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Le G7 adopte un « cessez-le-feu » mais la « guerre » des taux d'intérêts continue

Par Nick Beams
1er mai 2001

Si vous ne pouvez pas résoudre un différend majeur, alors faites comme s'il n'existe pas, en public du moins. Il semble que ce soit la décision prise par les ministres des finances du Groupe des Sept à leur réunion tenue le weekend dernier à Washington.

Après 10 jours d'une escalade des conflits autour du refus de la Banque centrale européenne (BCE) de baisser ses taux d'intérêt comme l'ont fait les Etats-Unis et le Japon, les ministres du G7 ont simplement passé la question sous silence dans leur communiqué sur les discussions.

Le communiqué a endossé la politique monétaire américaine (une baisse des taux d'intérêt de 2 pourcent jusqu'ici cette année par la Réserve fédérale) et lancé l'appel maintenant standard en faveur d'une réforme de l'économie japonaise, mais sans rien dire de la politique monétaire européenne.

Et afin de sauver les apparences, il a fait une évaluation remarquablement optimiste de l'état de l'économie mondiale. Alors que le Fonds monétaire international avait réduit d'un point de pourcentage son estimé de la croissance mondiale, et indiqué qu'il y avait des risques significatifs de « recul », le G7 a affirmé dans sa déclaration qu'il existait, malgré une diminution de la croissance, une base « solide » pour une expansion économique et de « très bonnes perspectives d'amélioration du niveau de vie mondial ».

Mais peut-on soutenir que les différends ont été adoucis, après que le secrétaire américain au trésor Paul O'Neill ait déclaré être « mystifié » par l'attitude européenne et que l'économiste en chef du FMI, Michaell Mussa, ait affirmé que l'Europe devrait être vue comme faisant « partie de la solution et non du problème » ?

Le Financial Times a noté que « l'Atlantique s'est avérée trop large pour permettre un rapprochement des parties » et la réunion du G7 s'est terminée par un « désaccord civilisé sur la façon de faire face au ralentissement de l'économie mondiale ».

Quant à savoir combien de temps vont durer ces civilités, c'est une toute autre question. Comme l'a souligné le Financial Times, bien qu'un « cessez-le-feu » ait été déclaré afin de ne pas dévoiler les divisions qui secouent les grandes puissances économiques, « la guerre est loin d'être finie ».

La principale cible des attaques, le président de la Banque centrale européenne Wim Duisenberg, a ajouté à la confusion quand il a déclaré que le communiqué du G7 comprenait la déclaration suivante : « Nous comprenons que les différents pays vont aborder ces politiques de différentes manières. Nous respectons ces différences et n'avons pas l'intention de passer des ordres à l'un ou l'autre ».


Duisenberg a dit qu'il « appréciait beaucoup » une telle déclaration. Mais en fait celle-ci n'apparaît pas dans le communiqué final. Apparemment, elle aurait été incluse dans les ébauches préliminaires pour être ensuite enlevée.

Dans leurs tentatives de balayer sous le tapis leurs différends en matière de politique économique, les ministres du G7 ont pu s'appuyer sur les chiffres publiés la veille de leur rencontre et indiquant une croissance de l'économie américaine à un taux annuel de 2 pourcent au cours du premier trimestre, soit deux fois plus que la plupart des prédictions.

Le secrétaire américain au trésor Paul O'Neill a dit que cette statistique était une « très bonne nouvelle » qui montrait à quel point l'économie était « résiliente ».

Mais ailleurs la prudence régnait quant à la signification des chiffres. Le directeur exécutif du FMI Horst Kohler a averti qu'il était trop tôt pour déclarer l'économie mondiale hors de danger. « La situation n'est pas reluisante, même après les chiffres de croissance pour le premier trimestre », a-t-il déclaré.

Et dans un éditorial intitulé « N'ouvrons pas le champagne », le Financial Times a déclaré que les chiffres avaient quelque chose qui « sonne un peu faux ».

