wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Le tremblement de terre en Algérie attise la colère

Par Chris Talbot
Le 27 mai 2003

Utilisez cette version pour imprimer

Les derniers chiffres publiés sur le séisme en Algérie font état de 2.162 morts et 8.965 blessés ; le bilan définitif dépassera probablement les trois mille morts vu que des cadavres continuent d'être dégagés des immeubles effondrés.

Des dizaines d'équipes de secouristes internationaux munis d'équipement spécialisé et de chiens de recherche commencent déjà à se retirer car l'espoir de trouver des survivants s'amoindrit d'heure en heure. La température qui avoisine les 30 degrés Celsius (86F) fait que très peu de ceux qui se trouvaient coincés sous les décombres ont pu survivre au séisme qui avait frappé mercredi 21 mai une région à forte densité de population située dans le nord du pays. Des quartiers de la capitale Alger, ainsi que des villes situées à l'est, telle Boumerdes ­ où l'on dénombra la moitié des victimes ­ furent touchés par le tremblement de terre qui mesurait 6,8 sur l'échelle de Richter. L'épicentre a été localisé à Thénia, à 65 km à l'est d'Alger.

Plusieurs rapports ont clairement signalé que le nombre effarant de morts était en grande partie dû à la construction de bâtiments de mauvaise qualité. On cite le cas, par exemple, d'un immeuble de dix étages et comptant 78 appartements à Reghaïa, à 40 km à l'est d'Alger. De l'immeuble complètement effondré l'on a dégagé 250 corps et l'on craint que 600 autres y soient encore enfouis. Un autre rapport relate l'effondrement à Bordj El Kiffan, une banlieue d'Alger, d'un bloc de logements où vivaient 38 familles, à savoir plus de 200 personnes. Peu survécurent dans cet immeuble qui avait été construit il y deux ans seulement.

De nombreux effondrements sont dus non seulement à la qualité médiocre du matériel de construction et au non respect des normes techniques et architecturales, mais aussi aux constructions illégales sur des terrains instables. Le pays a connu des séismes mineurs en 1999, 1994 et en 1989. Celui de 1980, qui avait surtout touché El Asnam, avait fait 3.000 victimes. Les normes de construction qui avaient été établies après 1980 furent largement ignorées par les promoteurs immobiliers et les autorités corrompues.

Des milliers de personnes vivent à présent dehors dans des campements de fortune craignant que les bâtiments qui sont encore sur pied ne s'affaissent à la moindre réplique ­ l'une à d'ailleurs atteint samedi 24 mai la magnitude 4.1 sur l'échelle de Richter. Le courant, le téléphone et l'eau ont été coupés et des plaintes et des reproches se font entendre contre le gouvernement qui, après n'avoir rien entrepris pour remédier au désastre, fait très peu à présent pour aider ceux qui se retrouvent sans abri. En raison du manque d'eau, l'on redoute aussi l'apparition de maladies qui pourraient rapidement se répandre dans la région en raison de la température élevée.

Pratiquement chaque mention faite du séisme décrit la vive colère de la population à l'encontre du gouvernement algérien. Lorsque le président Bouteflika tenta samedi de visiter Boumerdes, une foule excédée l'accueillit par des jets de pierres et des coups de pieds contre sa voiture. Le show de sympathie de Bouteflika fut perçu comme du racollage en vue des prochaines élections présidentielles. Le slogan habituel réservé aux manifestations anti-gouvernementales : « Pouvoir assassin ! » fut scandé. Un accueil semblable fut réservé à Bouteflika à Lakhdaria où le gouvernement fut accusé d'avoir volé l'aide internationale destinée aux victimes du séisme.

Le gouvernement de Bouteflika est soutenu par une élite militaire qui a une longue expérience du règne par la répression. Un récent rapport de l'Human Rights Watch met en évidence le nombre de « disparus » durant la dernière décennie ­ des personnes arrêtées par les forces de sécurité et remises à leurs familles sans qu'aucune explication ne leur soit donnée ­ qui dépasse le chiffre de 7.000, plus que dans n'importe quel autre pays du monde, la Bosnie mise à part. Et pourtant, en dépit de la crainte des autorités, le désastre occasionné par le tremblement de terre a encouragé de nombreuses personnes à manifester et à attaquer ouvertement les dirigeants algériens corrompus.

La presse algérienne, servile en général, fut par moment poussée à réclamer la démission de Bouteflika. Le Matin lança un avertissement « comme d'habitude, le gouvernement, dans sa posture de l'autruche, manquera de tenir compte des avertissements que lui adressent les Algériens. »

Bouteflika est fortement soutenu par les Etats-Unis ainsi que par d'autres gouvernements occidentaux. Le régime algérien privatise en ce moment de larges secteurs de l'économie publique et ouvre le capital aux entreprises occidentales. En dépit d'une importante production de pétrole et de gaz, la population algérienne vit dans une pauvreté indescriptible, près de la moitié en-dessous du seuil de pauvreté et le taux chômage officiel atteint 30 pour cent, mais en réalité bien pire.

Voir aussi:


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés