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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

France: La « gauche » petite-bourgeoise complote une intervention militaire en Syrie

Par Kumaran Ira
1 décembre 2011

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Tandis que les puissances occidentales s'apprêtent à déstabiliser et à fomenter des rebellions armées contre le régime syrien de Bashir al-Assad, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) français soutient et apporte son aide au projet d'intervention militaire contre la Syrie. Ceci fait suite au soutien du NPA à la guerre de l'OTAN contre le dirigeant libyen Muammar Gadhafi sous le prétexte cynique de « protéger les civils. »

Gilbert Achcar, membre du Secrétariat unifié international pabliste, affilié au NPA, et professeur à l'Ecole d'études orientales et africaines de Londres (School of Oriental and African Studies) a publié un article dans Al Akhbar intitulé « Syrie: Militarisation, intervention militaire et l'absence de stratégie. » L'article raconte sa participation à une conférence du Comité de coordination syrienne et du Conseil national syrien (CNS) à laquelle participait Burhan Ghalioun, dirigeant du CNS les 8 et 9 octobre en Suède. Une traduction en français était affichée sur les site internet du NPA.

Selon Achcar, « Les organisateurs de la conférence m'avaient invité pour parler sur le thème de l'intervention militaire étrangère dans la situation actuelle en Syrie. » Il a souligné que «l'opposition syrienne devait définir une position claire sur la question de l'intervention militaire étrangère, car il est évident que sa position a une influence majeure sur la perspective d'une telle intervention. »

Achcar a fait remarquer que les puissances occidentales ne lanceraient pas d'intervention militaire en Syrie à moins que l'opposition syrienne ne la réclame. Il écrit, « La réticence que nous pouvons voir aujourd'hui de la part des Etats occidentaux et régionaux quant à une intervention directe pourrait changer demain si les demandes d'intervention faites au nom de l'opposition syrienne venaient à se multiplier. »

Une conférence avec le CNS, qui comprend la Déclaration de Damas, soutenue par les Etats-Unis et les Frères musulmans sunnites, soutenus par la Turquie et des Etats Arabes, est le lieu où comploter une stratégie impérialiste. Par sa présence, Achcar a fait office d'agent des puissances occidentales, faisant passer au CNS le message qu'il devrait demander une intervention militaire en Syrie, ce qu'avait fait le Conseil national de transition (CNT) pour commencer la guerre en Libye début mars.

Les Etats-Unis, les puissances européennes et leurs alliés dans la région, telles la Turquie et l'Arabie saoudite, soutiennent l'opposition syrienne formée par le CNS et son aile armée, l'Armée libre syrienne (ALS), soutenue par la Turquie. De nombreux rapports font état de ce que la Turquie et d'autres puissances régionales aident à infiltrer les forces ALS en Syrie. Les puissances occidentales cherchent à se servir du CNS pour s'emparer de l'opposition populaire à Assad, inspirée des luttes de la classe ouvrière de par le Moyen-Orient, pour remplacer Assad par un régime fantoche de droite.

La semaine dernière des diplomates européens se sont mis d'accord pour accroître de façon draconiennes les sanctions contre la Syrie, avec des interdictions d'investissement dans les obligations souveraines syriennes, de prêts bancaires dans le secteur privé et de commerce de l'or syrien.

Il devient de plus en plus évident que la Turquie, qui héberge l'Armée libre syrienne prépare une intervention militaire directe. Selon l'Observer EU, «Muhammed Tayfur membre du CNS est déjà en pourparlers avec la Turquie sur la question d'une zone de sécurité de 8 km à l'intérieur du territoire syrien qui donnerait dans les faits à l'Armée libre syrienne une base d'opérations sûre. »

Ces démarches contre Damas font partie de la campagne de Washington contre les luttes révolutionnaires de par le Moyen-Orient et ses préparatifs pour un conflit plus large avec l'Iran, soutien clé du régime d'Assad. En présentant la politique interventionniste des puissances impérialistes sous un jour positif, Achcar oeuvre pour donner à l'intervention impérialiste un visage humanitaire. En cela, Achcar et le NPA continuent à soutenir l'impérialisme occidental, comme ils l'ont fait durant la guerre contre la Libye de cette année.

