En tant que candidat du Parti de l’égalité
socialiste à la présidentielle américaine, je condamne la persécution de
Bradley Manning et j’exige sa libération immédiate.
Sa mise en accusation officielle est prévue pour
jeudi lorsqu’il sera inculpé de 22 chefs d’accusation dont de « collusion
avec l’ennemi ». S’il est condamné, il encourt une éventuelle condamnation à
mort bien que les procureurs militaires ont dit ne demander « que » la
prison à vie.
Manning a été détenu pendant plus d’un an et demi
et soumis à un régime de détention à l’isolement total, à une nudité forcée,
à la privation de sommeil et à d’autres cruautés correspondant à des actes
de torture. Son emprisonnement dépasse largement la durée de 120 jours à
compter de son arrestation avant d’être traduit en cour martiale et
contrevient au droit constitutionnel de bénéficier d’un procès rapide.
La procédure devant cour martiale a pour objectif
d’empêcher tout examen sérieux des questions politiques fondamentales
reliées tout en anéantissant la vie du jeune homme afin de servir d’exemple
à quiconque tenterait d’exposer les crimes de l’armée américaine.
Manning est soupçonné d’avoir fourni à WikiLeaks
des centaines de milliers de documents sur les machinations américaines à
l’étranger ainsi qu’une vidéo montrant un hélicoptère militaire massacrant
des civils irakiens. Et pourtant, ce ne sont pas les criminels de guerre
qu’Obama poursuit, mais ceux qui auraient joué un rôle dans la divulgation
de ces crimes.
S’il est responsable de ces fuites, Manning, qui
n’a que 24 ans, mérite non pas une condamnation, mais un soutien. Ses
actions sont l’expression d’un dégoût grandement ressenti dans la population
contre la guerre en Irak et le militarisme américain.
Alors que Manning risque la prison à vie, le mois
dernier précisément, le sergent-chef Frank Wuterich, le chef de l’escadron
militaire qui avait reconnu le massacre systématique de 24 civils irakiens à
Haditha en 2005, est parvenu à un arrangement qui lui garantira d’échapper à
la prison. Tous ceux qui étaient impliqués dans ce massacre sont désormais
libres.
Le traitement brutal infligé à Manning a pour but
de l’obliger à négocier un plaidoyer qui aidera le gouvernement dans sa
plainte contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui se trouve
actuellement en Grande-Bretagne. Ce dernier a fait appel de son extradition
de la Grande-Bretagne vers la Suède pour des accusations d’agression
sexuelle sans fondement et qui pourraient éventuellement aboutir à son
extradition vers les Etats-Unis.
Selon le raisonnement du gouvernement américain,
les révélations de WikiLeaks des crimes de guerre américains ont aidé Al
Qaïda et « l’ennemi » et constituent de ce fait des actes de terrorisme. Le
gouvernement Obama, qui a déjà déclaré son droit d’assassiner n’importe qui,
y compris des citoyens américains qu’il accuse de terrorisme, ou
d'emprisonner indéfiniment sans qu'aucune accusation ne soit portée.
Le traitement de Manning par le gouvernement Obama
expose ce dernier comme un gouvernement de l’appareil policier et militaire
ainsi que de l’élite des affaires et de la finance. En attaquant les droits
démocratiques, comme dans tous les aspects fondamentaux de la politique
gouvernementale, Obama a poursuivi et élargi la trajectoire droitière de son
prédécesseur.
Les droits constitutionnels les plus fondamentaux
sont en réalité abolis aux Etats-Unis. Le droit d’habeas corpus a été
répudié dans la politique de la détention militaire illimitée sans
inculpation, officiellement adoptée et inscrite dans la loi du National
Defense Authorization Act signé l’année dernière par Obama. Le gouvernement
s’est arrogé le droit d’espionner la population. Les révélations de
WikiLeaks ont également renforcé les tentatives du gouvernement américain
d’exercer davantage de contrôle sur l’Internet.
Après son accession au pouvoir en promettant un
gouvernement « ouvert », le gouvernement Obama a poursuivi en justice plus
de dénonciateurs d’abus tel Manning en vertu de la loi sur l’espionnage que
tous les autres gouvernements précédents réunis. Il a classifié des
quantités records de données dans le but de maintenir le monde et la
population américaine dans l’ignorance quant aux actions et aux projets du
gouvernement.
A l’origine des attaques contre les droits
démocratiques, il y a le système capitaliste – la subordination de
l’ensemble du système économique et politique aux intérêts de profits d’une
infime élite. La classe dirigeante aux Etats-Unis est déterminée à défendre
ses intérêts à l’encontre d’une opposition grandissante, notamment par
l’expansion des guerres et par l’assaut contre la classe ouvrière.
Nous vivons dans une société dans laquelle une
petite couche de la population contrôle la grande majorité de la richesse.
Comme le SEP l’a expliqué dans son programme, « L’accroissement de
l’inégalité sociale est incompatible avec la démocratie. La nouvelle
aristocratie va de pair avec le principe aristocratique de gouvernement
selon lequel l’Etat opère de plus en plus ouvertement comme un instrument de
la classe dirigeante. » Après avoir renfloué les banques et sauvegardé la
richesse de l’élite financière, l’ensemble de l’establishment
politique est d’accord pour insister sur le fait que les travailleurs
doivent payer.
Lors de notre campagne, le Socialist Equality
Party luttera pour lier la défense des droits démocratiques contre les
dictats de l’élite patronale et de ses représentants politiques aux luttes
croissantes des travailleurs aux Etats-Unis et de par le monde. Les droits
démocratiques ne peuvent être défendus que par l’extension de la démocratie
à la vie économique. Ceci signifie la lutte pour l’égalité et pour le
socialisme.
(Article original paru le 20 février 2012)