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Le gouvernement français se dirige vers une participation à la guerre contre l'Irak

Par Alex Lefebvre
7 janvier 2003

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Le gouvernement français a annoncé une série de mesures militaires qui augmenteraient sa capacité a lancé des assauts contre l'Irak. Au même moment, des personnalités politiques importantes ont ouvertement recommandé de ne pas faire obstacle à la poussée militaire des États-Unis.

La remise en état du porte-avions de la marine française, le Charles de Gaulle, a été reportée de plusieurs mois afin qu'il puisse quitter le port méditerranéen de Toulon et partir pour le Golfe Persique à la fin janvier. Cela permettrait que le porte-avions soit dans la région avant la date considérée la plus plausible pour le début de l'attaque américaine.

Une autre indication des intentions de la France est la récente visite de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, au Qatar et aux Émirats arabes unis. Le but du voyage était de s'assurer que lors d'une éventuelle guerre contre l'Irak, les émirs du pétrole permettraient à l'armée française d'utiliser les bases aériennes et les entrepôts de ravitaillement situés sur leurs territoires. Les pays du Golfe Persique permettent à la France d'utiliser ces installations en échange d'armes françaises.

La France a aussi signifié aux Nations Unies sa volonté d'utiliser ses avions d'espionnage Mirage, basés à Mont-de-Marsan dans le sud-ouest de la France, dans le but de survoler l'Irak pour en faire la reconnaissance. Dans la période des combats les plus intenses en Afghanistan, ces avions ont identifié 1100 sites qui ont ensuite été des cibles pour les avions du Charles de Gaulle et des bases aériennes françaises situées au Kirghizstan.

La ministre française de la Défense a déclaré que les «Les armées françaises prendront leur part des événements le moment venu.» Le journal de centre-gauche Le Monde a précisé qu'il y aurait un prétexte pour une intervention militaire de la France «quand les inspecteurs de l'ONU auront prouvé que le désarmement irakien est un faux-semblant». Selon une déclaration du 19 décembre du ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, le gouvernement français est déjà d'accord avec l'inspecteur en armement de l'ONU, Hans Blix, que la déclaration de l'Irak sur ses armes est incomplète.

Étant donné qu'une large majorité de la population est opposée à une action militaire américaine, le gouvernement français essaie de se donner une image modérée sur la question d'une participation à une attaque dirigée par les États-Unis. Lors de son discours au peuple français, le président de la France, Jacques Chirac, n'a pas une seule fois mentionné explicitement l'Irak quoiqu'il ait dit que la France devait «être au premier rang des pays pour défendre la paix». La ministre de la Défense Alliot-Marie insista que «La guerre est toujours la pire des solutions.»

Dans le but de prévenir une déclaration de guerre unilatérale des États-Unis, le gouvernement français a annoncé son intention d'utiliser sa période d'un mois (janvier) comme président du Conseil de sécurité pour forcer un vote sur toutes les tentatives de déclarer l'Irak en «violation patente» de ses obligations. Le journal conservateur Le Figaro rapporte que le gouvernement français a durement travaillé pour placer l'Allemagne, qui jusqu'à tout récemment était contre une participation à une guerre menée par les États-Unis contre l'Irak, à la tête du comité qui s'occupe des sanctions imposées à l'Irak.

Cependant, un éditorial du Figaro a ajouté que les États-Unis accepteront que la France puisse jouer un rôle important dans le Conseil de sécurité seulement s'ils sont persuadés que la France n'essaie d'aucune façon d'aller à l'encontre de des intérêts américains. De plus, selon Jacques Myard, un membre du groupe UMP, la coalition conservatrice qui a la majorité absolue à l'Assemblée nationale, «[le ministre des Affaires étrangères] Dominique de Villepin et le gouvernement sont convaincus que les Américains entreront en guerre.»

Conséquemment, en dépit des prétentions d'indépendance face aux États-Unis, les sphères dirigeantes françaises n'ont aucunement l'intention de s'opposer sérieusement à la poussée militaire des États-Unis. De plus en plus, les représentants du gouvernement abandonnent leur prétention d'opposition à la guerre.

