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Nous reproduisons la lettre que le PES a envoyée a monsieur Godbout

 

Cher M. Godbout,

Nous avons reçu votre lettre qui explique en détails vos déboires avec la CSST, et nous tenons à vous exprimer en partant notre complète solidarité avec vous.

Nous partageons votre indignation quant au comportement de la CSST et du BÉM, qui sont directement responsables de l'état d'invalidité dans lequel vous vous trouvez maintenant. Les faits que vous rapportez ne laissent aucun doute là-dessus: la CSST a fait fi de l'opinion de trois médecins traitants qui avaient établi que vous aviez une hernie discale (problème chronique qui nécessite une intervention chirurgicale). Elle a pris soin, en transférant votre dossier au BÉM pour arbitrage, de trafiquer le diagnostic de votre médecin traitant pour faire disparaître toute mention de 'hernie discale'. Quant au médecin du BÉM, il vous a déclaré 'guéri et apte au travail' sans même après avoir pris la peine de vous examiner attentivement. Finalement, vous avez été forcé de reprendre votre travail où vous aviez à soulever des poids de plus de 50 kilos. Voilà la chaîne d'événements qui a mené à l'aggravation de votre problème de dos déjà chronique. Après votre intervention chirurgicale, la CSST a dû se plier à l'évidence qu'il y avait bel et bien hernie discale. Mais, en cherchant à le faire passer pour un accident de travail de date récente, et non l'aggravation d'un mal existant quatorze mois plus tôt et qu'elle avait refusé de reconnaître, elle ne fait qu'ajouter l'insulte à l'injure.

Comme vous le constatez vous-même dans votre lettre, l'expérience amère que vous avez vécue est loin d'être un cas isolé. La CSST est beaucoup plus préoccupée par des considérations budgétaires -- minimiser les prestations versées aux accidentés de travail en les retournant au travail, qu'ils soient guéris ou non -- que par un souci d'assurer la santé et la sécurité des travailleurs, ce qui est son mandat officiel.

Mais ce qui donne à votre expérience une signification vraiment universelle, c'est qu'elle démontre à quel point, non seulement la CSST et le BÉM, mais tout l'éventail des institutions officielles est déconnecté des préoccupations et des besoins du monde ordinaire. Pour s'en convaincre, il suffit de dresser une liste des organismes à qui vous avez fait appel, et qui vous ont, d'une façon ou d'une autre, tourné le dos:

- le Collège des médecins du Québec

- l'Office des professions

- le Conseil Consultatif du travail et de la main-d'oeuvre

- les Nations Unies

- le Bureau international du Travail

- le ministère de la Justice du Canada

- le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social du Canada

- le ministère de la Coopération internationale du Canada

- le Gouverneur général du Canada

- le ministre des affaires étrangères du Canada

- le ministre du Travail du Canada

- le Premier ministre du Canada

- la Reine d'Angleterre

- le Protecteur du citoyen du Québec

- la Commission des droits de la personne du Québec

- le Tribunal des droits de la personne du Québec

- le Premier ministre du Québec

- le ministre du Travail du Québec

- le ministère de la Justice du Québec

- le ministre de la Santé et des services sociaux du Québec

- le vice-premier ministre du Québec

Devant un tel tableau, on ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil critique sur la société qui permet une telle injustice. Est-ce simplement le produit d'une erreur malencontreuse due à l'incompétence bureaucratique? Il faudrait être bien naïf pour le croire. Après tout, non seulement toute la panoplie des institutions gouvernementales, mais aussi une série d'organismes supposément indépendants et appelés à protéger le public contre d'éventuels abus gouvernementaux, n'osent pas lever le petit doigt contre un cas évident d'injustice à votre égard.

Dans ce contexte, nous avons de sérieuses réserves quant à la possibilité de trouver justice en adressant des pétitions à l'Assemblée nationale, comme vous vous proposez de faire. Après tout, qui y trouve-t-on, si ce n'est ceux-là mêmes que vous avez déjà contactés en vain dans les innombrables ministères où vous êtes allés?

Peut-être pensez-vous plutôt à l'Opposition? Mais les Libéraux de Daniel Jonhson sont fondamentalement d'accord avec la politique socio-économique du gouvernement péquiste. Sous Bourassa, puis Daniel Johnson lui-même, les libéraux ont fait des coupures massives dans les dépenses sociales (santé, éducation, bien-être social et autres services sociaux), travail que vise maintenant à parachever le gouvernement Bouchard, au nom du 'déficit zéro'.

En d'autres mots, loin d'être différente de la série d'institutions auxquelles vous vous êtes déjà adressé sans résultat, l'Assemblée nationale en est un élément central. Comme celles-là, l'Assemblée nationale à l'échelle provinciale, et le Parlement au niveau

fédéral, ont pour unique fonction d'imposer les diktats des marchés financiers globaux-- peu importe le mal que de telles politiques causent à la population, et aussi impopulaires soient-elles. Ce n'est pas le moment d'entrer en détails dans cette question, mais il nous semble que votre propre expérience, si elle illustre clairement une réalité sociale, c'est bien la totale incompatibilité entre les besoins des travailleurs ordinaires, et tout l'éventail des institutions officielles, et à fortiori, l'Assemblée nationale.

Cela signifie-t-il qu'il n'y a rien à faire? Pas du tout! Il faut crier haut et fort, certes, mais pas en direction de l'Assemblée nationale ou de toute autre institution qui défend le système de profit. Nous pensons qu'il faut plutôt se tourner vers ceux qui sont comme vous victimes de ce système: les travailleurs, les jeunes, les étudiants, les chômeurs, c'est-à-dire la majorité de la population.

Dans cette optique, vous comprendrez que nous accueillons de tout coeur votre décision d'utiliser l'internet pour exposer votre cas et faire appel aux 'citoyens de la planète'. Nous allons publier votre lettre sur notre site, et nous sommes à votre disposition pour contribuer à toute autre mesure visant à publiciser votre cas.

Mais surtout, nous vous invitons à penser sérieusement à la perspective de lutte que nous présentons sur notre site egalitesociale.com et ailleurs, à savoir: la construction d'un parti politique indépendant des travailleurs, un parti qui lutte pour développer une nouvelle perspective parmi les travailleurs, les jeunes et les chômeurs, anglophones et francophones, une perspective qui rejette la conception dominante selon laquelle il n'y a pas d'argent et que tout, même la santé, la sécurité et la vie des gens, doit être sacrifié sur l'autel du profit.

Les moyens existent pour assurer à tous un niveau de vie décent, les développements technologiques spectaculaires ont augmenté la capacité de production et la richesse sociale, mais cette technologie reste sous le contrôle d'une infime minorité de grandes corporations qui l'utilisent pour accroître leurs richesses au détriment des masses.

Un récent rapport produit par le Programme de Développement des Nations Unis illustre ce fait. Selon ce rapport, 358 milliardaires contrôlent un revenu combiné égal à celui de 45% de la population mondiale, soit 2,3 milliards de personnes. Ces moyens de productions et l'immense potentiel qu'ils contiennent, doivent servir, non pas à accroître les profits d'une minorité de super-riches, mais à satisfaire les besoins de la population en général.

Pour atteindre cet objectif, ce qui est avant tout nécessaire, c'est une lutte politique, qui doit commencer par une étude des expériences passées de la classe ouvrière et le développement d'une nouvelle perspective basée sur l'unité internationale des travailleurs dans une lutte commune contre le systèmne capitaliste. C'est ce pourquoi lutte le Parti de l'égalité socialiste.

En toute solidarité,

Parti de l'égalité socialiste

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