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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Dans l’Etat du Wisconsin, une guerre menée par un des camps seulement

Par Patrick Martin
9 mars 2011

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Deux incidents liés aux protestations de masse en cours au Wisconsin soulignent l’irresponsabilité totale de la classe dirigeante dans sa détermination à détériorer les conditions de vie des travailleurs non seulement dans cet Etat mais partout aux Etats-Unis.

Jeff Cox, le procureur général adjoint républicain de l’Indiana a dit dernièrement au magazine libéral Mother Jones qu’il préconisait « des balles réelles » en guise de réponse aux protestations se déroulant au Wisconsin. Il a qualifié les travailleurs qui protestaient contre la réduction de leurs prestations sociales et les attaques contre leurs droits démocratiques d’« ennemis politiques » et de « voyous » déclarant, « Vous avez sacrément raison, je préconise le recours à une force entrainant la mort. » Cox, qui avait été procureur général pendant huit ans, a dû quitter mercredi ses fonctions après la publication de cet échange de propos par le magazine.

Le bloggeur d’un site pro-syndical de Buffalo, dans l’Etat de New York, avait contacté mardi le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, en se faisant passer pour le milliardaire David Koch, l’un des principaux appuis du patronat anti-syndicat et du mouvement ultra droitier Tea Party. Le bloggeur, Ian Murphy, a enregistré l’appel et en a publié mercredi la retranscription.

Durant la conversation qui a duré 20 minutes, Murphy a entendu de la part du gouverneur républicain une série de remarques provocatrices. Walker a suggéré que des accusations de crimes pourraient être fabriquées à l’encontre de sénateurs du Parti démocrate qui avaient entravé le vote de sa loi antisyndicale en fuyant l’Etat fédéral, et a offert de négocier avec ses adversaires au moyen d’une batte de baseball et discuta le pour et le contre d’« infiltrer quelques trublions » dans la foule des manifestants devant le capitole de l’Etat.

Le paragraphe le plus remarquable – et dont la diffusion a été bien moindre – de la discussion de Walker avec le faux Koch se trouvait à la fin, où il fait état d’une conversation qui avait eu lieu le 6 février avec son cabinet. Walker a rappelé le 100ème anniversaire de Ronald Reagan, et a cité « l’un des moments les plus décisifs de sa carrière politique et pas seulement de sa présidence, lorsqu’il avait licencié les contrôleurs aériens. » La confrontation à venir au Wisconsin « c’est notre moment de changer le cours de l’histoire, » a dit Walker à son cabinet.

Ces deux comptes rendus donnent un aperçu de la réalité politique qui est normalement dissimulée par les médias américains – l’irresponsabilité et la brutalité, pas seulement de deux individus mais d’une classe sociale entière. Cox et Walker ne parlaient pas simplement pour eux-mêmes, mais pour l’élite financière privilégiée qui est prête à recourir à la violence pour arriver à ses fins. Ce genre de langage est identique à celui qu’aurait employé Moubarak en Egypte ou Kadhafi en Libye au moment de préparer leur brutale répression.

Walker et Cie considèrent les attaques contre les employés de l’Etat, non pas comme une série d’épisodes isolés mais comme faisant partie d’une lutte plus générale pour écraser la classe ouvrière et pour faire reculer l’horloge de décennies en arrière en termes de ses droits sociaux. Cette attaque est lancée dans tous les Etats du pays, ainsi que par le gouvernement fédéral, et ce tout autant sous la direction du Parti démocratique que du Parti républicain.

Les travailleurs doivent comprendre la nature du conflit dans lequel ils se trouvent. Ils sont confrontés à une élite dirigeante qui leur a déclaré la guerre. Alors que la classe dirigeante est politiquement mobilisée avec deux partis agissant sciemment pour atteindre leurs objectifs, les travailleurs doivent encore construire des organisations de masse capables de contrer cette attaque en mettant en avant les intérêts de la vaste majorité de la population.

Les syndicats américains sont incapables de se défendre eux-mêmes, sans parler de la classe ouvrière. Au Wisconsin, les responsables des employés du public et des syndicats des enseignants embrassent ouvertement toutes les coupes exigées par Walker sur les salaires des travailleurs, leurs prestations sociales et leurs droits sur le lieu de travail. S’ils renâclent ce n’est que devant les exigences – comme celle de mettre un terme au système du prélèvement sur salaire des cotisations syndicales et à la reconnaissance automatique des syndicats – qui menacent leurs propres revenus.

Des décennies de collaboration entre le patronat et les syndicats, d’anti-communisme et de déni de la lutte de classe – durant lesquelles le terme même de « classe ouvrière » était prohibé et remplacé par « classe moyenne » – ont coupé les intérêts des syndicats de ceux de la classe ouvrière.

Alors que l’élite dirigeante mène une lutte impitoyable pour défendre sa richesse mal- acquise, les syndicats sont irrévocablement hostiles à la lutte socialiste basée sur l’expropriation de l’aristocratie financière et l’arrivée au pouvoir de la classe ouvrière.

Au lieu de cela, ils enchaînent la classe ouvrière politiquement au Parti démocrate, un parti du patronat dont les représentants défendent les profits des groupes géants et la richesse des ultra riches tout comme le font les Républicains. Dans un Etat après l’autre, les gouverneurs démocrates exigent des employés du secteur public les mêmes ‘concessions’ que Walker, à la différence qu’ils préfèrent recourir aux syndicats pour les extraire des travailleurs.

En effet, le gouvernement Obama est l’un des principaux agents de la guerre menée par l’aristocratie financière contre les travailleurs. Alors que son gouvernement alloue des milliers de milliards au sauvetage des banques et aux primes des directeurs des groupes cotés à Wall Street, il refuse catégoriquement d’aider des Etats et des gouvernements locaux en faillite. Il impose aussi un gel des salaires des travailleurs fédéraux tout en préparant des coupes budgétaires de centaines de milliards de dollars et qui toucheront surtout la population laborieuse.

Trois ans après la plus grande crise du système capitaliste depuis la Grande dépression, le système politique américain a révélé de la façon la plus insolente possible son caractère de classe. Les Démocrates et les Républicains sauvent les milliardaires et les grands groupes tout en diabolisant les enseignants et les balayeurs de rue comme étant « surpayés » et « privilégiés. »

Pour des millions de travailleurs, les événements du Wisconsin constituent un réveil. La classe ouvrière doit reconnaître – comme le font certainement ses ennemis – qu’elle est confrontée à une lutte considérable et prolongée. Les conflits du Wisconsin, et ceux ayant lieu dans d’autres Etats et villes à travers le pays, ne sont pas des événements séparés et isolés les uns des autres, mais font partie d’une guerre soutenue des classes.

Pour prévaloir dans cette lutte, la classe ouvrière requiert une nouvelle perspective politique et de nouvelles organisations de lutte. Les travailleurs doivent entreprendre consciemment la lutte contre le système capitaliste. Ils doivent répondre aux affirmations qu’il n’y a « pas d’argent » pour les besoins sociaux essentiels tels l’éducation, le logement et les soins de santé en revendiquant la confiscation de la richesse des milliardaires et la transformation des grands groupes en entreprises de propriété publique.

Ceci signifie une rupture politique avec les Partis démocrate et républicain et la construction du Parti de l’Egalité socialiste en tant que parti de masse luttant pour le socialisme et l’internationalisme au sein de la classe ouvrière.

 (Article original paru le 25 février 2011)

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