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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Le gouvernement du Québec cherche à intimider et à diviser les étudiants

Par Keith Jones
21 avril 2012

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Durant la dernière semaine, le gouvernement libéral du Québec a intensifié ses efforts pour briser la grève des étudiants, qui dure depuis maintenant deux mois et qui s'oppose à l'augmentation des frais de scolarité universitaires de 75 pour cent sur les cinq prochaines années.

Avec l'appui enthousiaste de la grande entreprise et de ses médias, le gouvernement et l'appareil d'État intimident et répriment les étudiants, et ils cherchent à les diviser en écartant la plus militante des trois fédérations étudiantes des négociations proposées.

Les arrestations d'étudiants en masse prennent maintenant place sur une base quotidienne. Les tribunaux ont émis de nombreuses injonctions pour limiter, et même dans certains cas, rendre illégaux les piquets de grève et pour forcer la reprise des cours, en opposition à la majorité des étudiants et souvent contre le personnel enseignant. À la demande du gouvernement, les universités et les cégeps ordonnent aux professeurs de donner leurs cours et de procéder aux évaluations même si un seul étudiant se présente en classe.

Lors d'une conférence de presse jeudi, Max Roy, le président du plus grand syndicat d'enseignants universitaires, la Fédération québécoise des professeurs d'université, a dénoncé les efforts des autorités qui visent à forcer les enseignants à joindre la campagne pour mettre fin à la grève et il a condamné le climat d'intimidation qui règne maintenant sur les campus à travers le Québec.

« L'obligation d'enseigner, dans les circonstances, a dit Roy, favorise la discrimination entre les étudiants. Elle place les professeurs dans une position intenable de devoir arbitrer des conflits d'opinions et de défier les décisions prises démocratiquement par les associations étudiantes dûment constituées. »

Roy a aussi critiqué vigoureusement l'intimidation des gardiens de sécurité et de la police envers les membres de son organisation « Un climat de peur s'installe sur les campus universitaires, ce qui était inimaginable et qui est absolument inacceptable. »

À la consternation du gouvernement et des médias de la grande entreprise, quelque 170.000 étudiants d'universités et de cégeps demeurent toujours en grève. Même si la Fédération des cégeps s'est pliée aux demandes du gouvernement et a menacé d'annuler la session aux 22 cégeps en grève si celle-ci ne se terminait pas cette semaine, les étudiants de pratiquement tous ces cégeps sont toujours en grève.

Dimanche dernier, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp a annoncé qu'elle était prête à rencontrer les dirigeants de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) et de la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec), des organisations qui entretiennent des liens étroits avec le Parti Québécois, un parti de la grande entreprise, et les syndicats.

Mais maintenant la ligne dure que le gouvernement a adoptée tout au long de la grève, Beauchamp a rejeté d'emblée toute discussion sur le retrait de la hausse des frais de scolarité qui est au cour des demandes des étudiants.

Beauchamp a plutôt déclaré que les discussions allaient porter sur la proposition de la FEUQ et de la FECQ de mettre sur pied une commission sur la gestion des universités. Les fédérations étudiantes soutiennent que les administrations d'universités, qui se mêlent de plus en plus à la grande entreprise, gonflent les salaires des cadres et se lancent dans divers projets immobiliers et de développement qui servent peu ou pas du tout aux fins d'éducation.

De toute évidence, la dépendance croissante des universités envers les dons corporatifs et les partenariats avec la grande entreprise - un résultat des coupes en éducation et en recherche et de la marchandisation de ces domaines - ont des effets pervers sur le fonctionnement des universités. Mais l'appel à la formation d'une commission tripartite pour examiner les dépenses des universités est une diversion réactionnaire qui s'accorde parfaitement au programme d'austérité de droite du gouvernement.

Cette position accepte le cadre financier réactionnaire créé par plus de deux décennies de coupes dans les budgets fédéraux et provinciaux et de baisses d'impôt pour la grande entreprise et les riches.

La FEUQ et la FECQ ont rapidement accepté l'offre de négociation du gouvernement. Mais une rencontre officielle n'a toujours pas eu lieu, car les deux fédérations étudiantes ont demandé, bien qu'avec réticence, que la CLASSE (Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante) fasse aussi partie des négociations.

C'est toutefois un secret de polichinelle que des discussions ont déjà lieu en coulisse. En 2005, le FEUQ et la FECQ avaient saboté la dernière grève étudiante provinciale après que le gouvernement eut offert des concessions mineures. À l'époque, les syndicats, qui craignaient la radicalisation que la grève des étudiants pouvait entraîner parmi le demi-million des travailleurs du secteur public à qui le gouvernement exigeait des concessions, avaient joué un rôle central en amenant la FEUQ et la FECQ à accepter un compromis afin de maintenir la « paix sociale ». Le gouvernement libéral de Jean Charest avait par la suite imposé par décret un contrat de travail d'une durée de sept ans, rempli de concessions, aux travailleurs du secteur public. Les syndicats s'étaient essentiellement contentés de râler en guise de protestation.

Au cours de la dernière semaine, le gouvernement libéral provincial et les médias ont mené une campagne pour diaboliser la CLASSE et la présenter comme une organisation quasi subversive sous le prétexte qu'elle n'avait pas condamné divers actes de vandalisme supposément commis par des étudiants en grève. En fait, la CLASSE a clairement affirmé qu'elle n'approuvait pas ce genre de tactiques, et a noté que le gouvernement n'avait pas condamné les violentes attaques de la police contre les étudiants, dont un incident dans lequel un étudiant un perdu un oil.

Malgré tout, la CLASSE a annoncé qu'elle était prête à prendre part aux négociations avec le gouvernement, même si les libéraux ont clairement fait savoir que la demande qui anime le mouvement de grève depuis le début, soit l'annulation de la hausse des frais de scolarité, ne sera pas discutée.

Sous l'influence politique de divers groupes maoïstes et anarchistes, la CLASSE a fait de la grève étudiante une protestation à enjeu unique. Bien qu'elle critique le FEUQ et la FECQ pour leurs liens avec le PQ, elle partage la même perspective politique fondamentale qui est de faire pression sur le gouvernement. Elle est totalement opposée à un tournant des étudiants vers la classe ouvrière, la seule force sociale qui peut amener une alternative progressiste au programme d'austérité de la grande entreprise.

La direction de la CLASSE a été complètement prise au dépourvu par l'intransigeance du gouvernement et des médias de la grande entreprise. L'élite capitaliste est si hostile, car elle sait que la défense de l'éducation en tant que droit social par les étudiants représente un défi implicite à ses efforts visant à faire payer la classe ouvrière pour la crise capitaliste. Pour aller de l'avant, la grève étudiante doit devenir l'étincelle pour la mobilisation de toute la classe ouvrière contre les mesures d'austérité mises en ouvre par le gouvernement libéral Charest et par tous les paliers de gouvernement à travers le Canada.

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