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La grève générale espagnole et les tâches politiques de la classe ouvrière

Par Julie Hyland
5 avril 2012

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La grève générale de jeudi dernier contre le gouvernement du Parti populaire, l'Union européenne et leurs politiques d'austérité a démontré une fois de plus la force de la classe ouvrière et son empressement à combattre.

Dans une effusion de colère et de militantisme, des millions de personnes sont sorties en grève et se sont jointes aux manifestations contre les lois sur le travail du PP, qui font fi des conventions collectives et qui permettent aux employeurs de réduire les salaires et de congédier les travailleurs comme bon leur semble.

La grève générale était puissante en nombre, en portée et en composition. Les usines, les aéroports, les ports et le transport ferroviaire étaient paralysés. Les services publics ont été réduits à un minimum, et les commerces et les universités ont été fermés.

Des milliers de personnes, dont des chômeurs et des écoliers, se sont jointes aux manifestations de travailleurs et d'étudiants dans des villes partout à travers le pays pour exprimer leur colère face aux mesures du gouvernement.

Cette démonstration de combativité a semé la consternation dans la bourgeoisie en Espagne, à travers l'Europe et internationalement.

Personne n'aura été aussi troublé par l'ampleur de l'opposition  que les chefs syndicaux. Les deux principales centrales syndicales, l'Union générale des travailleurs (Union General de Trabajadores, UGT), alliée du Parti socialiste (PSOE), et les Commissions ouvrières (Comisiones Obreras, CC.OO), qui sont dirigées par le Parti communiste (PCE), ont cherché à éviter toute action contre le gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy depuis son arrivée au pouvoir en novembre.

Durant des mois, les syndicats ont pris part à des négociations tripartites avec le PP et les employeurs pour tenter d'obtenir des concessions. Ce n'est qu'après qu'il fût évident qu'aucune concession n'allait être faite que les syndicats ont accepté à contrecoeur d'organiser des actions.

Même là, la grève n'était pour eux qu'un geste symbolique. Le secrétaire général de l'UGT,  Cándido Méndez, a déclaré : « Nous devons tenter d'en arriver à un compromis avec le gouvernement pour avancer dans la même direction. »

La réponse massive à la grève est un signe avant-coureur de luttes de plus en plus explosives à venir. Ceci, cependant, ne fait que souligner l'urgence de la lutte pour une nouvelle direction et pour une nouvelle perspective de lutte pour la classe ouvrière.

Les dirigeants syndicaux et les groupes de la classe moyenne qui les soutiennent tels que la gauche anticapitaliste du Secrétariat unifié pabliste et En Lucha (En Lutte), l'affilié espagnol du Socialist Workers Party britannique ont dit que des actions d'un jour et des manifestations similaires seraient suffisantes pour changer la politique de la bourgeoisie. Ces affirmations ont volé en éclats le jour suivant la grève générale lorsque le PP a annoncé qu'il sabrait les dépenses publiques de 27 milliards d'euros, soit les mesures d'austérité les plus draconiennes depuis la dictature fasciste du général Franco.

La réaction du gouvernement souligne les problèmes politiques fondamentaux auxquels fait face la classe ouvrière

Rajoy ne parle pas uniquement pour l'élite dirigeante espagnole, mais pour le capital financier international, qui n'a pas l'intention de céder d'un pouce dans sa tentative d'imposer des attaques dévastatrices sur la classe ouvrière européenne. L'objectif est de réduire les conditions à des niveaux comparables à ceux de la Chine et du Brésil.

La Grèce est le laboratoire pour cette politique de contre-révolution sociale, mais il s'agit d'une politique en préparation et mise en ouvre partout, de l'Irlande et l'Italie en Grande-Bretagne, aux États-Unis et à travers le monde.

Le caractère mondial de cette offensive atteste de la réalité que les travailleurs font face à la faillite du capitalisme international.

Les organisations pseudo-gauches travaillent consciemment à désarmer la classe ouvrière devant les implications réelles de cette crise systémique. Le niveau auquel elles sont prêtes à s'abaisser a été précisé par En Lucha, qui a affirmé que le modèle pour les travailleurs espagnols doit être la « lutte soutenue ... et ... le succès de la classe ouvrière grecque ».

Quel est ce « succès » ? Dans une profonde récession depuis 5 ans, les travailleurs en Grèce ont souffert d'une série de mesures d'austérité après l'autre, mises en oeuvre tout d'abord par le gouvernement social-démocrate du PASOK et maintenant par la coalition entre PASOK et le parti conservateur Nouvelle Démocratie.

Une série de grèves générales d'une et de deux journées organisées par les syndicats grecs a amené des dizaines de milliers de personnes dans les rues qui étaient tout aussi révoltées que celles vues jeudi dernier en Espagne. Mais cela n'a pas arrêté la succession de budgets d'austérité. Seulement cette fin de semaine, le premier ministre grec Lucas Papademos a annoncé des coupes de 12 milliards d'euros faisant partie d'un autre « nouveau programme économique ».

Il en résulte une catastrophe sociale. Le chômage officiel est déjà à 23 pour cent et il est à plus de 50 pour cent pour les jeunes travailleurs. Les organismes d'aide décrivent certaines parties de la Grèce comme étant dans une « crise humanitaire ».

Dans la ville portuaire de Perama, près d'Athènes, l'organisation caritative des Médecins du monde a rapporté que nombre de résidents vivent avec moins de 200 euros par jour (270 dollars par mois). L'organisation écrit : « Certaines familles n'ont pas eu d'électricité depuis cinq, huit mois et ont passé l'hiver à brûler des morceaux de bois pour se garder au chaud et leurs enfants fouillent dans les poubelles pour trouver de la nourriture. »

Si c'est la définition du « succès » pour En Lucha, alors elle ne diffère en rien de celle du PP et de celle de l'élite dirigeante qui visent un « succès » similaire en Espagne. Sa déclaration méprisable ne fait que montrer clairement que, pour de telles organisations, la destitution de la classe ouvrière est de loin préférable à sa mobilisation révolutionnaire contre le capitalisme.

En Espagne, comme partout en Europe, la classe ouvrière fait face à une lutte pour le pouvoir politique contre la bourgeoisie et ses représentants, incluant la bureaucratie syndicale et ses apologistes. Cette lutte requiert la construction d'un nouveau parti politique, une section espagnole du Comité international de la Quatrième Internationale, afin de lutter pour un gouvernement ouvrier voué à des politiques socialistes.

(Article original paru le 3 avril 2012)

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