World Socialist Web Site www.wsws.org

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le rapport américain sur l’emploi

Par Barry Grey
13 juin 2011

Retour | Ecrivez à l'auteur

Le rapport américain sur l’emploi publié vendredi documente la réalité de l’aggravation du chômage et le net ralentissement de la « reprise » économique déjà anémique. Ceci a montré que loin d’une reprise authentique, la classe ouvrière est confrontée à une aggravation de la pire crise de l’emploi depuis la Grande dépression. (Voir : « Disastrous US jobs report points to deepening slump”).

Le ralentissement aux Etats-Unis fait partie d’un phénomène international plus vaste. Les statistiques publiées au cours de la semaine passée révèlent que le ralentissement dans la croissance manufacturière est mondial et s’étend des Etats-Unis à la Chine en passant par l’Europe. Les économies asiatiques qui avaient été les principaux moteurs de la croissance économique mondiale après le krach de Wall Street de 2008, sont en train de connaître un ralentissement.

Dans un éditorial bien sombre publié samedi et intitulé « Pour faire face aux méfaits de la stagflation, » le Financial Times a écrit : « Bien que la relance ait été bien plus lente que lors des dernières récessions, elle est en train de se réduire. Ceci est important aux Etats-Unis où… de nombreux indices pointent maintenant dans la mauvaise direction : les salaires horaires moyens sont en baisse tout comme le prix des maisons tandis que le chômage s’accélère… Les dépenses des consommateurs et des entreprises sont en train de décélérer.

 « Entre-temps, les choses sont tout aussi décourageantes au Royaume-Uni. L'espoir que l’industrie manufacturière contribuerait à générer un rebond dans le secteur privé s'est estompé cette semaine avec la révélation que les carnets de commandes stagnent… »

Deux ans et neuf mois après l’effondrement financier mondial et deux ans après la fin officielle de la récession américaine, la réalité brutale à laquelle sont confrontés les travailleurs aux Etats-Unis et partout dans le monde démontre que la récession économique actuelle n’est pas simplement un déclin cyclique, mais bien plutôt un effondrement systémique du système capitaliste mondial.

La réaction de l’élite capitaliste mondiale a été d’utiliser la crise pour lancer une offensive contre-révolutionnaire à l'encontre la classe ouvrière. Après avoir pillé le trésor public pour couvrir les créances douteuses de l’aristocratie financière, les gouvernements se saisissent des déficits budgétaires et de l’endettement des Etats comme prétexte pour anéantir chaque réforme arrachée par les travailleurs à la classe dirigeante au cours du siècle passé. Ces réductions, ajoutées au chômage de masse, servent à priver les travailleurs de toute protection sociale. Le but est de les rendre désespérés au point d’accepter des emplois qui  les maintiennent dans la pauvreté et des conditions de travail dignes des ateliers de misère.

Cette politique a été démontrée la semaine passée par les actions de Moddy’s, l’agence de notation financière américaine. Mercredi, elle a annoncé qu’elle abaissait de trois crans sa notation des obligations publiques grecques. Le lendemain elle mettait en garde qu’elle pourrait dégrader le mois prochain sa notation de la dette américaine si aucun accord n’était conclu d’ici là entre le gouvernement Obama et les Républicain au Congrès pour réduire les dépenses sociales à hauteur de plusieurs milliers de milliards de dollars dans le cadre d’un accord pour relever les limites de la dette américaine. Dans les deux cas, l’agence de notation intervenait au nom de Wall Street afin de hausser le ton et d’exiger des mesures d’austérité  brutales.

Il y a deux mois, la Sous-commission d’enquête permanente du Sénat américaine (Senate Permanent Subcommittee on Investigations) avait publié un volumineux rapport documentant le rôle frauduleux et criminel joué, lors de la crise financière, par les banques, les agences de régulation et les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s. Le rapport – qui a été complètement ignoré par les médias et l’establishment politique – laisse très clairement supposer que Moody’s et Standard & Poor’s ont violé la loi et ont escroqué les investisseurs en gonflant sciemment les notations de crédit des créances hypothécaires titrisées.

Loin d’être rendues responsables pour leurs délits, ces agences (ou les banques et les fonds spéculatifs avec lesquels elles étaient de connivence) se trouvent en première ligne pour imposer le fardeau de la crise sur le dos de la classe ouvrière.

Il y a d’innombrables indices de cas de détresse sociale aux Etats-Unis – des niveaux record de chômage de longue durée, des millions de saisies de maison, une augmentation de 70 pour cent des bons d’alimentation (Food Stamp rolls) au cours des trois derniers mois, un bond de plus de 20 pour cent du nombre de personnes enregistrées chez Medicaid, programme de santé gouvernemental pour les pauvres. Mais la réponse de l’élite politique américaine – du gouvernement Obama aux gouvernements d’Etat et régionaux – est de réduire drastiquement Medicaid, les bons d’alimentation, Medicare et tous les autres programmes sociaux pour les travailleurs, les pauvres et les personnes âgées.

