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Un dispositif de sécurité exceptionnel en préparation pour la réunion du G8 en France

Par Antoine Lerougetel
26 mai 2011

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Le gouvernement français va mobiliser plus de 12.000 policiers, gendarmes et militaires pour protéger les dirigeants des huit pays industrialisés les plus riches (les Etats-Unis, le Japon, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, le Canada et la Russie) qui vont se rencontrer jeudi et vendredi à Deauville, station balnéaire chic de Normandie.

La France détient la présidence tournante du Groupe des Huit et va accueillir les dirigeants du G8, neuf autres chefs d'Etat et leur délégation, soit au total près de 8.000 participants. De grandes manifestations contre ce sommet sont attendues.

Les dirigeants des principaux gouvernements capitalistes craignent et détestent les masses. Ils sont complètement aliénés de la vie et des besoins de la population. Cette attitude s'exprime dans la mise en place d'un dispositif de sécurité exceptionnel à Deauville. Une équipe de forces spéciales d'élite est en alerte. L'armée dispose d'un poste de commandement sur une colline surplombant la ville et la police va patrouiller à cheval et en VTT (vélos tout terrain) les collines entourant la ville. L’accès aux résidents s’effectuera sur présentation d’un badge délivré par le commissariat de Deauville.

Les passagers voyageant dans des trains au départ de la gare St Lazare à Paris seront contrôlés. On a recours à tous types de surveillance et de défense aérienne; Une zone interdite de survol dans la région de Deauville a été créée à titre temporaire et une zone d'exclusion maritime. Deux zones de sécurité sont prévues qui couvrent quasiment la ville tout entière. Ne pourront y pénétrer que les participants au sommet, les journalistes, les résidents et les travailleurs. L'aéroport de Deauville Saint-Gatien et les ports de Deauville et Trouville-sur-Mer resteront fermés durant les deux jours du sommet.

Un reportage de Reuters dit, «Le président français Nicolas Sarkozy avait promis de faire baisser la facture du dispositif de sécurité pour ce sommet après que les autorités canadiennes eurent été critiquées pour avoir dépensé plus d'un milliard de dollars canadiens lors des sommets du G8 et du G20 de l'année dernière. Mais la combinaison d'une cote de popularité en berne pour Sarkozy et les craintes d'attaques pour venger la mort d'Oussama Ben Laden signifient que les services de sécurité ne veulent prendre aucun risque. »

Ce sommet est le premier depuis le début du soulèvement révolutionnaire des jeunes et des travailleurs contre la pauvreté et l'oppression, qui a renversé les dictateurs tunisien et égyptien Ben Ali et Hosni Mubarack et s'est propagé à l'ensemble du monde arabe et a, depuis le 15 mai, traversé la Méditerranée pour atteindre l'Espagne.

La réaction des grandes puissances au soulèvement arabe, la guerre de l'OTAN en Libye, la guerre en Afghanistan et le remplacement de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI devraient être les sujets de discussions de ces deux journées.

Le 3 mai, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a annoncé à l'Assemblée nationale que le président Nicolas Sarkozy avait adressé une invitation spéciale à la Tunisie et à l'Egypte afin que le G8 puisse concevoir « des plans   d'action » qui les aideraient à «faire face à leurs difficultés économiques. »

Il a présenté le programme contre-révolutionnaire de l'impérialisme français et mondial, affirmant que le meilleur moyen de s'attaquer à « l'extrémisme » était d'aider ceux qui aspirent à la liberté à faire une transition réussie vers la démocratie. Il a aussi promis d'aider la bourgeoisie nationale et l'appareil d'Etat de ces pays à maintenir le statu quo. Il a déclaré, «Si nous laissons ces nations s’enfoncer dans ces difficultés, la transition politique sera menacée.»

Etant donné le lieu de la rencontre et la participation des quatre plus grands pays de l'Union européenne, il ne fait pas de doute que les dirigeants discuteront de la crise grandissante de l'euro, de la menace de défaut de paiement de la dette souveraine et des mesures d'austérité visant à faire payer par la classe ouvrière le remboursement aux banques. Ce sont ces questions qui provoquent la résistance de masse en Grèce, au Portugal et maintenant en Espagne.

Les pays du G8 sont tous actuellement directement impliqués ou soutiennent à divers degrés les guerres néo-coloniales et les interventions armées en Irak, Afghanistan, Côte d'Ivoire et Libye.

Sarkozy utilise la présidence du G8 pour parader en chef d'Etat mondial et pour faire remonter sa cote de popularité qui est au plus bas autour de 20 pour cent, niveau historiquement le plus bas pour un président français moderne. Dans son discours de lundi à la conférence du G20 sur «le renforcement de la dimension sociale de la mondialisation » il a attaqué le « fonctionnement anarchique des marchés financiers » et a appelé à une «réglementation » tout en défendant l'économie libérale et la compétition, affirmant que cela pouvait conduire au « progrès social. » Il a aussi parallèlement exprimé son inquiétude quant à la situation sociale qui «risque de devenir absolument incontrôlable. »

Sarkozy et la bourgeoisie française, tout comme leurs homologues dans le monde entier, comptent sur les services de la social-démocratie et des syndicats pour défendre le patronat et l'Etat bourgeois. C'est ainsi que Sarkozy a fait passer les coupes sociales dans les retraites l'année dernière.

Cette collaboration est soulignée par le rôle joué par le Fonds monétaire international dont le président durant ces trois dernières années (et qui avait été proposé à ce poste par Sarkozy) était le ténor social-démocrate français Strauss-Kahn.

La secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry soutient la ministre de l'Economie de Sarkozy Christine Lagarde pour remplacer Strauss-Kahn, contraint de démissionner de son poste de président du FMI. Lagarde a joué un rôle important dans la mise en place des mesures d'austérité qui ont provoqué des grèves et manifestations de plus de trois millions de travailleurs français l'an dernier.

Sarkozy se sert aussi du sommet pour cultiver des relations avec les larbins de l'impérialisme français en Afrique de l'Ouest. Il a invité les présidents récemment élus Alassane Ouattara, Alpha Condé et Mahamadou Issoufou, respectivement de Côte d'Ivoire, de Guinée et du Niger, anciennes colonies françaises, en qualité d'invités exceptionnels.

L'Elysée a dit que ces invitations étaient une récompense pour ces trois dirigeants qui sont arrivés au pouvoir par des «parcours démocratiques exemplaires.»En fait, Ouattara n'a réussi à accéder à la présidence de la côte d'Ivoire que grâce à l'aide militaire décisive de la France et des Nations-Unies. Son prédécesseur Laurent Gbagbo avait été arrêté par l'armée française le 11 avril à Abidjan.

Ces invitations font partie des efforts de l'impérialisme français pour maintenir son influence dans ses anciennes colonies face à la rivalité des grandes puissances, et tout spécialement de la Chine, dans cette ruée actuelle sur l'Afrique et ses ressources.

 

(Article original paru le 25 mai 2011)

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