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  WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Beijing envisage de réagir à l’offensive diplomatique américaine

Par John Chan
29 novembre 2011

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L’offensive diplomatique en Asie du président américain Barack Obama, qui a été affichée de manière très claire durant son voyage de la semaine passée, a obligé l’élite dirigeante chinoise à reconsidérer sa position économique et stratégique en Asie-Pacifique. Ce qui c’était passé tout spécialement au sommet de l’Asie orientale à Bali a été un coup majeur porté contre les efforts diplomatiques entrepris par la Chine au cours de la dernière décennie durant laquelle elle a dépensé des sommes considérables en prêts et en aide accordés tout autant à l’Asie qu’à l’Afrique et à d’autres pays.

Lors du sommet de l’APEC à Honolulu, Obama a recueilli un large appui pour l’établissement d’une zone de libre-échange de partenariat transpacifique (TPP) visant à contraindre la Chine à accepter les conditions commerciales américaines. A Canberra, il a conclu des accords pour le déploiement de troupes américaines dans le Nord de l’Australie. Au sommet de Bali, le premier ministre chinois Wen Jiabao a été isolé et incapable d’empêcher qu’ait lieu une discussion sur la question des eaux contestées de la Mer de Chine méridionale initiée sur l’insistance d’Obama.

Beijing a été rabroué alors même que le commerce de la Chine avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) atteignait 292 milliards de dollars en 2010 – éclipsant le commerce entre les Etats-Unis et l’ASEAN à hauteur de 178 milliards de dollars. Selon Wen, le commerce entre la Chine et l’ASEAN était escompté atteindre le chiffre de 400 milliards de dollars cette année. Les événements à Bali ont remis en question l'hypothèse antérieure de Beijing selon laquelle son influence politique grandirait parallèlement à l’essor de ses relations économiques.

Le cas le plus frappant est celui des Philippines. Le président Benigno Aquino III a rendu visite à la Chine en août et obtenu des accords d’investissement s’élevant à plusieurs milliards de dollars, dont l’établissement d’usines. Toutefois, le même Aquino est en train de tisser des liens militaires plus étroits avec les Etats-Unis et mène l’offensive contre la Chine dans la Mer de Chine méridionale. Il a invité des grands groupes occidentaux à exploiter les ressources énergétiques qui existent dans les zones maritimes contestées.

Le soutien pour le TPP à Bali, y compris de la part du Japon, a été un revers pour les projets de Beijing de créer un bloc commercial basé sur l’ASEAN Plus trois (Chine, Japon et Corée du Sud). Un commentaire paru lundi dans le People’s Daily a exprimé la colère de Beijing : « Si les pays asiatiques ne coopèrent pas plus étroitement en réduisant leur dépendance excessive de l’économie occidentale, l’Asie deviendra une « région inondée » chaque fois que se produira une tempête financière. »

La débâcle de Beijing à Bali doit nécessairement obliger le Parti communiste chinois (PCC) à reconsidérer sa doctrine actuelle sur la « montée pacifique » de la Chine qui avait été associée avec la mise en place du président Hu Jintao en 2002-03. La « montée pacifique » de la Chine au cours de la dernière décennie avait été rendue possible parce que le gouvernement Bush, qui avait adopté initialement une ligne dure à l’égard de la Chine, s’était engagé dans la « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan et en Irak. Alors que Washington s’enlisait dans ces deux guerres, Beijing élargissait ses liens économiques et son influence diplomatique en Asie et internationalement.

La doctrine de la « montée pacifique » fait toutefois l’objet de critiques croissantes à Beijing en raison du « basculement » agressif d’Obama loin du Moyen-Orient pour affronter la Chine sur chaque question – d’une monnaie chinoise soi-disant sous-évaluée, à la soi-disant obstruction à la « liberté de navigation » dans la Mer de Chine méridionale.

La discussion a commencé en début d’année après les premiers bombardements de la Libye par l’OTAN et qui mettaient en danger des dizaines de milliards de dollars d’investissement chinois. En plus de la poursuite de son programme en Afrique du Nord, le gouvernement Obama a utilisé la guerre en Libye pour donner une leçon à la Chine : à savoir que la puissance militaire américaine pouvait rapidement être déployée en Afrique et dans d’autres parties du monde afin de miner le pouvoir économique de la Chine. Certaine sections de l’élite dirigeante chinoise ont exigé un renforcement militaire pour contrer les Etats-Unis.

A Beijing, les querelles de factions sur la question de la « guerre » ou de la « paix » ont ressurgi au sujet de la Mer de Chine méridionale – une région à proximité de la Chine et particulièrement importante au point de vue économique et stratégique.

