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LO mène une campagne nationaliste dans l'élection présidentielle française

Par Anthony Torres
23 mars 2012

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Le 7 mars 2012 a été déposé au Conseil constitutionnel les 521 signatures de maires requises pour la participation à l'élection présidentielle de la candidate Nathalie Artaud, héritière d'Arlette Laguiller à la tête de Lutte ouvrière (LO). Elle était la première personne à être officiellement reçue sur la liste des candidats qui se présentent à l'élection présidentielle.

Nathalie Arthaud s'appuie sur un programme national, dissimulant les crimes de l'impérialisme et s'appuyant sur l'illusion que les syndicats pourront se transformer en outil de lutte politique du prolétariat. Pour se donner une couverture de gauche, elle utilise un vocabulaire pseudo-marxisant, traitant de la lutte des classes comme d'une abstraction largement vidée de sens.

Suite au dépôt des signatures, le Nouvel Observateur a relayé les propos de Nathalie Arthaud dans l'article intitulé "Nathalie Arthaud, candidate de LO, première à rendre publiques ses 500 signatures" : « Il s'agit d'opposer à la politique toujours en faveur des plus gros et des grandes entreprises une politique pour les travailleurs. Le patronat n'en a jamais assez, il est prêt à condamner à la misère les travailleurs ».

Dans la déclaration annonçant sa campagne, LO avance une série de revendications, la plupart associées historiquement au mouvement ouvrier—l'échelle mobile des salaires, des retraites et des pensions, l'interdiction des licenciements et le maintien intégral du salaire, et enfin le contrôle des travailleurs et de la population sur les entreprises. LO explique que ce programme ne peut être imposé que par la lutte. Cependant, Nathalie Arthaud ne dit pas sur quelle perspective.

Par ce silence, LO tente de maintenir l'illusion qu'il sera possible d'obtenir de telles avancées sous le capitalisme, avec l'aide des syndicats faisant pression sur un futur gouvernement, éventuellement dirigé par François Hollande, candidat du Parti Socialiste (PS).

LO sait très bien que le PS mènerait une politique de droite. Il fait observer qu'entre Hollande et le président sortant de droite, Nicolas Sarkozy, « les différences politiques sont mineures sur la question fondamentale de la politique à mener face à la crise ». Cependant, la perspective de LO est d'apporter un soutien plus ou moins explicite au PS, malgré la politique anti-ouvrière du PS—comme en 2007, lorsqu'Arlette Laguiller avait appelé à voter pour la candidate du PS, Ségolène Royal, au second tour contre Sarkozy.

Lors des élections municipales de 2008, LO avait proposé des alliances locales aux autres partis de la « gauche » bourgeoise. Georges Kaldy a expliqué, «Nous n'offrons pas nos services au PS, mais là où la gauche peut être supplantée par la droite ou regagner une municipalité, nous discutons. Nous ne voulons pas que notre score puisse favoriser la droite ». Pour expliquer les raisons pour lesquelles il défendait le PS en 2007, alors qu'il n'avait pas osé ouvertement le faire avant les élections de 2002, Kaldy a ajouté : « En 2001, on n'avait pas envie de cautionner la gauche au pouvoir. L'élection de Sarkozy et son offensive générale contre les travailleurs ont changé la donne ».

Nathalie Arthaud est conseillère municipale chargée de la jeunesse à Vaulx-en-Velin, où elle a été élue sur une liste conduite par le Parti communiste français (PCF), à laquelle participaient également les groupes Initiative citoyenne et Les Alternatifs (anarchistes).

Arthaud et LO gardent le silence le plus total sur la collaboration entre les syndicats, et en particulier la CGT, avec Sarkozy dans l'imposition de mesures d'austérité contre la classe ouvrière. Ceci est particulièrement flagrant pour ce qui est de son attitude envers la grève des raffineries de pétrole de l'automne 2010 contre la réforme des retraites par Sarkozy.