« Ce qui se passe aux États-Unis ne ressemble pas à un phénomène temporaire. La rentabilité est en déclin. Les pertes d'emploi ne se limitent pas au secteur de la haute technologie mais ont touché récemment la compagnie de produits de consommation Procter & Gamble, ainsi que le conglomérat 3M. Le niveau de confiance des milieux d'affaires et des consommateurs continue de chuter. La reprise aux Etats-Unis risque-t-elle d'être de courte durée ? »

Alors que le premier trimestre nous a apporté une bonne surprise, le deuxième pourrait être « plus triste ».

« Et il est facile d'oublier qu'au cours de ses dix années d'expansion, les Etats-Unis ont accumulé un désiquilibre interne, un immense excès d'investissements par rapport aux réserves, excès qui se manifeste à son tour par un énorme déficit du compte courant. Ceux qui prônent la théorie d'une forte mais courte récession doivent expliquer ce qui va arriver à ce niveau. Un réajustement contrôlé est faisable mais le FMI a répété cette semaine ses inquiétudes quant à la possibilité d'une correction à l'aveuglette qui pourrait créer un mouvement déstabilisateur au niveau des monnaies mondiales. »

Le recul se poursuit

Alors même que les ministres du G7 se réunissaient, de nouvelles statistiques sont sorties qui montraient que l'économie mondiale continuait son recul. Le gouvernement allemand a révisé ses prévisions de croissance pour l'année en cours de 2,75 à environ 2 pourcent.

Les chiffres sur le Japon indiquent une descente vers la récession. La production industrielle a baissé de 2,1 pourcent en mars, soit le double de la baisse anticipée. Au cours du premier trimestre de cette année, la production a baissé de 3,7 pourcent, le premier déclin en sept trimestres. D'autres signes de pressions déflationnistes sont apparues dans les prix à la consommation, qui ont diminué de 0,8 pourcent en mars, soit le 20ème mois consécutif de déclin.

Bien que l'économie américaine ne soit pas encore tombée en récession, le déclin marqué de son taux de croissance (de près de 5 pourcent à seulement 2 pourcent) a déjà eu un fort impact sur l'économie mondiale. Dans la deuxième moitié des années 90, les hauts taux de croissance enregistrés aux États-Unis ont fourni des marchés aux économies d'Asie de l'est au lendemain de la crise financière de 1997-98. Mais en février, les importations aux États-Unis ont baissé de 4,4 pourcent.

Sous l'impact d'un marché américain en phase de contraction, le FMI estime que la croissance des économies sud-est asiatiques d'Indonésie, de Thaïlande, de Malaysie et des Philippines va ralentir d'un taux combiné de 5 pourcent à 3,4 pourcent cette année.

Le ralentissement des économies plus riches de la Corée, de Taiwan, de Singapore et de Hong Kong sera encore plus prononcé. On prévoit pour ce groupe un déclin qui fera passer leur taux de croissance collectif de 8,2 pourcent l'année dernière à 3,8 pourcent cette année.

Cette contraction aura à son tour des implications pour l'économie américaine et les autres nations industrialisées.

Au début des années 90, lorsque les plus importants pays capitalistes subissaient une baisse dans leur croissance, l'expansion des économies sud-asiatiques (le soi-disant « miracle asiatique ») a fourni un important coussin à l'économie mondiale en servant de marchés d'exportation. Selon la revue américaine Business Week, « alors que leur croissance allait en augmentant, leur déficit commercial avec les nations industrialisées a monté en flèche, passant de $6,1 milliards en 1990 à plus de $100 milliards en 1993 et $138 milliards en 1995 ».

Il a été estimé que dans la première moitié des années 90, l'expansion des économies sud-est asiatiques ont fourni jusqu'à un tiers de l'augmentation dans la croissance économique mondiale. Mais étant devenues, au lendemain de la « crise financière asiatique », entièrement dépendantes d'un marché américain en expansion, ces pays ne sont nullement en position de répéter leur rôle. Au contraire, la poursuite du déclin économique aux États-Unis menace de les entraîner également dans la récession.


 

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