Le Parti de l'égalité socialiste condamne l'interdiction
par la force d'occuper le parc Zuccotti à Manhattan décrétée tôt mardi par le
maire multimilliardaire de New York, Michael Bloomberg.
La rafle policière est une violation flagrante des droits
démocratiques fondamentaux, y compris la liberté d'expression et d'assemblée.
Les raisons invoquées par Bloomberg pour justifier l'évacuation des manifestants,
et qui ont été reprises par les médias et l'ensemble de l'establishment
politique, ne sont que de faux prétextes.
La classe dirigeante américaine démontre une fois de plus
qu'elle ne tolérera aucune opposition à ses intérêts. L'attaque sur les manifestants
du mouvement Occupy montre clairement que la défense des droits démocratiques
est incompatible avec l'énorme niveau d'inégalité sociale qui a déclenché le
mouvement lui-même.
L'action policière de style militaire à New York,
impliquant des milliers de policiers, a été soigneusement coordonnée avec des opérations
similaires à travers le pays. Les maires de villes américaines importantes,
tant démocrates que républicains, ont tenu des rencontres et des conférences
téléphoniques afin de trouver la meilleure façon d'étouffer les protestations.
Au cours de la semaine dernière seulement, des rafles
policières ont été menées à Portland en Oregon; à Oakland et Berkeley en
Californie; à Denver au Colorado; à St-Louis au Missouri et dans de nombreuses
autres villes. Dans les coulisses, des administrations municipales ont été
conseillées par le FBI et le département de Sécurité intérieure d'Obama.
Les rafles ont impliqué une mobilisation écrasante de
policiers, portant l'équipement antiémeute, utilisant des gaz lacrymogènes et
des matraques, ou pire, contre des manifestants non armés. Depuis que le
mouvement a débuté à Manhattan il y a deux moi aujourd'hui, près de 4000
personnes ont été arrêtées. Plusieurs de celles arrêtées mardi matin sont
encore détenues et n'ont pas encore été accusées.
Par ses propres actions, la classe dirigeante montre à des
millions de personnes que l'État n'est pas un arbitre neutre. C'est leur État,
composé de leurs représentants politiques. Les intérêts et les besoins
de la majorité de la population n'ont absolument pas d'impact sur le cours des
politiques gouvernementales.
Ces conditions ne sont pas uniques aux États-Unis. La
tentative de liquider Occupy Wall Street est survenue la même semaine que
l'Europe a remplacé deux gouvernements afin de tenter d'aller plus rapidement
de l'avant avec les sévères mesures d'austérité qui vont à l'encontre d'une
opposition populaire largement répandue. Mario Monti, un ancien dirigeant chez
Goldman Sachs, a été installé au pouvoir en Italie, alors qu'en Grèce, Lucas
Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne, est
maintenant au pouvoir. Pendant ce temps, la classe dirigeante en
Grande-Bretagne a utilisé de nouvelles méthodes d' « encadrement policier
total » afin d'intimider et de réprimer les manifestations par les
étudiants contre la hausse des frais de scolarité.
Aux États-Unis, l'opération a impliqué tous les niveaux de
gouvernement et les deux partis politiques. La plupart des maires qui donnent
l'ordre pour les assauts brutaux de la police sont des démocrates.
Quant à l'administration Obama, elle est restée
pratiquement silencieuse. Mardi, au moment où Obama était en Asie, le
porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a répondu à une question sur les
assauts à New York en justifiants ces actions. « La liberté de s'assembler
et la liberté d'expression », a-t-il déclaré, doivent être
« balancées » avec « le besoin très important de maintenir la
loi et l'ordre et les règles de santé et de sécurité, qui sont évidemment une
source d'inquiétude dans ce cas. »
Les médias de masse, qui fonctionnent essentiellement
comme un appendice du gouvernement, ont joué leur rôle. Alors que l'on trouvait
des fulminations semi-fascistes dans le New York Post et d'autres
publications de droite, la presse libérale justifiait la répression au moyen d'articles
soigneusement plantés. Mercredi, le New York Times a publié un éditorial
affirmant que les gestes de Bloomberg étaient motivés par des « craintes
légitimes » et étaient « légalement justifiables ».
Les protestations du mouvement Occupy sont l'expression
initiale de la colère ressentie par la population face au niveau extrêmement
élevé de l'inégalité sociale. Trois ans après l'éclatement de la crise
économique en 2008, et presque trois ans depuis l'arrivée au pouvoir de
l'administration Obama, les conditions de vie de millions de gens sont de plus
en plus intolérables. L'aristocratie financière dicte les politiques, pille le
pays et a même augmenté sa richesse. Elle exige maintenant des coupes dans les
programmes sociaux.
Ces conditions sont largement détestées, et les
manifestations Occupy ont gagné l'appui de larges sections de la classe
ouvrière. En dépit des tentatives des médias et de l'establishment politique de
corrompre l'opinion publique, le sentiment des masses est instinctivement
anticapitaliste et hostile aux grandes banques et sociétés.
Toutefois, une lutte victorieuse contre ces conditions
dépend de la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière. Aucune
autre force sociale ne peut régler ses comptes avec le capitalisme américain et
tous les maux qui lui sont associés : l'inégalité, la destruction des
droits démocratiques et la guerre.
Les intérêts élémentaires de la classe ouvrière sont
incompatibles avec le système capitaliste. Il ne s'agit pas de faire pression
sur les forces qui sont au pouvoir, mais de mobiliser la classe ouvrière pour
la prise du pouvoir politique et la réorganisation de la vie économique dans le
but de satisfaire les besoins sociaux, et non le profit privé. Cela signifie
une rupture avec le système capitaliste biparti et tous ceux qui s'efforcent de
rediriger l'opposition vers un appui au Parti démocrate.
Cela nécessite la nationalisation des banques et des
grandes sociétés sous le contrôle démocratique de la population. Wall Street ne
doit pas seulement être occupé, mais exproprié, et les grandes fortunes
accumulées par l'élite financière doivent être utilisées pour répondre aux
pressants besoins sociaux aux États-Unis et internationalement.
La tâche fondamentale consiste à bâtir une nouvelle
direction politique ayant pour but d'unifier toutes les luttes pour des emplois
et des conditions de vie décentes, en défense des droits démocratiques et
contre la guerre, sur la base d'un programme socialiste. Le Parti de l'égalité
socialiste est le fer de lance de cette lutte. Nous encourageons tous les
travailleurs et les jeunes qui veulent faire avancer la lutte contre Wall
Street à étudier notre programme et à joindre le PES dès aujourd'hui.