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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

La révolution égyptienne s'en prend à l'armée

Par Johannes Stern
1 décembre 2011

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L'année 2011 a commencé avec de puissantes luttes des travailleurs et des jeunes en Afrique du Nord contre de vieux dictateurs alliés des États-Unis. Ces luttes ont culminé avec la démission forcée d'Hosni Moubarak en Égypte le 11 février. Alors que l'année tire à sa fin, une nouvelle vague de manifestations, dirigées contre le gouvernement militaire qui l'a remplacé, secoue l'Égypte.

Le regain révolutionnaire est la position de la classe ouvrière sur l'idée que l'armée égyptienne prétend mener une « transition démocratique ». Les manifestations à travers le pays contre la junte militaire, encore appuyée à coup de milliards de dollars par l'impérialisme américain, ont dû faire face à une répression brutale par l'État, qui a déjà tué des douzaines de personnes et blessé des milliers d'autres.

Les masses ont répliqué aux tentatives de promouvoir les élections, qui doivent être tenues sous le contrôle de la junte, en scandant : « À bas, à bas le gouvernement militaire ! » Lorsque la junte a choisi un nouveau premier ministre, Kamal El-Ghanzouri – qui a servi comme premier ministre sous Moubarak de 1996 à 1999 – afin de former un nouveau gouvernement jeudi, les manifestants l'ont immédiatement rejeté.

Par ces énormes luttes, les travailleurs et les jeunes ont montré clairement qu'ils rejettent la « transition démocratique » de la junte comme une tromperie. Ils sentent que des élections orchestrées par l'armée qui dirige avec des lois d'urgence n'ont rien à voir avec la démocratie. De telles élections ne produiraient qu'une législature contrôlée par la junte et ses défenseurs impérialistes, qui tenteraient de donner une fausse légitimité parlementaire à une future répression et aux politiques de droite des vieux complices de Moubarak.

Au moment où l'armée fait face à une opposition de masse, différentes forces politiques tentent d'offrir leurs services pour préserver le statu quo. Certains groupes de jeunes et des mouvements autoproclamés révolutionnaires affirment qu'un gouvernement de « salut national » dirigé par le politicien libéral Mohamed El Baradei serait différent. C'est un mensonge. Un gouvernement d'El Baradei installé par la junte ne serait qu'un autre régime fantoche destiné à défendre les intérêts de la classe dirigeante égyptienne et de l'impérialisme américain.

Dimanche, El Baradei et l'ancien dirigeant de la Ligue arabe, Amr Moussa, ont rencontré le chef de la junte, le maréchal Mohamed Hussein Tantawi. Tantawi leur a dit de soutenir le premier ministre Ghanzouri, les informant que l'armée ne fléchirait pas devant la pression ou ne diminuerait pas ses pouvoirs dans une nouvelle constitution.

Le regain dans les manifestations de masse a mis à nu l'énorme gouffre entre la classe ouvrière et tout l'establishment politique, qui a tenté de cultiver des illusions sur les prétendues réformes de la junte. Les manifestants n'ont laissé aucun parti politique s'établir sur la place Tahrir vendredi, car ceux-ci sont largement vus comme étant les instruments de la junte.

Les manifestations ont donné un dur coup aux Frères musulmans (FM), un groupe islamiste, qui ont tenté de profiter des désillusions populaires envers les partis de « gauche » de la classe moyenne, qui ont soutenu la junte, afin de remporter les élections aujourd'hui et de s'installer au pouvoir. Les FM ont même publiquement critiqué les manifestations anti-junte. Maintenant, ils sont reconnus comme étant une force contre-révolutionnaire liée aux États-Unis. Le dirigeant des Frères musulmans, Mohamed El Beltagi, a été expulsé de la place Tahrir par les manifestants lundi.

