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Correspondance

5000 personnes se mobilisent contre la guerre à Ottawa

23 mars 2003

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Environ 5000 personnes se sont mobilisées sur la colline parlementaire par un temps pluvieux et frisquet pour manifester leur opposition à l'agression impérialiste contre l'Irak. Des gens de tous les âges et de diverses origines ethniques, francophones, anglophones et allophones étaient présents. Le rassemblement commencé à midi a été marqué par une heure de discours devant le Parlement. La présence policière visible était minime. Il était souvent plus intéressant de lire les affiches et les banderoles des manifestants que d'écouter les discours.

Néanmoins, quelques passages ont vraiment suscité l'approbation de la foule: Une oratrice a dit que «nous ne pouvons plus continuer à supporter les politiques des États-Unis au Moyen-Orient. Nous sommes les meilleurs amis des Américains, et les meilleurs amis doivent être honnêtes avec leurs amis. Nous disons à nos amis américains: Bush est en train de transformer votre pays en un État terroriste». Une représentante du mouvement «Code rose» inspiré des manifestantes pacifistes américaines, madame Bachand, a déclaré n'«appuyer la politique d'aucun gouvernement» et qu'«aucun peuple ne veut de cette guerre». Ses propos ont été salués par les manifestants qui ont scandé «solidarité avec les peuples du monde entier».

D'autres intervenants ont dénoncé le gouvernement Chrétien de ne pas être clair dans ses positions et lui ont demandé d'avoir le courage de ses citoyens en disant non à la guerre, et exigé qu'il rapatrie les navires, le matériel et les effectifs militaires canadiens envoyés dans le Golfe sous le prétexte de la guerre au terrorisme, et enfin qu'il condamne sans ambiguïté la guerre. Le délégué syndical James Clancy n'a suscité que très peu d'enthousiasme, se présentant simplement comme un syndicaliste opposé à la guerre, faisant référence à l'ONU qui seule doit décider de la marche des événements. Il a quand même suscité un peu d'enthousiasme à la fin en déclarant que cette guerre «était sale et immorale», mais aussi qu'il appuyait le gouvernement canadien pour la position qu'il a adopté, et que selon lui, ce dernier devrait retourner le pays à son rôle militaire traditionnel de maintien de la paix. Le fait que la foule ait apprécié découle possiblement du fait que la région d'Ottawa compte énormément de familles de militaires.

Une oratrice de l'Ottawa Serbian Heritage Society est venue rappeler que mars marquait le 4e anniversaire du début des bombardements en Yougoslavie et elle a dit que son peuple savait ce qu'était que d'être bombardé. Elle a dit que le nombre de malformations à la naissance a atteint un nombre record depuis ces bombardements, que Bush n'était pas un «véritable» chrétien et que l'expression «frappe préventive» n'était qu'un euphémisme pour «attaque».

Des activistes canadiens à Bagdad devaient s'adresser à la foule en direct à treize heures, mais les bombardements américains ayant détruit le système téléphonique, cela fut impossible. Un courriel a donc été lu dans lequel les activistes signalaient que la ville avait été sévèrement bombardée et qu'ils allaient aujourd'hui constater les dégâts. Le moment le plus poignant de cette première heure fut la diffusion par haut-parleurs d'enregistrements de sirènes de bombardements, d'avions de combats et d'explosions de bombes. Les gens silencieux se bouchaient les oreilles. Il était palpable que les manifestants étaient très sensibles à l'horreur vécue par le peuple irakien. Le silence de mort des manifestants stressés fut remplacé par les cris scandés de «Peace Now!» (la paix maintenant).

Un orateur a ensuite signalé que des milliers d'Américains avaient été arrêtés hier pour avoir manifesté paisiblement leur opposition à la guerre. Il a également informé la foule que deux personnes avaient été arrêtées la veille à Ottawa pour avoir verrouillé l'accès du Haut-Commissariat du Royaume-Uni (ambassade), ce qui a suscité la joie des manifestants.

Après plus d'une heure de discours et de chants, la foule a quitté la colline parlementaire pour se diriger vers le Haut-Commissariat britannique qu'elle a apostrophé aux cris de «Shame on You» ! (honte à vous). Une vingtaine de minutes plus tard, les mêmes cris étaient proférés devant l'ambassade des États-Unis où un drapeau américain a été brûlé, ses lambeaux jetés par dessus la grille ceinturant l'ambassade aux pieds des policiers. Cet épisode fut salué par les clameurs et les applaudissements nourris de la foule. Les policiers, au nombre de 25, se tenaient devant les portes de l'ambassade et étaient retranchés derrière des piliers de béton permanents, des clôtures anti-émeute disposées en triangle sur trois mètres de profondeur et un muret de béton installé suite aux attentats du 11 septembre en plein milieu de la rue Sussex, une artère importante de la ville.

Les organisateurs ont eu de la difficulté à motiver les gens à reprendre leur marche pour retourner au Parlement après 20 minutes de cris et d'insultes lancées aux policiers et vers l'ambassade. Quelques barrières ont été poussées et lancées par de jeunes anarchistes, mais la police n'a pas eu à intervenir outre mesure et ne semble avoir procédé à aucune arrestation. La majorité des manifestants restaient non violents même si on détectait une frustration et un désir de voir quelque chose arriver.

Les organisateurs de la manifestation avaient demandé aux gens d'apporter des drapeaux des pays «opposés à la guerre», mentionnant comme exemple la France et l'Allemagne. Il y avait en effet quelques drapeaux français, mais aussi des drapeaux palestiniens. Çà et là, on pouvait voir divers drapeaux rouges du PCCML, des drapeaux noirs et des portraits de Marx et de Guevara. Il y avait également une banderole du parti communiste ouvrier de l'Iran et une du Parti communiste canadien, mais ces groupes ne rassemblaient qu'une poignée d'individus. Je n'ai vu aucune vente de journaux politiques et pratiquement aucun tract n'était distribué. Pour sa part, l'auteur de ses lignes a distribué 70 tracts en anglais de la déclaration du WSWS: «Build an international working class movement against imperialist war». Ce fut une belle expérience que de participer à cette manifestation avec une perspective à faire connaître allant au-delà du simple rejet de la guerre, ce qui semblait terriblement manquer chez les manifestants. Les tracts se sont envolés rapidement. N'eut été les ressources limitées, des centaines d'autres auraient trouvé preneurs.

Parmi les meilleures banderoles et écriteaux relevés, certaines montraient des photos des résultats des bombardements en ex-Yougoslavie et portaient comme légende «le résultat du travail des braves pilotes canadiens». D'autres se lisaient ainsi: «CNN Gives Truth A Chance» et «1999 Yougoslavie, 2003 Irak, 20_ _ (espaces à remplir par le successeur de Bush)». On pouvait aussi lire que «le pétrole irakien servira à payer les entreprises américaines pour reconstruire l'Irak» et «comment votre pétrole s'est-il retrouvé sous leur sable?» Assurément, la foule rassemblée à cette manifestation n'accorde aucune crédibilité aux affirmations de Bush et de Blair relatives aux armes de destruction massives. D'ailleurs, cette expression et la question des inspecteurs, autant que je sache, n'ont pas été mentionnées une seule fois. Pour tous, cette guerre est une guerre d'agression menée pour le pétrole.

F.T.


 

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