LO avoue dans son article "Bilan du mouvement du 7 septembre", paru en novembre 2010, que les syndicats étaient franchement hostiles à la perspective d'une grève générale, pour ne pas parler d'une lutte révolutionnaire, contre la réforme. Cependant, il attaque toute critique du rôle des syndicats dans la négociation de la réforme avec Sarkozy.

L'article dit : « Il est puéril d'en accuser l'absence d'appels dans ce sens de la part des confédérations syndicales. Celles-ci, en l'occurrence la CGT et la CFDT –car SUD et, dans un autre genre, FO étaient d'autant plus portées à des phrases radicales qu'elles n'avaient ni la force ni l'autorité nécessaires pour faire ce qu'elles prétendaient utile de faire – n'avaient évidemment nulle envie de mener une politique préparant la grève générale. Mais elles n'ont rien freiné non plus car, en l'occurrence, elles n'avaient rien à freiner ».

Ainsi, pour LO il n'y avait aucun mouvement et aucune opposition objective du prolétariat à la réforme, mais simplement des syndicats pas assez radicaux. La faute, selon LO, en incombe au prolétariat qui n'a pas suivi la bureaucratie syndicale. Cette présentation est fausse et fait preuve de démoralisation, car les travailleurs étaient profondément hostiles à cette réforme et les manifestations étaient suivies par des millions de personnes.

LO ajoute : « Il n'en reste pas moins que ce mouvement a été, avec ses limites, un succès pour les travailleurs eux-mêmes de par le simple fait qu'ils ont relevé la tête et ont montré qu'il va falloir compter avec eux ».

LO considère donc que la reprise de contrôle des raffineries et des dépôts pétroliers par les CRS, la réquisition des travailleurs pour refaire fonctionner les raffineries, et le contrôle d'un mouvement social par des syndicats anti-révolutionnaires constituent un « succès ».

Ceci s'explique par le fait que LO soutient toutes les initiatives des luttes dirigées par les syndicats visant à contrôler le mouvement de la classe ouvrière. En 2009, LO s'était opposée à toute lutte visant à sauver l'usine Continental de Clairoix. LO, tout comme le délégué syndical sympathisant de LO Xavier Mathieu, s'étaient félicités des primes de licenciements obtenues en échange de la fermeture de l'usine par les syndicats.

La défense des emplois et des acquis sociaux de la classe ouvrière passent par une lutte politique indépendante des travailleurs pour la prise du pouvoir de la classe ouvrière en rupture avec les syndicats et le PS et ses organisations subalternes. LO est hostile à une telle perspective.

Concernant la politique étrangère de l'impérialisme français, la déclaration de LO ne dit pas un mot—préférant laisser au NPA et aux autres organisations la tâche de soutenir officiellement les interventions militaires et les préparatifs de guerre de la France et de l'OTAN dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen Orient.

Cette indifférence de LO sur les guerres et les effets qu'elles auront sur le prolétariat international marque LO comme non pas une organisation ouvrière, mais comme une organisation représentant une couche des classes moyennes et notamment des bureaucraties syndicales. LO ne dit rien sur les centaines de milliers de travailleurs et d'opprimés qui trouveront la mort dans ces guerres. Quant au prolétariat en France, il risque des programmes d'austérité similaires à ce que connaît la Grèce si l'Etat français tente de trouver l'argent dont il aura besoin pour ses campagnes militaires.

Ces programmes d'austérités et les interventions militaires de la France rencontreront l'hostilité des travailleurs d'où la nécessité pour la bourgeoisie française de s'attaquer aux droits démocratiques de la classe ouvrière : loi contre la burqa, l'expulsion des Roms, les répressions envers les grévistes des raffineries pendant la réforme des retraites. LO ne dit rien non plus sur cela, démontrant le peu d'importance que ce parti attache aux droits démocratiques de la classe ouvrière.

Comme les autres soi-disant partis « d'extrême gauche », LO travaille pour que la classe ouvrière continue de soutenir la politique nationale et internationale de la bourgeoisie française. LO et Nathalie Arthaud n'ont rien de commun avec les traditions socialistes et internationalistes qu'ils revendiquent.

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