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Lettre ouverte à Michael Moore

28 septembre 2004

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Le réalisateur et l'écrivain Michael Moore, dont le film anti-guerre et anti-Bush Fahrenheit 9/11 a été vu par vingt millions d'Américains, effectue présentement une tournée des campus américains pour encourager les jeunes à voter pour le candidat démocrate John Kerry lors des élections américaines du 2 novembre 2004. Lorsqu'il s'est rendu au Michigan, la présente a été envoyée à Moore. Elle a été rédigée par Jerome White, le candidat du Parti de l'égalité socialiste pour le 15e district de l'État du Michigan à la Chambre des représentants, qui inclut Ann Arbor, où l'Université du Michigan se trouve.

Cher Michael Moore,

Vous avez commencé, cette semaine, la tournée des États du pays avec comme objectif d'encourager les étudiants et les jeunes à voter pour John Kerry lors des élections de novembre. Vous avez écrit dans une lettre à des supporteurs que votre «tournée du soulèvement des paresseux» «essaiera de convaincre les fatigués, les écoeurés et ceux qui en ont marre de Nader de quitter leur maison pour seulement une demi-heure le 2 novembre et d'inscrire un « X » dans une boîteafin que l'Amérique et le monde puissent être sauvés». Plus tard, vous avez rendu clair que le «X» devait être inscrit à côté du nom de Kerry.

Je dois dire, M. Moore, que votre campagne ouverte en faveur de John Kerry en déçoit plusieurs parmi nous qui avaient apprécié votre film Fahrenheit 9/11. Avec raison, votre film a gagné l'admiration de millions de personnes à travers les États-Unis et partout dans le monde qui y ont trouvé une expression de leur propre opposition à la guerre en Irak et aux politiques agressives du gouvernement américain.

Cependant, les meilleurs aspects de Fahrenheit 9/11 sont en contradiction flagrante avec l'attitude que vous avez adoptée vis-à-vis les élections présidentielles.

Certaines les scènes les plus prenantes de votre documentaire ont fait état des divisions sociales de ce pays, telles qu'elles sont exprimées dans votre ville natale de Flint au Michigan. Vous démontrez que la guerre est menée au nom des intérêts des grandes entreprises et de l'élite dirigeante. Vous démontrez que les conséquences dévastatrices de la guerre sont encaissées non seulement par le peuple irakien, qui continue à subir des bombardements quotidiens et qui connaît des conditions de vie horribles et la brutalité d'une occupation étrangère, mais aussi par les Américains ordinaires de la classe ouvrière, qui sont forcés à tuer et à être tuer au nom d'un acte d'agression injuste et illégal.

Vous finissez le film avec une citation de George Orwell qui revient à une condamnation de l'inégalité sociale et du système capitaliste : « une société hiérarchisée n'est possible que sur la base de la pauvreté et de l'ignorance La guerre est lancée par l'élite dirigeante contre ses propres sujets, et son objectif n'est pas la victoire mais de maintenir intacte la structure de la société. »

Reconnaître que les causes sous-jacentes à la guerre en Irak reposent sur les antagonismes sociaux aigus présents aux États-Unis doit mener à certaines conclusions politiques, en particulier, à la reconnaissance qu'une opposition viable et efficace à la guerre requiert la construction d'un mouvement qui s'oppose à la «structure de la société», c'est-à-dire à la structure du système capitaliste qui est responsable de la guerre. La conclusion provient logiquement de la prémisse. Comment, cependant, cela peut-il se résoudre en appelant à un vote pour Kerry ?

Je ne vous apprends rien en écrivant que John Kerry et le Parti démocrate ne représente aucune menace à la structure de la société américaine. Oui, il y a des différences entre les démocrates et les républicains, mais ces différences ne sont pas fondamentales.

Tout comme le Parti républicain, le Parti démocrate est un parti de la grande entreprise et un défenseur de l'inégalité sociale. Il ne parle pas pour les jeunes et les travailleurs ordinaires. Ce n'est en aucun cas un parti anti-guerre, comme l'histoire de l'administration Clinton et la propre position de Kerry l'illustrent clairement.

Sur ce dernier point, vous louangez Kerry dans le premier discours de votre tournée pour avoir finalement soulever des critiques sérieuses concernant la conduite de Bush sur la guerre en Irak. «Lors des dernières semaines, avez-vous dit, Kerry a cessé d'écouter les mauvaises personnes et il s'écoute lui-même et il est lui-même.» Concernant le vote de Kerry sur la résolution autorisant la guerre en Irak, vous conseillez au peuple américain de «donner une chance à Kerry» et d'admettre qu'il a changé.

