Le rapport américain sur l’emploi publié vendredi
documente la réalité de l’aggravation du chômage et le net ralentissement
de la « reprise » économique déjà anémique. Ceci a montré que loin
d’une reprise authentique, la classe ouvrière est confrontée à une
aggravation de la pire crise de l’emploi depuis la Grande dépression.
(Voir : « Disastrous US
jobs report points to deepening slump”).
Le ralentissement aux Etats-Unis fait partie d’un
phénomène international plus vaste. Les statistiques publiées au cours de la
semaine passée révèlent que le ralentissement dans la croissance manufacturière
est mondial et s’étend des Etats-Unis à la Chine en passant par
l’Europe. Les économies asiatiques qui avaient été les principaux moteurs
de la croissance économique mondiale après le krach de Wall Street de 2008,
sont en train de connaître un ralentissement.
Dans un éditorial bien sombre publié samedi et intitulé
« Pour faire face aux méfaits de la stagflation, » le Financial
Times a écrit : « Bien que la relance ait été bien plus lente que
lors des dernières récessions, elle est en train de se réduire. Ceci est
important aux Etats-Unis où… de nombreux indices pointent maintenant dans
la mauvaise direction : les salaires horaires moyens sont en baisse tout
comme le prix des maisons tandis que le chômage s’accélère… Les
dépenses des consommateurs et des entreprises sont en train de décélérer.
« Entre-temps, les choses sont tout aussi
décourageantes au Royaume-Uni. L'espoir que l’industrie manufacturière
contribuerait à générer un rebond dans le secteur privé s'est estompé cette
semaine avec la révélation que les carnets de commandes stagnent… »
Deux ans et neuf mois après l’effondrement financier
mondial et deux ans après la fin officielle de la récession américaine, la
réalité brutale à laquelle sont confrontés les travailleurs aux Etats-Unis et
partout dans le monde démontre que la récession économique actuelle n’est
pas simplement un déclin cyclique, mais bien plutôt un effondrement systémique
du système capitaliste mondial.
La réaction de l’élite capitaliste mondiale a été
d’utiliser la crise pour lancer une offensive contre-révolutionnaire à
l'encontre la classe ouvrière. Après avoir pillé le trésor public pour couvrir
les créances douteuses de l’aristocratie financière, les gouvernements se
saisissent des déficits budgétaires et de l’endettement des Etats comme prétexte
pour anéantir chaque réforme arrachée par les travailleurs à la classe
dirigeante au cours du siècle passé. Ces réductions, ajoutées au chômage de
masse, servent à priver les travailleurs de toute protection sociale. Le but
est de les rendre désespérés au point d’accepter des emplois qui les
maintiennent dans la pauvreté et des conditions de travail dignes des ateliers
de misère.
Cette politique a été démontrée la semaine passée par les
actions de Moddy’s, l’agence de notation financière américaine.
Mercredi, elle a annoncé qu’elle abaissait de trois crans sa notation des
obligations publiques grecques. Le lendemain elle mettait en garde
qu’elle pourrait dégrader le mois prochain sa notation de la dette
américaine si aucun accord n’était conclu d’ici là entre le
gouvernement Obama et les Républicain au Congrès pour réduire les dépenses
sociales à hauteur de plusieurs milliers de milliards de dollars dans le cadre
d’un accord pour relever les limites de la dette américaine. Dans les
deux cas, l’agence de notation intervenait au nom de Wall Street afin de
hausser le ton et d’exiger des mesures d’austérité brutales.
Il y a deux mois, la Sous-commission d’enquête
permanente du Sénat américaine (Senate Permanent Subcommittee on
Investigations) avait publié un volumineux rapport documentant le rôle
frauduleux et criminel joué, lors de la crise financière, par les banques, les
agences de régulation et les agences de notation Moody’s et Standard
& Poor’s. Le rapport – qui a été complètement ignoré par les
médias et l’establishment politique – laisse très clairement
supposer que Moody’s et Standard & Poor’s ont violé la loi et
ont escroqué les investisseurs en gonflant sciemment les notations de crédit
des créances hypothécaires titrisées.
Loin d’être rendues responsables pour leurs délits,
ces agences (ou les banques et les fonds spéculatifs avec lesquels elles
étaient de connivence) se trouvent en première ligne pour imposer le fardeau de
la crise sur le dos de la classe ouvrière.
Il y a d’innombrables indices de cas de détresse
sociale aux Etats-Unis – des niveaux record de chômage de longue durée,
des millions de saisies de maison, une augmentation de 70 pour cent des bons
d’alimentation (Food Stamp rolls) au cours des trois derniers mois, un
bond de plus de 20 pour cent du nombre de personnes enregistrées chez Medicaid,
programme de santé gouvernemental pour les pauvres. Mais la réponse de
l’élite politique américaine – du gouvernement Obama aux
gouvernements d’Etat et régionaux – est de réduire drastiquement
Medicaid, les bons d’alimentation, Medicare et tous les autres programmes
sociaux pour les travailleurs, les pauvres et les personnes âgées.