Malgré une augmentation à deux chiffres du chômage, cinq Etats américains ont réduit la durée de paiement de l’assurance chômage et d’autres pensent faire de même.

Ce qu’Obama appelle « création d’emploi » est un euphémisme orwellien pour de nouvelles mesures destinées à stimuler les profits du patronat aux dépens de la classe ouvrière et de la société en général. La véritable politique du gouvernement est de maintenir le chômage élevé afin de tirer les salaires vers le bas et d’augmenter les profits des entreprises et les exportations américaines. Son seul souci est d’empêcher un effondrement total de la consommation et un nouvel effondrement financier.

C’est ce qu’a souligné vendredi la réaction du gouvernement au rapport sur l’emploi. Obama n’a pas même mentionné directement le rapport bien qu’il ait tenu vendredi un discours à l’usine Chrysler de Toledo (Ohio) pour vanter le prétendu succès de son sauvetage du secteur automobile aux dépens de la baisse des salaires.

Austan Goolsbee, président du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche (White House Council of Economic Advisers) a qualifié le rapport d’un simple « petit accident de parcours ». Il a insisté pour dire que seul le secteur privé peut créer des emplois en réitérant la politique d’une nouvelle baisse d’impôts pour les entreprises et d’un autre assouplissement des régulations des entreprises. A la question de savoir si le rapport sur l’emploi était un « signal d’alarme » qui ferait que l'on passe de la réduction budgétaire à la création d’emplois, Goolsbee a déclaré « nous devons vivre selon nos moyens » en disant « tout le monde est d’accord » avec Moody’s que « l’on doit régler ses factures. »

Il y a suffisamment d’argent pour financer la création d’emplois et l’aide aux chômeurs. Le soi-disant moteur de la création d’emploi, le patronat américain, immobilise actuellement un pécule de 2 milliers de milliards de dollars en liquide acquis grâce à des profits record et à une hausse vertigineuse des cours des actions et réalisés au moyen de réductions des salaires et de crédits accordés quasiment à taux zéro par la Réserve fédérale (Federal Reserve Board). La rémunération des PDG est une fois de plus en plein essor avec les chefs d’entreprises empochant des millions par an et certains directeurs de fonds spéculatifs engrangeant plusieurs milliards.

Le problème fondamental est la mainmise redoutable de l’élite financière parasitaire sur les leviers de la vie économique – aux Etats-Unis et internationalement. La lutte pour l’emploi est inséparable de la mobilisation de la classe ouvrière pour la lutte pour le pouvoir ouvrier et la transformation socialiste de la société.

Aux Etats-Unis, ceci signifie l’organisation d’une opposition de masse de la classe ouvrière contre toutes les réductions budgétaires et tous les licenciements ainsi qu’une lutte contre le gouvernement Obama et les deux partis patronaux. Le Parti de l’Egalité socialiste (SEP) souligne que le droit à un emploi sûr avec un salaire qui permette de vivre est un droit fondamental pour tout le monde. Mais ce droit ne peut être garanti qu’au travers d’une lutte de masse sur la base d’un programme politique révolutionnaire visant à exproprier les grands groupes et les banques pour les transformer en services publics placés sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Dans le cadre de cette lutte, nous appelons à un programme massif de travaux publics afin de fournir des emplois et de reconstruire l’infrastructure délabrée du pays. Nous appelons à revoir le système fiscal pour imposer le fardeau aux grands groupes et aux riches et pour venir en aide aux travailleurs. Une imposition d’à peine 10 pour cent des riches qui n’est en soi pas une mesure socialiste mais plutôt une modeste mesure démocratique rapporterait plus de 1,5 mille milliards d’euros. Mais toute mesure de ce genre provoquerait une opposition féroce de la part de l’ensemble de l’élite patronale et financière qui contrôle à la fois le Parti démocrate et le Parti républicain.

La question cruciale est de construire le Parti de l’Egalité socialiste comme nouvelle direction afin de fournir aux luttes de masse naissantes de la classe ouvrière une perspective et un programme révolutionnaires. Les jeunes et les travailleurs qui veulent lutter et qui pensent qu’un changement fondamental est nécessaire doivent étudier le programme (http://www.socialequality.com/program) du SEP et prendre la décision d’adhérer à notre parti (http://www.socialequality.com/contact).

(Article original paru le 6 juin 2011)

Untitled Document


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés