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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Comment lutter contre les mesures d'Etat policier d'Obama

Déclaration de Jerry White, candidat à la présidence US du SEP
13 mars 2012

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La poussée vers un Etat policier américain qui avait débuté sous George W. Bush est en train de s'accélérer sous son successeur démocrate. Le gouvernement Obama fait actuellement valoir le droit de tuer ou d'emprisonner quiconque est désigné par le président comme étant une menace à la sécurité nationale américaine. Obama et ses conseillers juridiques déclarent que ceci est un pouvoir absolu de l'exécutif, échappant au contrôle de tout tribunal ou du Congrès.

Le 5 mars à l'université Northwestern de Chicago spécialisée en droit, le procureur général d'Obama, Eric Holder, a défendu la doctrine des assassinats dans un discours où il a présenté le fondement légal de l'assassinat d'Anwar al-Awlaki, le citoyen américain qui fut brûlé en septembre dernier au Yémen par un missile tiré à partir d'un drone contrôlé par la CIA.

Selon Holder, la résolution du Congrès, adoptée immédiatement après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, confère au président, en sa qualité de commandant en chef, un pouvoir permanent d'ordonner des assassinats d'Etat extrajudiciaires entièrement et uniquement à sa discrétion et sans même le besoin d'un prétexte ni même de toute autre forme de contrôle judiciaire.

Ce discours a fait l'affirmation extraordinaire que le droit à la « procédure légale régulière », garanti à tous les Américains en vertu du Cinquième amendement, ne signifie pas un « processus juridique. » Ceci veut dire que la détermination du président à ce qu'un citoyen américain puisse être tué - n'importe où, y compris aux Etats-Unis mêmes - répond aux critères de la Constitution.

Le discours du procureur général a été grandement ignoré par les médias de masse et, le lendemain, lors de la conférence de presse d'Obama pas un seul journaliste ne lui a posé la moindre question sur cette nouvelle doctrine du droit présidentiel au meurtre. Ceci ne fait que montrer l'extrême érosion qui s'est produite au cours de ces dernières décennies dans la conscience démocratique de la classe dirigeante américaine, depuis les élections présidentielles volées de 2000. Il n'existe pas de groupe significatif qui défende les droits démocratiques dans quelque section que ce soit de l'élite dirigeante américaine, démocrate ou républicaine.

Le discours de Holder fait suite au décret d'Obama du 28 février faisant officiellement entrer en vigueur les dispositions de la National Defense Authorization Act de 2011. Cette loi confère au président le pouvoir d'interpeller aux Etats-Unis toute personne, citoyen américain ou non, et de les emprisonner indéfiniment sans jugement.

Alors que ce décret prétend ostensiblement lever le pouvoir de détenir indéfiniment des citoyens américains, ce n'est en fait qu'une fraude cynique de la part du gouvernement. La loi subsiste et peut être appliquée à tout moment.

Holder a été désigné comme l'agent du président pour prendre des décisions quotidiennes sur le sort des non-citoyens qui sont capturés en tant que suspects dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme. » Il est en mesure d'ordonner que les personnes arrêtées soient placées en garde à vue militaire où leur détention échapperait au contrôle d'un juge ou qu'elles soient transférées à un système judiciaire civil où elles seraient jugées par une cour fédérale.

Finalement, Obama a promulgué jeudi la loi HR 347, un projet de loi qui élargit considérablement les lois antidémocratiques existantes interdisant les protestations et la désobéissance civile à la Maison Blanche ou en tout autre endroit où se rendent le président, le vice-président ou d'autres responsables en vertu de la protection des services secrets. Ceci comprend trois des quatre candidats présidentiels républicains restants, Mitt Romney, Rick Santorum et Newt Gringich.

L'interdiction s'appliquerait aux congrès et aux débats nationaux démocrates et républicains ainsi qu'aux rassemblements lors des campagnes électorales pour les présidentielles sous peine d'un an d'emprisonnement ou jusqu'à dix ans si les manifestants sont jugés avoir été « violents. »

Le Federal Restricted Buildings and Grounds Improvement Act de 2011 (« loi de 2011 sur les bâtiments fédéraux et les terrains fédéraux à accès restreint ») a été adopté à 388 voix contre 3 à la Chambre des Représentants et au Sénat sans un seul vote contre. Les médias américains ont quasiment gardé le silence sur cette loi et le site internet de la Maison Blanche a publié une note disant qu'Obama l'avait signée sans y apporter d'autre commentaire.

Le démantèlement des principes démocratiques les plus fondamentaux est la conséquence d'une croissance extrême de l'inégalité sociale. L'aristocratie des ultra-riches requiert que le gouvernement fonctionne de plus en plus ouvertement comme un instrument de la dictature de classe. Durant la dernière décennie, les attaques perpétrées contre les droits démocratiques ont été menées sous la bannière de l'« anti-terrorisme ». Mais, la véritable cible des méthodes de surveillance de masse, de détention sans jugement, de torture d'Etat et de meurtre n'est pas une poignée de fondamentalistes islamistes mais la grande masse des travailleurs.

Il est impossible pour l'élite dirigeante d'imposer démocratiquement son programme de réduction drastique des emplois, du niveau de vie et des services sociaux. Au lieu de cela, ce qu'on voit émerger en Amérique c'est un « Etat de sécurité nationale » (« national security state ») impliquant des centaines de milliers de policiers, d'espions et de nervis, soutenus par le pouvoir militaire du Pentagone qui commande davantage de ressources que toutes les forces militaires du reste du monde réunies.

Le Parti de l'Egalité socialiste (Socialist Equality Party) appelle les travailleurs à lancer une contre-offensive pour la défense des droits démocratiques, comprenant la fermeture de toutes les filiales des appareils d'Etat policier, du Département de la sécurité intérieure au FBI et de la CIA, en abrogeant le Patriot Act, la NDAA, la HR 347 et une multitude d'autres lois antidémocratiques.

La défense de la démocratie doit être liée à la mobilisation de masse de la classe ouvrière en opposition au système capitaliste. Le socialisme requiert l'extension la plus large des droits démocratiques parce que cela signifie pour la première fois dans l'histoire, que la grande majorité des gens, la classe ouvrière, exercera le pouvoir de l'Etat.

En d'autres termes ceci signifie la mise en place d'une démocratie authentique, non seulement dans le domaine politique mais sur les lieux de travail aussi, donnant aux travailleurs le contrôle sur les emplois, les conditions de travail, les salaires et les prestations ainsi que sur le processus de production en général, et l'abolition de la dictature de la richesse du patronat.

(Article original paru le 9 mars 2012)

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