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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les questions politiques de la grève dans l'entreprise Verizon

Par Joseph Kishore
20 août 2011

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Alors que la grève des 45.000 travailleurs chez Verizon [opérateur de téléphonie fixe et mobile] aux Etats-Unis entre dans sa deuxième semaine, le gouvernement intervient agressivement aux côtés de l’entreprise pour étouffer la résistance des travailleurs contre les exigences patronales de destruction des acquis[concernant la sécurité de l’emploi, la retraite et les soins de santé].

Le refus du syndicat AFL-CIO et de la direction des syndicats directement impliqués, le Communications Workers of America (CWA) et l’International Brotherhood of Electrical Workers (IBEW), de s'opposer aux activités de briseur de grève de Verizon qui sont soutenues par le gouvernement et de mobiliser un soutien plus vaste au sein de la classe ouvrière, met la grève en péril.

La police de New York City, dont des unités spéciales « anti-terrorisme », escorte les briseurs de grève pour traverser les piquets de grève et surveille les grévistes. Le FBI, une agence du ministère de la Justice d'Obama, a ouvert une enquête sur de fausses accusations de « sabotage » émanant de l’entreprise, et fait un lien entre la présumée violence des grévistes et le dixième anniversaire à venir des attentats terroristes du 11 septembre.

La police applique agressivement des injonctions judiciaires obtenues par Verizon dans plusieurs Etats pour limiter l’organisation de piquets de grève. Les travailleurs sont confinés à des zones grillagées loin des entrées des bâtiments dans le but de protéger les briseurs de grève et de contraindre les membres des piquets de grève à des protestations inoffensives. Huit travailleurs au moins ont déjà été arrêtés.

Cette violation du droit des travailleurs de faire grève tourne en dérision les prétentions du gouvernement américain de lutter pour la démocratie à travers le monde. Le terme « démocratie » est un slogan bien pratique pour dissimuler les objectifs des guerres impérialistes – inévitablement liés aux intérêts financiers des banques et des grands groupes américains – qui motivent les interventions américaines dans le monde entier. La véritable attitude du gouvernement Obama et des deux grands partis patronaux à l’égard des droits démocratiques est visible dans leur rejet de ces droits aux travailleurs qui s’opposent aux entreprises.

Renforcé par la couverture médiatique pro-patronale et l’appui du gouvernement, Verizon prend l'initiative. Lundi, l’entreprise a commencé à envoyer des lettres de licenciement aux grévistes qui, selon elle, auraient violé la loi. Entre-temps, la vraie violence est exercée par l’entreprise. En participant à des piquets de grève, des dizaines de travailleurs ont été blessés par des véhicules conduits par des cadres de l’entreprise, un fait qui n’est pas signalé dans la presse et qui est ignoré par le gouvernement.

Ces actions révèlent au grand jour le caractère de classe de l’Etat qui est essentiellement un instrument de l’élite patronale et financière. La crise financière qui a éclaté il y a près de trois ans et le chômage de masse qui s’en ait suivi ont servi à appliquer une vaste restructuration des rapports de classe. A présent, alors que les signes d’un nouveau ralentissement économique encore plus fort se multiplient, la classe dirigeante intensifie ses attaques – par le biais de réductions budgétaires massives au niveau fédéral, de l’Etat et au niveau local, et par les agissements d’entreprises comme Verizon. Si l’empressement de Verizon d’anéantir les retraites, les soins de santé et la sécurité de l’emploi réussit, ceci deviendra la nouvelle référence pour les travailleurs des autres industries.

La force de la classe dirigeante réside dans le fait qu’elle dispose d’une stratégie claire et d’institutions politiques pour les appliquer. Elle contrôle la police et les tribunaux. Les médias, qui sont à la botte des grandes entreprises, oeuvrent sans relâche pour dissimuler les crimes sociaux de la classe dirigeante et désinformer et désorienter la population en général.

La classe ouvrière est déterminée à lutter comme le montrent une fois de plus les travailleurs de chez Verizon. Toutefois, elle reste pieds et poings liés par le fait qu’elle ne dispose pas d’organisations de lutte propre ni de parti politique propre.

Le CWA et l’IBEW n’ont rien fait pour s’opposer aux activités de briseur de grève de l’entreprise. Le CWA a exigé que les travailleurs respectent toutes les injonctions anti-grève. Le syndicat a souligné sa volonté d’arrêter la grève sans accord et sans certitude que l’entreprise va retirer ses exigences. Il ne s’est borné qu’à réclamer de l’entreprise qu’elle « négocie de façon équitable. » La principale préoccupation de la direction syndicale est l’extension de sa base de cotisation, notamment parmi les travailleurs de l’opérateur de téléphonie sans fil Verizon, et elle est prête, comme elle l’a fait chez le géant de la téléphonie AT&T, à sacrifier les salaires et les avantages actuels des membres du syndicat comme prix à payer en échange de la conclusion d’un tel accord avec l’entreprise.