Un appui a été donné à la junte grâce au rôle central joué par divers groupes petits-bourgeois de la fausse gauche comme les socialistes révolutionnaires (SR), l'Alliance populaire socialiste (APS) et le Parti socialiste égyptien (PSE). Ceux-ci ont avancé que l'on pouvait faire pression sur les généraux de Moubarak, et satisfaire les demandes de la révolution égyptienne, en construisant des syndicats « indépendants » et en collaborant avec des forces procapitalistes : les islamistes, El Baradei et la junte elle-même.

Leur perspective a été résumée par un membre des SR, Moustafa Omar, dans un article paru le 31 mai, qui soutenait que « malgré ses mesures répressives, le Conseil suprême [des forces armées, c'est-à-dire la junte] comprend que le soulèvement du 25 janvier a en quelque sorte changé l'Égypte une bonne fois pour toutes… Le Conseil vise à réformer le système politique et économique, afin qu'il puisse devenir plus démocratique et moins oppressif .»

Après dix mois de dictature militaire, de répression meurtrière et l'emprisonnement de plus de 12 000 jeunes et travailleurs, la faillite de cette perspective est démontrée par les luttes de classe en Égypte. Des forces comme les SR, l'APS et le PSE ne représentent pas les travailleurs, mais une petite section de la classe moyenne aisée étroitement liée au pouvoir bourgeois, à l'armée et à leurs alliés impérialistes.

Dans une déclaration faite dimanche, l'alliance électorale de « La révolution continue » – qui inclut l'APS, le PSE ainsi que des groupes libéraux et islamistes – a annoncé sa participation aux élections, célébrant celle-ci comme un pas important vers la démocratie. Elle a aussi fait une déclaration avec l'alliance électorale du Bloc égyptien appuyant la formation d'un gouvernement de « salut national ».

L'émergence de la classe ouvrière dans une lutte directe contre de telles promesses d'une « transition démocratique » est d'une énorme importance politique. La logique de ces luttes ne vise pas la réforme du gouvernement militaire, mais bien son renversement. Cependant, le problème fondamental de programme et de direction politiques demeure.

L'éruption de nouvelles manifestations de masse en Égypte survient dans le contexte de l'aggravation de la crise capitaliste et du développement des luttes des travailleurs et de la jeunesse internationalement. L'économie mondiale est au bord d'un autre et encore plus catastrophique ralentissement, et la classe dirigeante est unie dans sa détermination à imposer le coût de la crise à la classe ouvrière.

Comme les événements en Égypte le démontrent aux yeux de millions de travailleurs, la seule voie de l'avant est la révolution socialiste. La chute de Moubarak, bien qu'un événement ayant une immense importance objective, n'a résolu aucune des questions politiques et sociales auxquelles font face les masses.

La réapparition des luttes de la classe ouvrière contre la junte, alliée des États-Unis, est une puissante confirmation de la perspective du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI). Comme l'a expliqué le WSWS le 14 février, « La poursuite de la révolution et la lutte pour défendre ses intérêts amènent la classe ouvrière et les masses opprimées dans un conflit encore plus direct avec l'armée, l'opposition officielle et l'impérialisme américain. »

Guidé par la théorie de la Révolution permanente de Léon Trotsky, qui soutient que la bourgeoisie de pays opprimés comme l'Égypte ne peut mener une lutte pour la démocratie et contre la domination impérialiste, le WSWS a déclaré que seule une lutte socialiste indépendante par la classe ouvrière, en alliance avec ses frères et soeurs de classe internationalement, peut réaliser les objectifs de la révolution.

Les conditions pour une telle lutte internationale pour le socialisme deviennent de plus en plus favorables. La jeunesse et les travailleurs égyptiens offrent à la classe ouvrière internationale un exemple inestimable de lutte déterminée. Pour faire avancer la révolution, la tâche décisive consiste maintenant en la construction d'une section du CIQI en Égypte qui luttera pour une perspective socialiste et le renversement de la junte.

(Article original paru le 28 novembre 2011)

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