La position de la faction pour la « paix » a été démontrée en juin par un commentaire fait par Wu Jiangmin, président de l’Institut de recherche des relations internationales de Shanghaï. Il a suggéré que la « retenue » du gouvernement chinois au sujet des eaux contestées était « une expression de confiance en soi. » Il s’est opposé aux appels à recourir à la force pour régler les différends territoriaux en affirmant que compte tenu de la croissance rapide du commerce dans la région, il y avait entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est « davantage d’intérêts communs » que de conflits. De plus, a-t-il insisté, la Chine devait maintenir un environnement pacifique pendant les 30 ou 50 prochaines années avant de pouvoir apparaître comme une puissance entièrement modernisée.

Wu a exprimé des vues présentes au sein de l’élite capitaliste et de la bureaucratie syndicale chinoises, notamment parmi ceux dont les fortunes dépendent de la Chine agissant comme le principal centre régional de fabrication dont les pièces, les matières premières et les biens d’investissement proviennent de l’ensemble de l’Asie. Ces éléments craignent qu’une confrontation ouverte avec l’Amérique puissent avoir de sérieuses répercussions économiques sur la Chine.

Dans le camp adverse se trouvait Long Tao, un analyste stratégique auprès du Comité du fonds de l’énergie chinoise, qui a appelé Beijing à donner une leçon aux Philippines, en suivant l’exemple de la guerre en 2008 de la Russie contre la Géorgie soutenue par les Etats-Unis. « Le coup décisif de la Russie dans la question de la Mer caspienne en 2008 avait montré que des actions venant de pays plus grands peuvent causer une onde de choc pendant un petit moment mais fournissent à sa région une paix à long terme, » a-t-il écrit.

Ceux qui se prononcent en faveur d’une défense agressive des intérêts commerciaux et géostratégiques de la Chine reflètent la frustration existant au sein de l’élite capitaliste du pays au sujet d’un manque de statut de la Chine dans l’ordre de la zone Asie-Pacifique né de la domination des Etats-Unis de l’après-Deuxième guerre mondiale. Ils sont tout à fait conscients que les décisions des Etats-Unis de renforcer les relations militaires en Asie du Sud-Est et en Australie visent à améliorer leur contrôle des voies de navigation clé dont la Chine dépend pour ses vastes importations d’énergie et de matières premières en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique.

Comme le faisait remarquer un article paru le 22 novembre dans le World News Journal chinois: « Le but de l’ingérence de l’armée américaine dans la Mer de Chine du Sud est d’asseoir le contrôle américain sur ce passage en or. Pour la Chine, le détroit de Malacca est sa planche de salut pour l’approvisionnement pétrolier. Darwin est tout proche à la fois du détroit de Malacca et des lignes de navigation internationales dans l’Océan indien. Le déploiement américain de l’armée ici cherche indubitablement à établir une mainmise sur le point de passage des voies maritimes pour l’approvisionnement en énergie de la Chine. »

L’avancée d’Obama en Asie consolide la faction pro « guerre » à Beijing. Song Xiaojun, figure nationaliste éminente et analyste stratégique, a déclaré que parce que l’Australie s’était alignée sur les Etats-Unis plutôt que sur la Chine, Beijing devrait pointer ses missiles nucléaires stratégiques sur l’Australie. Un autre analyste militaire influent Ma Dingsheng a affirmé sur la chaîne de télévision Phoenix, émettant à Hong Kong, que compte tenu du commerce florissant entre l’Australie et la Chine « il vaudrait mieux garder l’Australie hors de portée de la guerre. » Toutefois, parce que « l’Australie joue un rôle dans l’approvisionnement des ports et des bases aériennes [des Etats-Unis], le pays est à présent un nid qui doit être ciblé. »

Quant aux Philippines, un article paru dans le Global Times, journal chinois belliqueux et appartenant à l’Etat, a appelé la semaine dernière à ce que le pays soit puni économiquement afin d’empêcher qu’un autre pays ne s’inspire des Philippines contre la Chine. » L’article propose de reporter les accords d’investissement chinois conclus avec les Philippines, de réduire les importations en provenance du pays et d’imposer un boycott des voyages en provenance et à destination de ce pays. Le journal a appelé à une guerre contre les Philippines en cas de besoin dans le but de « choquer » les pays voisins.

Ces discussions qui ont lieu au sein des cercles dirigeants chinois soulignent l’irresponsabilité de la tentative du gouvernement Obama de réaffirmer la domination américaine en Asie. Elle place la région et le monde dans une voie dangereuse menant à la confrontation et à la guerre.

(Article original paru le 25 novembre 2011)

 

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