Le président américain Obama a
profité de sa présence au sommet sur la sécurité nucléaire qui s'est déroulé
cette semaine en Corée du Sud pour répéter des menaces bellicistes à l'encontre
de l'Iran et de la Corée du Nord et pour réitérer la détermination de son
gouvernement de vouloir jouer un rôle dominant en Asie. Alors que le
sommet était censé être consacré au désarmement nucléaire et à la paix, Obama
s'en est servi comme plateforme pour brandir la menace de nouvelles guerres
d'agression au Moyen-Orient et en Asie.
S'exprimant hier à l'université de
Hankuk, Obama a une nouvelle fois mis en garde l'Iran que « le temps press[ait] »
pour résoudre diplomatiquement la confrontation au sujet de son programme
nucléaire. Tous deux, les Etats-Unis et Israël, ont à maintes reprises menacé
de prendre des mesures militaires contre les installations nucléaires de l'Iran
si Téhéran ne se soumettait pas aux exigences de Washington. Le Pentagone a
déjà renforcé sa présence militaire dans le Golfe Persique et dispose
maintenant de deux porte-avions dans la région.
Obama a affirmé que les
Etats-Unis avaient offert « d'aider l'Iran à développer pacifiquement l'énergie
nucléaire. » Il a poursuivi en disant : « Mais, maintes et
maintes fois, l'Iran a refusé en optant plutôt pour la voie du déni, du
mensonge et de la tromperie. »
En réalité, Washington est en
train de planifier sur la base du déni et de la tromperie le lancement d'une
attaque militaire non provoquée contre l'Iran. Washington n'a apporté aucune
preuve que l'Iran était en train de construire ou de chercher à construire des
armes nucléaires. Celui-ci a à plusieurs reprises déclaré qu'il n'avait pas
l'intention de construire d'arme nucléaire. Dans le même temps, les Etats-Unis
ont collaboré avec Israël pour perpétrer des attaques terroristes en Iran, dont
l'assassinat d'au moins quatre scientifiques nucléaires iraniens.
L'hypocrisie de la position
d'Obama est soulignée par les alliances et les partenariats stratégiques de
Washington avec Israël, l'Inde et le Pakistan - qui tous disposent d'un arsenal
nucléaire en violation du traité de non-prolifération nucléaire. Les dangers
émanant de ces pays ne seront pas discutés lors du sommet nucléaire en Corée du
Sud qui est censé se concentrer sur les moyens d'empêcher que des terroristes
n'obtiennent du matériel nucléaire.
La position d'Obama relative au désarmement
nucléaire est foncièrement cynique. Malgré des gestes des Etats-Unis conformément
au traité avec la Russie de réduire le nombre total d'armes nucléaires, l'armée
américaine a accru son immense arsenal nucléaire. Dans ses relations avec la
Russie et son offre en faveur de pourparlers identiques avec la Chine, la
préoccupation majeure des Etats-Unis est de garder une supériorité incontestée
en matière d'armes nucléaires.
Lors d'une conférence de presse dimanche
en présence du président de la Corée du Sud, Lee Myung-bak, Obama avait mis en
garde la Corée du Nord contre son projet de lancer un satellite le mois
prochain. Le président américain avait déjà déclaré que si le lancement devait
avoir lieu, Washington mettrait fin à un accord de fourniture d'aide
alimentaire à Pyongyang en échange du gel de ses programmes nucléaires et de
lancement de missiles. La Corée du Nord, a-t-il dit, n'arrivera à « rien
par des menaces et des provocations. »
Les avertissements d'Obama à
l'encontre de la Corée du Nord visaient également à intimider la Chine pour
qu'elle rentre dans le rang et condamne le lancement de satellite prévu et isole
davantage Pyongyang. Obama a demandé directement à la Chine de durcir son
approche envers son allié Nord-coréen, en soulignant que Beijing avait plus
d'influence sur Pyongyang que n'importe quel autre pays. « Ce que je leur
[aux Chinois] ai constamment dit c'est qu'il n'y a pas de récompense pour un
mauvais comportement, pour fermer les yeux sur des provocations délibérées.ça
ne fonctionne de toute évidence pas, » a-t-il dit.
Obama ne peut guère se permettre
de reprocher un « mauvais comportement » à d'autres. Il y a quelques
jours à peine le caractère criminel de sa guerre néocoloniale contre la
population afghane avait été révélé lors de l'horrible massacre de 17 civils
dont 11 enfants.
Obama a également rencontré à
Séoul le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et a accepté d'attiser
davantage le conflit syrien en fournissant une soi-disant « assistance non
létale » aux adversaires pro-occidentaux du président syrien Bachar
al-Assad. Après la guerre pour un changement de régime en Libye, cette annonce
est un nouveau pas vers une intervention militaire menée par les Etats-Unis en
vue de consolider la domination américaine au Moyen-Orient riche en pétrole.
Tout ce que les Etats-Unis font
au Moyen-Orient et en Asie - attiser la guerre civile en Syrie, livrer une
guerre économique, perpétrer des attaques terroristes contre l'Iran et
maintenir des sanctions brutales contre la Corée du Nord - est une violation de
la loi internationale.
La menace contre la Corée du Nord
fait partie d'une stratégie plus générale de saper l'influence de la Chine dans
l'ensemble de l'Asie. Lors de sa conférence de presse avec Lee, Obama a déclaré
que sa visite en Corée signifiait que « les Etats-Unis dominaient de
nouveau la zone Asie Pacifique. Comme je l'avais déclaré l'année dernière en
Australie, les Etats-Unis en tant que pays du Pacifique joueront un rôle plus
important et à long terme dans le façonnement de cette région et de son avenir.
Depuis son entrée en fonction en
2009, Obama a déplacé l'orientation stratégique des Etats-Unis vers la région
indo-pacifique, en renforçant des alliances et des liens stratégiques avec des
pays dans l'ensemble de la région, y compris la Corée du Sud, le Japon, l'Inde
et l'Australie. Il a réaffirmé que tout ralentissement des dépenses militaires
américaines « ne se ferait pas aux dépens de la zone asiatique du Pacifique. »
En novembre dernier à Canberra, Obama avait annoncé le stationnement de marines
américains dans le Nord de l'Australie et un plus grand recours aux bases
militaires australiennes.
En Asie du Nord-Est, le « tournant »
stratégique opéré par Obama vers l'Asie a encouragé les alliés des Etats-Unis à
adopter une attitude plus agressive envers la Chine. En 2010, le Japon avait
provoqué une confrontation avec la Chine en arraisonnant un bateau de pêche chinois
et son capitaine dans les eaux au large des îles Diaoyu/Senkaku dont la
souveraineté est contestée. Au cours de cette querelle prolongée, les
Etats-Unis avaient catégoriquement déclaré que l'alliance militaire avec le
Japon signifiait qu'ils se rangeraient du côté de Tokyo en cas de conflit avec
Beijing au sujet des îles.
Le gouvernement Obama a aussi totalement
soutenu le gouvernement de droite de Lee à Séoul dans son différend avec
Pyongyang en exacerbant fortement les tensions sur la péninsule coréenne. Suite
à l'échange de tirs d'artillerie entre la Corée du Nord et du Sud en novembre
2010, impliquant l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, les Etats-Unis ont mené de
façon provocatrice un exercice naval conjoint avec la Corée du Sud en ignorant
les objections de la Chine formulées contre la présence de navires de guerre
américains dans des eaux stratégiquement sensibles.
En réaction au projet de
lancement d'un satellite de la Corée du Nord, le Japon, tout comme la Corée du
Sud, avait mis en garde qu'il recourrait à son système anti-missile balistique
- développé en collaboration avec les Etats-Unis - pour abattre le véhicule de
lancement s'il touchait leur territoire. Ces menaces, tacitement soutenues par
Washington, ne font qu'attiser davantage la tension dans l'ensemble de la
région en augmentant la pression exercée sur la Chine.
Le plus grande menace à la paix
n'est pas l'Iran ou la Corée du Nord mais le militarisme irresponsable de
l'impérialisme américain qui s'est intensifié sous le gouvernement Obama. La
force motrice sous-tendant les guerres d'agression des Etats-Unis au cours de
cette dernière décennie a été la tentative de Washington de stopper le déclin
économique de l'Amérique en recourant à la force armée. Le virement d'Obama
vers l'Asie et une confrontation avec la Chine soulèvent le danger d'un conflit
catastrophique entre deux puissances nucléaires.