Pierre Lellouche, un représentant de l'UMP, a récemment affirmé que «la position de la France n'avait jamais été fondamentalement différente de celle des Américains. Nous étions simplement en désaccord sur les méthodes. La France voulait travailler par l'entremise du Conseil de sécurité.»[traduit de l'anglais]

Renaud Donnedieu de Vabres, député de l'UMP vice-président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, a dit que la principale difficulté de la France en tant que présidente du Conseil de sécurité proviendrait du fait que «l'opinion publique n'est pas prête pour la guerre».

Le Parti socialiste (PS) a demandé un veto français au Conseil de sécurité au cas où il y aurait une action unilatérale américaine tout en espérant capitaliser sur l'opposition de la population à la guerre et faire oublier aux gens sa propre participation dans des manoeuvres impérialistes contre l'Irak pendant les années 1990. Toutefois, le PS n'a pas assez de sièges à l'Assemblée nationale pour empêcher le gouvernement de l'UMP d'aller en guerre.

Selon Myard de l'UMP, il faut «tout faire pour éviter la guerre, la retarder jusqu'au 27 janvier», lorsque Blix remettra le rapport final des inspecteurs de l'ONU. S'il a adopté cette position, c'est dans le but de permettre au gouvernement de présenter sa participation à une invasion comme légitime, prévoyant que le rapport de l'ONU offrira le prétexte pour une attaque contre l'Irak.

En plus de jouer avec l'espoir du public d'éviter la guerre, la position du gouvernement français a pour but d'augmenter son appui au sein des régimes arabes du Moyen-Orient. Selon Le Monde, les régimes du Moyen-Orient remerciaient Chirac en privé parce qu'ils «sont contents d'entendre une voix distincte de celle des Américains».

Le journal égyptien Al-Ahram, un journal gouvernemental, a applaudi les négociations de la France avec les États-Unis, déclarant que le Sommet de la Francophonie, qui a eu lieu à la mi-octobre 2002, avait été une tentative pour freiner l'élargissement de la «suprématie américaine». Le sommet attaqua ceux qui perçoivent la diplomatie française seulement comme «un double jeu pour obtenir une part du butin de la guerre en Irak».

Malgré les affirmations de Al-Ahram, les manoeuvres du gouvernement français ont précisément pour but de défendre les intérêts impérialistes français dans la région du Golfe Persique: l'entreprise franco-belge TotalFinaElf a des contrats de plusieurs milliards de dollars avec l'Irak et que les États-Unis se réservent le droit d'annuler unilatéralement s'ils occupent l'Irak sans l'aide de la France. Comme Le Monde le soulignait, la France ne peut s'abstenir de participer à cette guerre sinon elle risquerait d'être ignorée lors de la reconstruction de l'Irak après la chute de Saddam Hussein.

Cependant, une telle participation ne signifierait pas une diminution des tensions qui font rage entre Washington et Paris et qui au début de décembre ont débouché sur une dispute sur les missiles de croisière. Pendant que les États-Unis refusaient l'accès de la France à ses missiles de croisières Tomahawk parce que la France voulait plus de détails techniques sur les missiles que les États-Unis voulaient divulguer, Fabrice Brégier, le chef de la section des missiles de l'EADS, le principal consortium aérospatial d'Europe, témoignait que les États-Unis utilisaient leurs missiles de croisière comme un «outil fondamental» dans un programme de «domination économique».

Brégier a invité des firmes britanniques et italiennes à joindre l'EADS pour travailler sur le missile Scalp, qui devrait avoir sensiblement les mêmes capacités que le Tomahawk, mais qui serait construit exclusivement avec la technologie européenne. Le Monde exultait: «La France va entrer dans le "club" très fermé des puissances détentrices de missiles de croisière [...] Par certains de ses aspects, "la diplomatie du Tomahawk" n'est plus le privilège des États-Unis.»

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