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La conclusion du Parlement européen: l'existence du réseau d'espionnage électronique Echelon est réelle

Par Mike Ingram
Le 6 juin 2001

Un rapport publié par le Parlement européen la semaine passée recommande l'usage de logiciels de cryptage pour la protection des communications électroniques contre le réseau d'espionnage Echelon. A l'encontre des démentis incessants des Etats-Unis, le rapport conclut que le réseau d'espionnage existe bien et que son objectif premier est l'interception de communications privées et commerciales et les services de renseignement militaire.

Durant la guerre froide, le système de traitement d'information Echelon qui avait eu recours à un réseau de satellites espions et de stations d'écoute terrestres, avait surtout été employé pour espionner l'Union soviétique et les pays de l'Est, membres du Pacte de Varsovie. Le Parlement européen avait été poussé à enquêter sur le réseau après que de nombreuses allégations aient été faites selon lesquelles les Etats-Unis utilisaient leur réseau d'espionnage pour obtenir des renseignements «économiques» pour le compte de groupes industriels américains après l'effondrement des Etats staliniens.

En publiant les résultats de son enquête, Gerhard Schmidt, le vice-président du Parlement européen, déclarait, «Ce que nous ne pouvons pas démentir ou prouver, c'est que des informations sont transmises aux groupes industriels. Le problème c'est qu'il n'y a pas de piste ou de trace d'interception». Il a pourtant ajouté que l'enquête du comité avait trouvé des preuves qu'Echelon existait et était dirigé par les Etats-Unis en coopération avec la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Contrairement à une étude parlementaire antérieure, faite l'année dernière, et qui avait révélé qu'Echelon est à l'écoute et intercepte «des milliards de communications par heure», le nouveau rapport affirme «que seulement une petite partie» des communications globales par téléphone, e-mail et fax était mise sur écoute.

Des auditions d'experts en sécurité de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d'Australie, du Canada et de Nouvelle-Zélande avait été organisées au cours de l'enquête qui a duré sept mois. L'enquête confirma qu'Echelon avait été érigé en 1950 par les services de renseignement des Etats-Unis et de Grande-Bretagne qui furent ultérieurement rejoints par le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Durant la guerre froide, un réseau mondial de postes d'écoute avait été créé et continue d'être en opération.

Echelon serait capable d'intercepter des messages électroniques à travers le globe soit par câble, soit par satellite. Le dernier rapport en date affirme que l'interception se limiterait en grande partie aux communications par satellite. Mais ceci n'a pas de sens car il serait trop facile aux entreprises ou aux individus ciblés de contourner toute surveillance.

Dans une interview accordée à Radio Netherlands, Jan Marinus Wiersma, un membre du comité parlementaire, a dit: «En utilisant des mots-clés dans un genre de moteur de recherche, ils interceptent au hasard un grand nombre de communications dans le but de trouver certains messages ou certains e-mails, dans lesquels ces mots sont employés.»

Le rapport précise qu'un petit nombre seulement de ces communications atterrissent sur les bureaux des agents du renseignement qui les analysent avant de les transmettre à d'autres services gouvernementaux. Le comité affirme que le système semble être employé principalement pour l'interception d'informations criminelles ou terroriste, ou encore pour des messages en provenance de soi-disant «Etats rogues» (Etats parias) tels l'Iraq ou la Corée du Nord.

Le Parlement européen ne s'oppose pas à l'usage d'Echelon à cet effet, et Wiersma fait remarquer que la France est supposée utiliser un système similaire. «Vous avez besoin d'avoir la capacité d'interception, de savoir ce que les criminels ou les terroristes, ou les "Etats rogues" font. Je pense donc qu'en principe, rien ne s'oppose à la possession d'un tel système dans le cadre de vos systèmes de surveillance. Mais il devrait être organisé de manière à ne pas servir à l'espionnage industriel ou à ne pas porter préjudice aux citoyens privés.»