Malgré une augmentation à deux chiffres du chômage, cinq
Etats américains ont réduit la durée de paiement de l’assurance chômage
et d’autres pensent faire de même.
Ce qu’Obama appelle « création
d’emploi » est un euphémisme orwellien pour de nouvelles mesures
destinées à stimuler les profits du patronat aux dépens de la classe ouvrière
et de la société en général. La véritable politique du gouvernement est de
maintenir le chômage élevé afin de tirer les salaires vers le bas et
d’augmenter les profits des entreprises et les exportations américaines.
Son seul souci est d’empêcher un effondrement total de la consommation et
un nouvel effondrement financier.
C’est ce qu’a souligné vendredi la réaction du
gouvernement au rapport sur l’emploi. Obama n’a pas même mentionné
directement le rapport bien qu’il ait tenu vendredi un discours à
l’usine Chrysler de Toledo (Ohio) pour vanter le prétendu succès de son
sauvetage du secteur automobile aux dépens de la baisse des salaires.
Austan Goolsbee, président du Conseil des conseillers
économiques de la Maison Blanche (White House Council of Economic Advisers) a
qualifié le rapport d’un simple « petit accident de parcours ».
Il a insisté pour dire que seul le secteur privé peut créer des emplois en
réitérant la politique d’une nouvelle baisse d’impôts pour les
entreprises et d’un autre assouplissement des régulations des entreprises.
A la question de savoir si le rapport sur l’emploi était un « signal
d’alarme » qui ferait que l'on passe de la réduction budgétaire à la
création d’emplois, Goolsbee a déclaré « nous devons vivre selon nos
moyens » en disant « tout le monde est d’accord » avec
Moody’s que « l’on doit régler ses factures. »
Il y a suffisamment d’argent pour financer la
création d’emplois et l’aide aux chômeurs. Le soi-disant moteur de
la création d’emploi, le patronat américain, immobilise actuellement un
pécule de 2 milliers de milliards de dollars en liquide acquis grâce à des
profits record et à une hausse vertigineuse des cours des actions et réalisés
au moyen de réductions des salaires et de crédits accordés quasiment à taux
zéro par la Réserve fédérale (Federal Reserve Board). La rémunération des PDG
est une fois de plus en plein essor avec les chefs d’entreprises
empochant des millions par an et certains directeurs de fonds spéculatifs
engrangeant plusieurs milliards.
Le problème fondamental est la mainmise redoutable de
l’élite financière parasitaire sur les leviers de la vie économique
– aux Etats-Unis et internationalement. La lutte pour l’emploi est
inséparable de la mobilisation de la classe ouvrière pour la lutte pour le
pouvoir ouvrier et la transformation socialiste de la société.
Aux Etats-Unis, ceci signifie l’organisation
d’une opposition de masse de la classe ouvrière contre toutes les
réductions budgétaires et tous les licenciements ainsi qu’une lutte
contre le gouvernement Obama et les deux partis patronaux. Le Parti de
l’Egalité socialiste (SEP) souligne que le droit à un emploi sûr avec un
salaire qui permette de vivre est un droit fondamental pour tout le monde. Mais
ce droit ne peut être garanti qu’au travers d’une lutte de masse
sur la base d’un programme politique révolutionnaire visant à exproprier
les grands groupes et les banques pour les transformer en services publics
placés sous le contrôle démocratique des travailleurs.
Dans le cadre de cette lutte, nous appelons à un programme
massif de travaux publics afin de fournir des emplois et de reconstruire
l’infrastructure délabrée du pays. Nous appelons à revoir le système
fiscal pour imposer le fardeau aux grands groupes et aux riches et pour venir
en aide aux travailleurs. Une imposition d’à peine 10 pour cent des
riches qui n’est en soi pas une mesure socialiste mais plutôt une modeste
mesure démocratique rapporterait plus de 1,5 mille milliards d’euros.
Mais toute mesure de ce genre provoquerait une opposition féroce de la part de
l’ensemble de l’élite patronale et financière qui contrôle à la
fois le Parti démocrate et le Parti républicain.
La question cruciale est de construire le Parti de
l’Egalité socialiste comme nouvelle direction afin de fournir aux luttes
de masse naissantes de la classe ouvrière une perspective et un programme
révolutionnaires. Les jeunes et les travailleurs qui veulent lutter et qui
pensent qu’un changement fondamental est nécessaire doivent étudier le
programme (http://www.socialequality.com/program)
du SEP et prendre la décision d’adhérer à notre parti (http://www.socialequality.com/contact).