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  WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada: Le NPD choisit un ex-ministre libéral comme chef de parti

Par Keith Jones
30 mars 2012

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Le parti social-démocrate du Canada, les néo-démocrates (NPD), a choisi Thomas Mulcair pour succéder à Jack Layton, maintenant décédé, en tant que chef de parti et de l'opposition officielle au niveau fédéral. Ancien ministre du cabinet libéral au Québec, Mulcair s'est joint au NPD il y a seulement cinq ans, après avoir sérieusement considéré l'offre du premier ministre Stephen Harper de devenir haut conseiller pour le gouvernement conservateur.

Durant les sept mois qu'a duré la course à la direction, Mulcair s'est présenté comme le candidat le mieux placé pour « élargir » l'appui électoral du NPD en lançant un appel aux « progressistes » de tous les partis. Même si le NPD s'est débarrassé depuis longtemps de son programme réformiste, en accueillant la « responsabilité financière » et les baisses d'impôt aux grandes entreprises, ainsi qu'en appuyant la participation du Canada dans les guerres impérialistes menées par les États-Unis, Mulcair a soutenu durant la majorité de la campagne que le NPD devait se diriger vers le « centre » et a critiqué les « vieilles idées » des politiques et de la rhétorique du NPD.

Sans fournir trop de détails, Mulcair n'a pas hésité à répéter la rengaine habituelle des médias capitalistes que le NPD manque de crédibilité sur les questions économiques. En tant que ministre du Parti libéral au Québec, Mulcair a donné son appui à toute une série de mesures de droite, dont la modification du code du travail provincial pour faciliter la sous-traitance, une législation donnant le « droit » à l'existence de cliniques de santé privées et une loi imposant de nombreuses concessions aux contrats de travail d'un demi-million de travailleurs du secteur public.

Mulcair a eu besoin de quatre tours de votes de la part des membres du parti pour l'emporter sur ses six rivaux, mais il a maintenu une avance importante durant tous les tours. Lors du dernier vote, il a récolté presque 15 points d'avance sur son plus proche rival, soit 57 pour cent du total, comparativement à 43 pour cent pour l'ancien président du parti Brian Topp. Avant la tenue du vote final, plus de la moitié des députés du NPD avaient publiquement donné leur appui à Mulcair.

Mulcair n'a pas caché son désir de distancer le NPD des syndicats. En septembre dernier, il est intervenu vigoureusement pour s'opposer à la tentative de réintroduire la participation de syndicats affiliés dans le choix du chef du NPD. Malgré tout, Mulcair a obtenu un appui considérable de la part de la bureaucratie syndicale, dont un appui officiel de la part de deux des plus importants syndicats du secteur privé au pays, les TUAC et le SEIU. Après que Peggy Nash, ancienne officielle des TCA et députée pour Toronto, a été obligée de retirer sa candidature samedi, Paul Moist, le président du SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique), le plus grand syndicat au pays, a donné son appui à Mulcair.

Un proche collaborateur de Jack Layton, Topp, le candidat ayant fini en deuxième place, a bénéficié du soutien de sections importantes de la bureaucratie syndicale et de la bureaucratie du NPD, dont l'ancien premier ministre de la Saskatchewan, Roy Romanow, dont les coupes dans les dépenses sociales et les budgets équilibrés ont été présentés à maintes reprises par Topp comme un modèle pour le NPD. Topp a été l'un des architectes de l'entente avortée pour une coalition en 2008 en vertu de laquelle le NPD acceptait de servir en tant que partenaire junior dans un gouvernement dirigé par les libéraux et était voué à mettre en œuvre le plan libéral-conservateur de réduction d'impôt des entreprises de 50 milliards de dollars et de poursuite de la guerre en Afghanistan jusqu'en 2011.

Pendant la course à la direction, Topp s’est lui-même proclamé le champion des valeurs « traditionnelles » néo-démocrates et a averti à plusieurs reprises que Mulcair effacerait toute distinction entre les sociaux-démocrates et les libéraux, le parti préféré de la grande entreprise canadienne pendant la majeure partie du vingtième siècle.