C'est précisément l'allégation que le réseau d'espionnage est utilisé dans le but d'assurer aux groupes industriels américains un avantage commercial sur leurs rivaux européens, plutôt que par un quelconque souci pour la vie privée des individus qui a conduit à la publication de l'actuel rapport.

Les opérations d'Echelon, dont le centre stratégique se trouve à Fort Meade au Maryland aux Etats-Unis et au centre d'espionnage de GCHQ (Government Communications Headquarters) à Cheltenham en Grande-Bretagne, furent d'abord rendues publiques par l'ancien directeur de la CIA, James Woolsey, lors d'une interview accordée au journal français Le Figaro.

Woolsey déclara qu'Echelon était employé pour rechercher les messages électroniques envoyés par des compagnies européennes. Tout en insistant sur le fait que les services de renseignement étaient motivés par le besoin de vérifier les pratiques de corruption et de non-respect des sanctions, des allégations d'espionnage industriel firent rapidement suite.

Les exigences européennes en faveur d'une investigation d'Echelon avaient coïncidées avec l'émergence d'une rivalité commerciale croissante entre l'Europe et les Etats-Unis suite à l'effondrement de l'Union soviétique et de l'Europe de l'Est. Les enquêteurs avaient rencontré beaucoup d'hostilité lors de leur voyage à Washington le mois dernier dans le but de rencontrer les officiels ainsi que les agences de renseignement. La CIA au même titre que la National Security Agency (NSA) qui toutes deux sont sensées être responsables pour Echelon refusèrent de les recevoir.

Non seulement les relations entre les Etats-Unis et l'Europe se sont détériorées en raison de l'enquête sur Echelon, mais aussi les relations entre l'Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne. Le rapport fait appel à la Grande-Bretagne en tant que membre de l'UE pour reconsidérer son lien avec Echelon, en faisant remarquer qu'elle pourrait bien violer des lois concernant les droits humains européens et ses engagements envers les 14 autres partenaires de l'UE.

«Les Britanniques ont des relations spéciales avec les Etats-Unis Cela pourrait bien être un problème,» remarqua Wiersma.

Echelon représente seulement une agence internationale d'espionnage parmi bien d'autres qui violent régulièrement la vie privée de millions de simples gens au nom de la «lutte contre le terrorisme». En plus de la mise en pratique permanente du réseau Echelon, le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne, et son premier ministre, Tony Blair, ont établi un système de surveillance sans pareil pour espionner la vie au quotidien de la population.

En avril, le ministre de l'Intérieur, Jack Straw, avait annoncé la création d'une force de police spéciale dans le but supposé de venir à bout de la criminalité par ordinateur. La nouvelle brigade avait été nommée conformément à la législation Regulation of Investigatory Powers (RIP) entrée en vigueur l'année dernière; elle occupe un nouveau centre le National Technical Assistance Centre (NTAC) dont les coûts se chiffrent à 25 millions de livres sterling. La tâche de la nouvelle équipe est de trier les informations rassemblées au moyen de dispositifs appelés «boîtes noires» et que les Internet Service Providers (ISP) (fournisseurs d'Internet) sont, de par la loi, obligés de fixer à leurs serveurs pour permettre ainsi aux informations d'être refiltrées vers le NTAC.

Le NTAC aura ainsi des liens permanents avec les ISP localisés en Grande-Bretagne, facilitant ainsi l'interception d'e-mails, de groupes de discussion ou toute autre donnée passant par les réseaux gérés par ces centres. Dans le but de contrecarrer le recours à un système de cryptage empêchant tout contrôle, la RIP a accordé à la police le pouvoir d'exiger les mots de passe et les codes indispensables à la lecture des messages cryptés. Ceci concerne également les codes utilisés dans les affaires pour protéger les numéros des cartes de crédit employées dans les transactions commerciales électroniques. Le non-respect de la note de décryptage équivaut à une offense criminelle, à moins que la personne concernée prouve qu'il ou elle n'est plus en mesure de décoder le message en raison, par exemple, de la perte du mot de passe.


 

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