perspective du Parti de l'Egalité socialiste aux Etats-Unis et du Comité International de la Quatrième Internationale.

 (Article original paru le 8 août 2011)

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