Quelques jours seulement avant la conclusion de la course à la direction, un partisan éminent de Topp, vétéran politique et ancien dirigeant fédéral du NPD, Ed Broadbent, a sollicité de nombreuses entrevues de la part des plus importants médias au Canada, afin d'émettre un pamphlet politique sans précédent contre Mulcair. Bien que l'intervention de Broadbent a été sans aucun doute motivée par des considérations partisanes, à la fois lui et Topp ont à maintes reprises insisté sur l'importance du mouvement Occupons et de la colère populaire grandissante envers les inégalités sociales. En outre, Broadbent a à plusieurs reprises exprimé la crainte que le NPD puisse être dépassé par un mouvement de gauche, c'est-à-dire que le NPD pourrait être tellement identifié à l’establishment qu'il deviendrait ainsi inefficace dans l'accomplissement de son rôle de policier politique de la classe ouvrière au nom du capitalisme canadien.

Bien que le NPD ait été catapulté au rang d'opposition officielle lors de la dernière élection fédérale, la base de son soutien actif demeure très limitée. Seulement 65.000 personnes, soit à peine la moitié des 130.000 membres du NPD à l’échelle nationale, ont participé au vote.

Bien qu'il y ait eu des spéculations dans la presse à propos d’une tentative d’empêcher une victoire de Mulcair, aucun des autres candidats ne s’est rallié à Topp lorsqu’ils ont été éliminés du scrutin samedi. Et quand Mulcair a pris la scène pour livrer son discours de victoire, de manière prévisible, Topp était à ses côtés pour démontrer son plein appui au nouveau chef du parti.

De manière significative, celui qui est arrivé en troisième place, le député Nathan Cullen de la Colombie-Britannique, a placé au centre de sa campagne son appel au NPD pour présenter des candidats conjointement avec les libéraux et le Parti vert dans les circonscriptions détenues par les conservateurs lors de la prochaine élection fédérale. Le coprésident de la campagne de Cullen, l’organisateur de longue date Jamey Heath, a rapidement proclamé que la part de 24 pour cent du vote obtenu par Cullen lors du troisième scrutin reflétait le large appui à l’intérieur du NPD pour la création d’une coalition « progressiste » anti-Harper. « L'appui que nous avons reçu reflète quelque chose sur l’état des politiques progressistes » a dit Heath au Toronto Star. « Ce qui se passe ici est que les néo-démocrates sont certainement prêts à avoir une conversation respectueuse sur la coopération [avec les libéraux]. Les gens… croient que le parti devrait avoir cette discussion. »

Lorsque vient le temps de discuter de l’évolution de partis sociaux-démocrates comme le NPD, les concepts « droite » et « gauche » ne veulent plus dire grand-chose, vu que ces partis ont tellement évolué vers la droite au cours des trois dernières décennies. Ils n’ont même plus la prétention de représenter la classe ouvrière et, au Canada, tout comme ailleurs dans le monde, ils jouent un rôle majeur dans le démantèlement des services publics et des politiques sociales qu'ils avaient eux-mêmes présentés comme une preuve que le capitalisme pouvait être humanisé par des réformes parlementaires.

Au moment même où les responsables syndicaux étaient réunis à Toronto pour le congrès à la direction qui accompagnait le vote électronique provenant des quatre coins du Canada, le NPD de l’Ontario était impliqué dans des discussions secrètes avec le gouvernement libéral de l’Ontario au sujet d’un accord pour imposer des baisses de salaires sur les travailleurs du secteur public.

Cela dit, il ne fait pas de doute que l’élection de Mulcair représente un tournant encore plus vers la droite. C’est un aveu public que le NPD est un parti de la grande entreprise, semblable aux démocrates aux États-Unis ou au Nouveau Parti travailliste en Grande-Bretagne.

Au moment où la plus grande crise du capitalisme mondial depuis la Grande Dépression et l’adoption de la guerre et de la réaction sociale par la bourgeoisie propulsent la classe ouvrière dans des luttes sociales explosives, les sociaux-démocrates et les bureaucrates syndicaux sont impatients de prouver à l’élite dirigeante canadienne qu’ils peuvent servir de parti apparemment de « gauche » du gouvernement, utilisant des phrases populistes tout en imposant impitoyablement les dictats de la grande entreprise.

(Article original paru le 27 mars 2012)

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