L’AFL-CIO a ignoré la grève. Il n’y a eu aucune action de solidarité. Rien n’a été fait pour mobiliser un soutien plus large.

La grève a été trahie afin de subordonner la classe ouvrière au Parti démocrate et au gouvernement Obama qui sont responsables du renflouement des banques, de la croissance énorme de l’inégalité sociale et de l’effondrement sans précédent du niveau de vie de la classe ouvrière. La dernière chose que les syndicats souhaitent c’est une victoire et ils sont foncièrement opposés aux mesures à prendre pour y parvenir.

Le rôle traître joué par les syndicats est la conséquence d’un long développement historique. Durant les 30 ans qui ont suivi le licenciement par Reagan des aiguilleurs du ciel du syndicat PATCO en août 1981, les syndicats ont supervisé une série ininterrompue de défaites. L’unification en 1995 de l’AFL et du CIO était elle-même fondée sur un pacte avec le capitalisme et ses représentants politiques, et avait été scellée par la purge des socialistes à l'intérieur des syndicats.

Au cours de ces dernières décennies, alors que la classe dirigeante est passée à l’offensive, les syndicats ont cherché à nier l’existence même de la classe ouvrière en tant que groupe social distinct. Ce faisant, la grève en tant que moyen de lutte des classes a pratiquement disparu.

Un avertissement clair doit être donné : si la grève continue sur la voie empruntée, elle conduira à la défaite. Verizon, avec le soutien de l’Etat et la collaboration des syndicats, réussira à isoler et à démoraliser les travailleurs qui dépendent de leurs maigres indemnités de grève. Cela ouvrira la voie à la capitulation des syndicats et à leur acceptation de toutes les  exigences de l'entreprise.

Une lutte victorieuse dépend de la mobilisation indépendante, par la grève et politique, de la classe ouvrière tout entière.

Le Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP) est le fer de lance de cette lutte. Nous appelons tous les travailleurs de chez Verizon à commencer à mettre sur pied des comités de base, qui sont indépendants des syndicats afin de résister sérieusement aux activités de briseur de grève de l’entreprise. Cela comprend l'organisation de piquets de grève de masse pour assurer la paralysie de l’entreprise et un appel immédiat lancé à tous les travailleurs de Verizon ainsi qu’aux travailleurs de l’automobile confrontés à de nouvelles exigences de concessions lors des négociations tarifaires, aux travailleurs de la poste, qui sont confrontés à la suppression d’un tiers des effectifs et à toutes les autres sections de la classe ouvrière. Une campagne doit être lancée contre toute tentative de harcèlement des travailleurs au moyen d’interpellation ou de licenciement et pour exiger des poursuites judiciaires contre tous ceux responsables d’avoir blessé des travailleurs sur le piquet de grève.

Le SEP fait campagne pour la mobilisation la plus large possible de la classe ouvrière. La lutte des travailleurs de chez Verizon doit être liée à la lutte contre les coupes budgétaires, aux luttes des enseignants et des étudiants contre l’assaut contre l’éducation publique ainsi qu’aux luttes de toutes les sections de la classe ouvrière contre le chômage de masse et l’inégalité sociale.

Les événements survenus cette année montrent que la question à laquelle sont confrontés les travailleurs de Verizon sont des questions internationales. Le soulèvement social en Egypte et au Moyen-Orient, l’opposition de masse contre l’austérité en Europe, la lutte contre les réductions budgétaires au Wisconsin et dans d’autres Etats américains, les émeutes de jeunes en Grande-Bretagne – tout ceci exprime, dans des formes diverses, l'intensification de la lutte des classes à l'échelle mondiale.

La question fondamentale est partout la même. On ne peut garantir les droits et les intérêts de la classe ouvrière en dehors d’une réorganisation fondamentale du pouvoir économique et d’une redistribution des richesses. Dans le programme du Socialist Equality Party on peut lire : « La vaste richesse créée par le travail de générations entières de travailleurs doit être retirée des mains de quelques privilégiés et mise à la disposition de l’ensemble de la population. Les travailleurs ne parviendront à rien s’ils cherchent à éviter un conflit direct avec le pouvoir économique et politique de la classe capitaliste. »

Ceci signifie la nationalisation des principales banques et entreprises, dont les télécommunications, en tant que base de la réorganisation socialiste de l’économie dans son ensemble, afin de satisfaire les besoins sociaux et non les profits privés.

Pour concrétiser ce programme, il faut construire un nouveau parti, un parti qui lutte pour l’unification de toutes les luttes de la classe ouvrière afin d’orienter les travailleur contre la cause fondamentale de leur exploitation : le système capitaliste. Nous invitons instamment tous les travailleurs qui souscrivent à cette perspective à rejoindre et à construire le Socialist Equality Party.

(Article original paru le 16 août 2011)

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