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Portraits de victimes non consentantes d'Hitler

Rosenstrasse, mis en scène par Margarethe Von Trotta

Par David Walsh
13 octobre 2004

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Rosenstrasse, le film remarquable mis en scène par Margarethe Von Trotta est maintenant sorti dans un petit nombre de salles aux Etats-Unis. Le commentaire ci-dessous, légèrement modifié, a déjà été publié dans un reportage du WSWS sur le Festival du film de Toronto de 2003 sous le titre ' Des signes encourageants' ( 17 septembre 2003)

Rosenstrasse est probablement le film le plus puissant de la réalisatrice Margarethe Von Trotta depuis Rosa Luxemburg. Il a fallu 8 ans pour les préparatifs et la réalisation de ce film.

Rosenstrasse raconte un épisode assez méconnu qui s'est déroulé en Allemagne entre fin février et début mars 1943. Les conjoints juifs de maris et de femmes « aryens », après avoir été jusque là protégés, furent tout d'un coup rassemblés par le régime nazi et confrontés à la déportation et à la mort en camps de concentration. Des centaines de femmes manifestèrent spontanément dans Rosenstrasse, la rue de Berlin où était installé le centre de rétention pour prisonniers juifs. Ces femmes défièrent les autorités qui finirent par braquer des mitraillettes sur elles. A la fin, une chose extraordinaire se produisit.

Pour raconter son histoire, Margarethe Von Trotta (née en 1942) crée des personnages imaginaires et utilise différentes époques comme toiles de fonds pour son film. Dans le New York d'aujourd'hui, une femme juive, Ruth ( Jutta Lampe), qui vient juste de perdre son mari, se met soudain à pratiquer les coutumes religieuses ce qu'elle n'avait jamais fait auparavant. Sa fille Hannah ( Maria Schrader), quelque peu troublée, essaie de comprendre la métamorphose de sa mère. Elle décide d'en savoir plus sur le passé de Ruth qui est toujours resté un mystère pour elle. Cette quête la mène à Berlin où elle rencontre Lena Fischer (Katja Riemann), une femme non juive qui a recueilli Ruth, enfant, après la déportation et l'assassinat de sa mère par les nazis.

Le thème central du film est la lutte de Lena au cours de l'hiver 1943 pour obtenir la libération de son mari juif, Fabian ( Martin Feifel), du centre de détention de la Rosenstrasse. Un retour en arrière nous montre l'évolution de leur relation : lui était violoniste accompli et elle pianiste issue d'une famille d'aristocrates. La famille de Lena s'oppose violemment à cette union. Lena, Fabian et le frère de Lena, interprété par Jürgen Vogel, fréquentent les boîtes de nuit berlinoises et dansent au son du jazz et des chanteurs noirs. Ce film recrée un moment extraordinaire sur le plan social et culturel. L'anti sémitisme et la menace nazie semblent si loin.

La détérioration de la situation politique s'accompagne d'une dégradation des conditions de vie matérielle et morale pour les Fischer. Ils vivent dans un petit appartement : on leur prend tout : leur carrière, leurs instruments jusqu'à leur musique. Fabian est contraint de travailler dans une fabrique de munitions. Finalement il est arrêté. Le frère de Lena revient de Stalingrad, après avoir perdu une jambe. Il prend un rôle majeur dans le combat pour obtenir la libération de Fabian. Il dit à un collègue officier : « Je sais ce qu'ils font aux juifs, je l'ai vu. » Lena se tourne vers sa famille et un officiel nazi de haut rang dans un appel à l'aide 'désespéré' mais ses démarches restent vaines. Entre temps, elle adopte Ruth dont la mère a déjà été déportée du fait que son 'aryen' de mari, craignant pour lui-même et par faiblesse, avait demandé et obtenu le divorce.

Les manifestations sur la Rosenstrasse se font plus bruyantes et deviennent plus agressives. C'est une scène remarquable que celle où les femmes crient « Rendez nous nos maris ! » puis « Assassins ! » Les soldats tirent en l'air. Les femmes se dispersent puis se rassemblent. Peut-être n'ont-elles plus rien à perdre. Peut-être savent-elles que la défaite de Stalingrad signifie la fin prochaine de la guerre et la fin prochaine du régime. Quoi qu'il en soit, elles font preuve d'un immense courage.

Le film de Von Trotta est un film qui a des principes et qui est très humain. Que cela soit fait consciemment ou non, Rosenstrasse met à mal les arguments de ceux qui prétendent que les crimes nazis étaient l'expression de la volonté du peuple allemand. Von Trotta n'élude pas les réalités les plus dures mais elle garde les yeux sur la réalité dans son ensemble. Au cours des années 20, la culture allemande était florissante, prémice d'une révolution sociale qui ne s'est jamais produite suite à la trahison criminelle des partis social démocrate et stalinien.

La courte scène du night club où toutes les cultures, 'de qualité' et 'de moindre qualité' et les 'races' se mélangent dans une bouffée, quasiment une extase, de liberté, laisse bien entrevoir cette possibilité. Cette courte scène suffit à balayer sans appel l'affirmation que le régime nazi ait été le fruit inévitable de l'histoire allemande. Le mérite en revient entièrement à Von Trotta. Elle démontre que l'art peut, de façon indélébile, établir une vérité objective face aux mensonges et aux falsifications.

Parfois, le film présente des aspects moins heureux. La structure passé - présent est quelque peu prévisible et les scènes de New York manquent de naturel et ne sont pas toujours convaincantes. Von Trotta, elle-même actrice, n'est probablement pas la mieux placée pour diriger les acteurs. On a l'impression que ceux qui ont une forte personnalité excellent dans son film. Tandis que ceux qu'elle doit diriger réussissent moins bien. Ce sont Rienmann et Vogel qui font la plus forte impression dans Rosenstrasse.




 

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