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Quels enseignements tirer de la lutte chez Cooper Tire ?

Par Andre Damon
6 mars 2012

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Lundi 27 février, les plus de 1000 travailleurs qui faisaient l'objet d'un lock-out chez Cooper Tire à Findlay (Ohio) ont accepté lors d'un vote les exigences de l'entreprise de réduire leurs salaires, mettant fin à un lock-out de trois mois.

Depuis novembre, ces travailleurs avaient mené une lutte courageuse contre Cooper Tire, contre les politiciens du patronat, les médias et même contre leur propre syndicat, pour la défense de leur droit à travailler pour un salaire qui leur permette de vivre. Toutefois, le syndicat des métallurgistes United Steel Workers (USW), a réussi à imposer un accord élargissant fortement le pouvoir de la direction de re-catégoriser les emplois, de baisser les taux de salaire et de pousser les travailleurs plus âgés et mieux payés dehors pour les remplacer par des travailleurs jeunes ne gagnant que 13 dollars l'heure.

La décision d'accepter ce contrat ne fut pas la conséquence d'un manque de détermination de la part des travailleurs, elle souligne plutôt le fait que les travailleurs ont besoin de nouvelles organisations et d'une nouvelle stratégie afin de faire avancer leurs luttes.

A toutes les étapes de la lutte, les travailleurs ont été confrontés à l'USW non pas en tant qu'allié mais comme agent de la direction cherchant à les isoler, à les démoraliser et à les vaincre. Bien qu'il dispose d'une cagnotte de grève de 150 millions de dollars, l'USW a refusé de verser une allocation de grève aux travailleurs, ne leur remettant que quelques centaines de dollar en bons d'achat pour payer l'épicier.

Le syndicat a délibérément écarté la lutte à Findlay de celle d'un accord de négociation séparé avec 1.500 travailleurs de l'usine Cooper Tire à Texarkana, en Arkansas, y adoptant un accord tandis que les travailleurs à Findlay restaient soumis au lock-out.

L'empressement des syndicats d'octroyer des concessions n'est pas simplement dû à la perfidie et à la cupidité des fonctionnaires syndicaux, il découle de leur acceptation inconditionnelle du système capitaliste.

L'énorme défi auquel sont confrontés les travailleurs est qu'ils sont en conflit non pas seulement avec une seule entreprise ou un seul dirigeant de société mais avec l'ensemble du système social, économique et politique. Chaque lutte représente la forme locale d'un processus universel. A la base, ce qui se passe pour les travailleurs à Findlay, en Ohio est la même chose que ce qui se passe pour les travailleurs en Grèce où la majorité de la population est jetée dans la pauvreté par les dictats des banques. Les mêmes exigences se répètent d'une entreprise à l'autre, d'un pays à l'autre.

Ce qui s'est passé chez Cooper Tire fait partie d'une lutte mondiale entre deux forces sociales concurrentes: la bourgeoisie et la classe ouvrière, chacune donnant sa réponse à la crise mondiale qui s'est abattue sur la société. La classe dirigeante a cherché à utiliser la crise pour restructurer les relations de classe. En ce qui la concerne, un emploi sûr à salaire décent fait partie du passé, dans la mesure où ceci a existé. Les travailleurs vont devoir se contenter de 13 dollars l'heure, ce qui deviendra le critère pour des salaires encore plus bas.

Les syndicats jouent un rôle de facilitateur. Une section de la classe dirigeante a conclu une entente avec eux. Les dirigeants syndicaux conservent leurs salaires juteux tant qu'ils aident la classe dirigeante à démolir tout ce qui a été acquis dans le passé. Ces derniers préfèrent ne pas avoir de luttes mais, lorsqu'on se dresse contre leurs souhaits, comme à Findlay où le patronat a décidé de mettre les travailleurs dehors, ils appliquent une méthode qui a été affinée par des décennies de pratique : isoler la lutte tout en complotant avec l'entreprise pour imposer tout ce qu'elle voulait en premier lieu.

Les travailleurs doivent adopter exactement le programme inverse de celui proposé par les syndicats. Ils doivent unifier en un mouvement commun contre la classe capitaliste et le système capitaliste les luttes de tous les travailleurs, dans chaque usine, dans chaque Etat et pays.

Dans les usines et sur les lieux de travail, cela signifie mettre à la porte les agents syndicaux du patronat pour les remplacer par des comités de la base organisés par les travailleurs eux-mêmes afin de mobiliser la classe ouvrière contre les exigences des grands groupes et du gouvernement.

Toutefois, les grèves et la combativité ne suffiront pas forcément à contrer l'offensive de la classe dirigeante. La crise doit être traitée à sa racine, le système capitaliste ; un système social basé sur l'exploitation de la classe ouvrière pour en tirer du profit. L'alternative au capitalisme est le socialisme. Le socialisme signifie l'égalité authentique, sur la base d'un contrôle démocratique de l'économie. Les groupes géants doivent être nationalisés et placés sous le contrôle de la classe ouvrière afin de satisfaire les besoins sociaux et non le profit privé.

Aux Etats-Unis, la classe dirigeante et les médias ont consacré beaucoup d'énergie et de ressources pour essayer de convaincre les travailleurs que le socialisme était leur ennemi. En effet, ils sont terrifiés que la perspective du socialisme ne s'empare une fois de plus des masses. Et ils ont raison de l'être. Le pouvoir de la perspective socialiste émane du fait qu'elle exprime les intérêts historiques essentiels de la classe ouvrière.

Les syndicats eux-mêmes ont reflété cette inquiétude durant le lock-out chez Cooper Tire. L'influence grandissante de la campagne menée par le Socialiste Equality Party (Parti de l'Egalité socialiste, SEP) ne fut pas un facteur négligeable dans la détermination du syndicat de mettre fin à la lutte. La veille du vote, le syndicat avait mis en garde les travailleurs de ne pas lire les tracts distribués par le SEP ce qui n'a fait qu'augmenter l'intérêt des travailleurs. Les médias locaux étaient préoccupés par l'influence d'« agitateurs extérieurs. »

La lutte pour le socialisme doit être une lutte politique. La classe dirigeante a ses partis politiques - les Démocrates et les Républicains qui ensemble sont le fer de lance de cette attaque au moyen d'un chômage élevé. C'est la politique délibérée du gouvernement Obama. Au début de cette semaine, Obama s'était exprimé lors d'une réunion du syndicat de l'automobile Union of Automobile Workers (UAW) où tout le monde avait encouragé la restauration des profits pour les sociétés automobiles réalisés sur la base d'une attaque historique à l'encontre des travailleurs de l'automobile.

La classe ouvrière a besoin de sa propre politique et de son propre parti. Le Socialist Equality Party et ses candidats, Jerry White et Phyllis Scherrer, participent aux élections de 2012 pour lutter pour cette perspective. L'objectif de la campagne n'est pas d'ouvrer à l'intérieur du système politique existant dominé par l'argent et la corruption mais de mener un mouvement de masse contre lui en opposition au  système capitaliste.

Nous invitons instamment les travailleurs de Cooper Tire et les travailleurs partout dans le pays et dans le monde à soutenir cette campagne comme étant leur campagne et d'entreprendre une lutte pour le socialisme.

Pour de plus amples renseignements et pour participer, visitez le site et cliquer ici socialequality.com

 (Article original paru le 2 mars 2012)

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