Achcar et le NPA ont acclamé la guerre conduite par l'OTAN contre le régime Gadhafi, déclarant de façon trompeuse que le but en était la protection des civils et non la promotion des intérêts impérialistes en Libye. Le NPA avait même demandé que les puissances impérialistes arment le CNT. Achcar pour sa part avait écrit: « Nous avons ici une situation où une population est véritablement en danger et où il n'y a pas d'alternative plausible pour la protéger… On ne peut pas, au nom de principes anti-impérialistes, s'opposer à une action qui éviterait un massacre de la population civile. »

Dans un article publié par le NPA peu avant la chute de Tripoli, Achcar accusait l'OTAN de ne pas bombarder la Libye suffisamment fort. Il citait d'un air approbateur le chroniqueur d'extrême-droite du Wall Street Journal, Max Boot, qui se plaignait que l'OTAN aurait dû effectuer plus de sorties que les 11 107 sorties de bombardiers de l'OTAN sur la Libye, du fait notamment qu'ils avaient effectué 38 004 sorties lors du bombardement du Kosovo en 1999.

Dans son discours en Suède, Achcar a dissimulé les atrocités impérialistes commises contre la population libyenne, disant, « L'intervention a permis aux rebelles libyens de libérer leur pays des griffes de leur dictateur brutal... » Il a de façon absurde déclaré que « C'est aussi ce qui a rendu le soutien aérien étranger très efficace pour la protection des zones rebelles et la limitation du mouvement des forces du régime en dehors des zones habitées, le tout à un coût en pertes civiles relativement limité. »

En fait, les avions de l'OTAN ont bombardé de nombreuses villes libyennes et tué aveuglément des milliers de civils. Selon des estimations de représentants du CNT, 30 000 personnes au moins ont perdu la vie et 50 000 ont été blessées durant la guerre.

Tandis que le Conseil national syrien réclame une zone d'exclusion aérienne, Achcar fait à présent remarquer qu' « une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie n'aurait que des effets très limités si elle devait se limiter à l'exclusion aérienne au sens strict; ou elle aurait des conséquences dévastatrices en vies humaines et destructions, si elle devait prendre la forme d'une guerre aérienne générale contre le régime. » Il ajoute qu'«une intervention militaire étrangère en Syrie enflammerait toute la région, qui est hautement explosive. »

Néanmoins, avant qu'une telle intervention n'ait lieu, Achcar avance la stratégie de construire le CNS et de gagner à l'opposition les rangs de l'armée syrienne.

C'est là une combine cynique cherchant à dissimuler le soutien d'Achcar pour une action armée contre la Syrie derrière son conseil de ne pas commencer tout de suite une campagne de bombardement massif par l'OTAN. Ceci ne reflète pas une opposition d'Achcar à des bombardements de masse, mais reflète plutôt le débat qui est en cours parmi les stratèges de l'impérialisme français. Ils préfèrent obtenir d'abord le soutien des forces droitières de terrain en Syrie même, et qui leur sont inféodées, comme prélude à une possible intervention de l'OTAN.

Mercredi dernier, le ministre français de Affaires étrangères Alain Juppé a rencontré à Paris le dirigeant du CNS Burhan Ghalioun. Il a dit à la presse, « Le Conseil national syrien est l'interlocuteur légitime avec lequel nous souhaitons continuer à travailler. » Il a proposé, «nous allons demander à nos partenaires européens la possibilité de lancer des opérations humanitaires pour alléger les souffrances de la population qui sont considérables...Faut-il créer des corridors humanitaires, ou des zones humanitaires? »

L'Observer EU écrit: « En termes de tactiques, la création d'une « zone humanitaire » sûre est en accord avec la conception militaire française quant à la manière de renverser le président syrien Bashar Assad.... »

L'Observer EU cite une source militaire française: « Il n'y a pas la volonté d'une zone d'exclusion aérienne ou d'une zone tampon. Il est impossible de reproduire la Libye en Syrie, du fait d'un terrain qui rendrait une opération aérienne très difficile. Mais les paroles exactes que j'ai entendues [de mes collègues] sont les suivantes: 'Si les rebelles syriens réussissent à tenir une position (un peu comme Benghazi en Libye) alors toutes les cartes sont sur la table. »

C'est précisément parce que l'impérialisme français veut que le CNS fonctionne comme un intermédiaire de terrain en Syrie qu' Achcar est allé les rencontrer. Achcar leur a même donné des conseils: « Renverser un régime, quel qu'il soit, est un objectif stratégique pour lequel les moyens diffèrent selon les cas et les pays. La stratégie dépend de la composition du régime que les révolutionnaires essayent de mettre à bas. »

Mais ce CNS n'est pas révolutionnaire; il ne représente pas non plus les intérêts des travailleurs et des masses opprimées de Syrie. La promotion par Ashcar du CNS comme étant révolutionnaire est entièrement réfutée par les liens que le CNS entretient avec les puissances impérialistes occidentales et les régimes islamistes d'Ankara et de Riyad. C'est Ashcar lui-même qui fait office de stratège et de garçon de courses de l'impérialisme.

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