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Elections françaises de 2012: le NPA prépare son adhésion à un gouvernement pro-austérité

Par Kumaran Ira
23 février 2012

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A l’approche de l’élection présidentielle et des élections législatives, l’activité d’un courant au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a permis au NPA de préparer une alliance directement avec le Front de Gauche. Le but du NPA est de participer à un gouvernement éventuel du Parti socialiste (PS) après les élections présidentielle et législative de 2012, pour tenter d’aider la bourgeoisie à imposer un programme d’austérité sociale et de guerre à la classe ouvrière.

Ceci confirme l’analyse de la fondation du NPA avancée par le WSWS en 2009. A cette époque, le WSWS a déclaré : « Pour faire partie du réarrangement de la gauche par la bourgeoisie, la LCR doit montrer clairement qu’elle rompt tous les liens, aussi ténus soient-ils, qu’elle a pu avoir avec une politique révolutionnaire. Dans la mesure où la LCR est associée au trotskisme dans l’esprit du public, cela constitue un obstacle au fort virage à droite qu’elle prévoit d’effectuer en collaboration avec les syndicats, le Parti socialiste (PS), et les autres forces de l’establishment politique français ». (Voir : France : quelle est la nature du Nouveau Parti anticapitaliste formé par la LCR ?)

Le mécanisme de l’alliance gouvernementale entre le NPA et le reste de la « gauche » bourgeoise est le rapprochement entre un courant du NPA, la Gauche anticapitaliste (GA), et le Front de Gauche. Le Front de Gauche est composé du Parti communiste français (PCF) et du Parti de Gauche (PG). Son candidat présidentiel est Jean Luc Mélenchon, un ancien ministre du Parti socialiste (PS), qui a quitté le PS et a fondé le PG en 2009.

La GA est un courant issu de l’ancienne « Plateforme B » au dernier congrès national du NPA, qui avait obtenu 40 pour cent des voix après l’école d’été du NPA au mois d’août. Elle préconisait déjà à l’époque une alliance avec le Front de Gauche (Voir : L'université d'été du Nouveau Parti anticapitaliste marque un nouveau tournant droitier).

Le samedi 11 février, GA a tenu une réunion qui rassemblait la direction du NPA, le PG, la Gauche Unitaire, la direction du PCF, et d’autres groupes petit bourgeois, pour favoriser une alliance en vue de l’élection présidentielle et des législatives.

Selon la déclaration de GA, adoptée à l’unanimité par les participants, « Dans un contexte de crise globale du capitalisme, la zone euro et la France..... il s’agit dès maintenant, de construire un bloc de gauche anti-crises, dans la rue comme dans les urnes, candidat au pouvoir pour appliquer, en relation étroite avec l’auto-activité des masses, un programme de rupture avec le capitalisme. »

Ce projet de construction d’un bloc consiste à rassembler des « courants politiques (de l’extrême gauche anticapitaliste aux réformistes de gauche anti-libéraux issus du mouvement ouvrier), animateurs et animatrices de mouvements sociaux, syndicalistes, militants des quartiers populaires, intellectuel-les critiques, mouvements de jeunes, courants écologistes radicaux ».

Le vocabulaire indigeste de la déclaration tente de cacher un mensonge patent : la GA et le NPA veulent faire croire qu’on peut mener une « rupture avec le capitalisme » en s’alliant avec Mélenchon, un ex-ministre du gouvernement de la Gauche Plurielle de 1997-2002. Ce gouvernement s’est effondré dans l’élection de 2002, au courant de laquelle le Premier Ministre Lionel Jospin s’est fait sanctionner pour sa politique de privatisations et sa participation à la guerre en Afghanistan en 2001. Mélenchon prépare à présent une alliance avec le PS pour les élections législatives.

Aucune tendance politique ne peut ignorer, cependant, le rôle que jouerait un gouvernement social-démocrate en Europe aujourd’hui. Les gouvernements sociaux-démocrates du PASOK grec ont joué le rôle central dans le pillage de la Grèce par les banques et l’Union européenne. François Hollande, le candidat présidentiel du PS, fait campagne sur un programme d’austérité budgétaire, et de soutien à l’impérialisme français qui fait la guerre en Afghanistan, en Libye, et peut-être bientôt en Syrie.

Le NPA a défendu cette politique réactionnaire, applaudissant les syndicats alors que ces derniers permettaient à la police d’écraser les grèves pétrolières de l’automne 2010, et défendant la guerre menée par la France contre la Libye. (Voir : Un instrument de l'impérialisme: le Nouveau parti anticapitaliste français soutient la guerre contre la Libye)

L’orientation du NPA vers les partis bourgeois de « gauche » reprend la démarche de ses homologues italiens, l’organisation pabliste Sinistra Critica (Gauche Critique). Ceux-ci avaient participé, au sein du parti stalinien italien Rifondazione Comunista, au gouvernement dirigé par Romano Prodi de 2006 à 2008. Rifondazione a aidé Prodi à appliquer des mesures d’austérité contre la classe ouvrière, à renforcer les troupes en Afghanistan, et à autoriser l’extension de bases militaires américaines en Italie.

Si le NPA parvient à participer à un gouvernement ou une majorité législative du PS, alors que la crise économique et l’intensité des guerres sont beaucoup plus développées qu’en 2006, leur politique serait même plus à droite que celle menée par Sinistra Critica.

Les arguments de la Gauche Anticapitaliste pour justifier son orientation vers Mélenchon expose la profonde démoralisation qui existe au sein du NPA. La GA est particulièrement hostile à la candidature présidentielle de Philippe Poutou, votée par le NPA après la décision de son candidat précédent, Olivier Besancenot, de se retirer de l’élection présidentielle après le déclenchement des luttes révolutionnaires en Egypte et en Tunisie.

Il manquait cependant à Poutou un élément critique : l’intérêt que les médias avaient apporté à Besancenot, que le NPA faisait apparaître dans les émissions télévisées pour maximiser son impact médiatique. Dépourvu de cet élément—qui faisait que le NPA dépendait totalement du bon vouloir des grands médias pour le développement de son audience politique—la candidature de Poutou traîne.

La GA déclare : « L’impasse de la campagne Poutou, votée majoritairement par le NPA, est patente et grave. Elle apparaît au mieux comme une candidature marginale de témoignage, impuissante, au pire, comme une candidature inutile et inaudible ». Par contre, « la candidature de Mélenchon est la seule à exister à une échelle de masse avec des meetings nombreux, une présence médiatique, un niveau d’intentions de votes crédibles ».

Ceci ne fait que souligner que le NPA n’est pas un parti qui tente de se développer dans la classe ouvrière dans une lutte politique contre la bourgeoisie et l’Etat, mais un parti petit-bourgeois qui tente de se former un petit électorat grâce à l’aide et à la complicité des médias bourgeois.

Bien que négociée principalement par la GA, le projet d’alliance avec Mélenchon est manifestement défendu par les sections du NPA qui s’étaient opposées à la plateforme B, notamment l’entourage de Besancenot. Le lundi 13 février, celui-ci s’est rendu devant l'ambassade de Grèce à Paris pour manifester avec Mélenchon.