Cependant, selon les propres remarques de Kerry, il est clair que, tout comme Bush et le Parti républicain, il soutient l'occupation de l'Irak. L'opposition grandissante en Irak à l'occupation de l'armée américaine et à son régime de marionnettes est cause d'une inquiétude importante au sein de l'élite dirigeante, une inquiétude qui trouve expression dans la campagne de Kerry. Mais, il n'est pas question de mettre un terme à l'occupation.

Kerry, comme Bush, lorsqu'il fait référence à la résistance légitime du peuple irakien contre l'occupation militaire américaine, la désigne comme «l'ennemie» et il étiquette les insurgés comme étant des « terroristes. »

Dans la mesure où Kerry a suggéré qu'il pourrait retirer des soldats américains de l'Irak d'ici quatre ans, il a indiqué que cela était à la condition qu'un nombre suffisant de soldats provenant d'autres pays remplacent les Américains dans la répression du peuple irakien.

Kerry n'a rien dit sur les présents bombardements de villes irakiennes et ne s'est pas opposé aux préparations en cours pour une opération de grande envergure visant à reprendre des villes comme Fallujah. Il n'a rien dit parce qu'il ne s'oppose pas à cette politique et il a continuellement mit l'accent sur le fait que son administration chercherait à établir la «stabilité» en Irak. Ceci ne peut que signifier le meurtre de milliers d'Irakiens dans le but d'assurer la domination américaine sur l'Irak.

Comme vous êtes au courant, le Parti démocrate et la campagne de Kerry sont impliqués dans une tentative systématique, partout aux États-Unis, pour empêcher que les candidats indépendants ou de tiers partis qui s'opposent à la guerre en Irak puissent se présenter officiellement. Les cibles de ces attaques incluent, entre autres, le Parti de l'égalité socialiste et Ralph Nader.

Cette campagne n'est pas moins antidémocratique que celle des républicains qui vise à supprimer les votes des minorités et de la classe ouvrière dans différentes régions du pays. Des milliers de travailleurs, de gens pauvres et de jeunes qui ont signé des pétitions pour que des candidats du PES soient inscrits sur les bulletins de vote parce qu'ils désiraient une alternative aux deux partis officiels ont été désaffranchis par les responsables des élections, qui ont rejeté leurs signatures dans le but d'empêcher qu'un candidat socialiste et anti-guerre ne soit inscrit sur le bulletin de vote.

En donnant votre appui à John Kerry et au Parti démocrate, vous compromettez autant vos principes que votre propre conscience.

Ce n'est pas vrai que le plus grand danger auquel fait face le peuple américain est quatre années supplémentaires d'administration Bush. Non. Le plus grand danger auquel fait face le peuple américain est qu'il ne bâtisse pas une opposition réelle au système social actuel, système dont l'administration Bush n'est qu'une des expressions les plus malignes.

À chaque élection, c'est le même refrain : il faut soutenir le Parti démocrate parce qu'il faut vaincre les républicains. Et à chaque fois, la tâche de construire un parti indépendant de la classe ouvrière est reportée. La conséquence est entièrement prévisible : nous sommes laissés sans alternative à la domination du système politique par l'élite dirigeante.

Il n'y a pas de solution simple, M. Moore. Les solutions simples émergent à partir de problèmes simples, et, comme vous le savez, les problèmes que nous rencontrons sont extrêmement complexes. Grâce à votre travail sérieux, vous avez, avec raison, gagné un large auditoire qui se tourne vers vous pour une orientation politique. Vous avez la responsabilité de penser sérieusement aux tâches que nous confrontons actuellement et de dire toute la vérité au peuple américain.

Je vous demande de considérer ces questions prudemment. Le pas le plus important que vous pouvez franchir est de prêter votre voix aux efforts, comme ceux que moi et le Parti de l'égalité socialiste sont présentement engagés, pour construire une alternative socialiste au système capitaliste des deux partis. Un tel pas, et seulement un tel pas, constituerait un progrès sérieux dans la lutte contre la guerre, l'injustice et l'inégalité.

Sincèrement,

Jerome White, candidat du Parti de l'égalité socialiste dans le 15e district du Michigan à la Chambre des représentants.

28 septembre 2004

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