Une responsable de l’UAW se trouvant dans le hall principal de l’endroit
où devait se tenir la conférence de presse, au UAW-Ford National Programs
Center dans le centre-ville de Detroit, m'a informé, reporter du wsw
écrivant ces lignes, avant le début de la conférence de presse, que je
n’étais pas autorisé à entrer. Quand je lui ai demandé pourquoi, la
responsable a répondu que le World Socialist Web Site n’était pas
autorisé à y assister. Elle m’a conseillé de m’adresser au directeur des
relations publiques de l’UAW, Michele Martin. A ce jour, l’UAW ne m’a pas
rappelé.
Le syndicat a accueilli les grands médias anti-ouvriers, dont des
publications comme le Wall Street Journal, le Business Week
ainsi que le Detroit News et le Detroit Free Presse, sachant
que ces publications capitalistes salueraient l’accord négocié. Il a
interdit l’accès au WSWS parce qu’il est terrifié par une publication
socialiste rapportant avec exactitude le contenu de ses accords
pro-entreprise et, de manière plus générale, sa politique anti-ouvrière.
Le WSWS et ses prédécesseurs, l’International Workers Bulletin et
le journal Bulletin, couvrent depuis des décennies des conférences de
presse et différents événements de l’UAW. Le fait que l’UAW décide de nous
exclure maintenant, ne fait que souligner la faillite de l’organisation et
ses craintes d’une opposition grandissante parmi les travailleurs.
Au cours du vote de ratification de l’accord avec General Motors, des
partisans du Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP)
et du WSWS, qui avaient diffusé des tracts devant les réunions d’information
de l’UAW, ont été menacés à maintes reprises par des responsables syndicaux
qui ont plusieurs fois appelé la police pour les expulser.
L’appareil de l’UAW est de toute évidence préoccupé par une opposition à
sa trahison au sein des travailleurs de chez Ford qui, en 2009, avaient mis
en échec une tentative du syndicat d’imposer des concessions supplémentaires
inspirées de celles acceptées chez GM et Chrysler comme partie intégrante de
la restructuration effectuée par le groupe de travail sur l’industrie
automobile du gouvernement Obama. L’accord aurait gelé le revenu des
travailleurs à salaire réduit et supprimé la limite du nombre
autorisé de travailleurs de cette catégorie à l’usine, et imposé une
promesse de ne pas faire grève. L’opposition était si forte que le président
de l’UAW, Bob King, s’était fait huer et avait dû quitter la tribune lors
d'une des réunions syndicales.
L’UAW voulait évidemment éviter à tout prix une répétition de sa
conférence de presse du 20 septembre où il avait annoncé le projet de
contrat entre l’UAW et General Motors. Lors de cette conférence de presse,
le reporter du WSWS, Jerry White, avait contesté l’assertion du président de
l’UAW, Bob King, selon laquelle le syndicat allait créer de « bons »
emplois. Il avait signalé que même avec la petite augmentation prévue dans
l’accord de GM, des travailleurs de catégorie 2 ne gagneraient pas assez
pour ne pas avoir droit aux coupons alimentaires au Michigan. Par ailleurs,
White avait fait remarquer, que l’UAW avait déboursé 90 millions de dollars
à ses dirigeants en leur versant 150.000 dollars et plus, et avait recruté
leurs épouses comme sténographes pour 60.000 dollars supplémentaires.
L’échange de vues qui avait été relaté le lendemain dans la presse de
Detroit, avait troublé et énervé King.
L’interdiction à l’encontre du WSWS est un effort lamentable de
limitation des dégâts de la part de King et du restant de la direction qui
contrôlent l’UAW. Elle souligne le caractère droitier et anti-démocratique
de cette organisation.