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Le FMI conseille la prudence en matière de hausse du taux d'intérêt

par Nick Beams
22 avril 2004

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La Federal Reserve Board des Etats-Unis, (La Fed), banque centrale américaine, a besoin d'agir avec prudence dans le relèvement des taux d'intérêt de peur de déclencher une crise dans les marchés financiers mondiaux. C'est le point de vue du F.M.I. qui publie cette semaine ses Perspectives sur l'économie mondiale. La banque centrale des Etats-Unis, doit préparer l'économie mondiale à des taux d'intérêt plus élevés "pour éviter la perturbation à la fois du marché financier national américain et des marchés financiers à l'étranger" dit-il

Ces appels à la prudence peuvent être l'une des raisons pour lesquelles Alan Greenspan, président de la Fed a lancé un avertissement dans son rapport devant le Congrès ce mercredi disant qu'il faudrait qu'il y ait augmentation des taux d'intérêt « à un moment donné ».

Selon le F.M.I. alors que les Etats-Unis disposent encore "d'une marge de manuvre", le terrain doit être préparé pour de futurs resserrements monétaires et les banques centrales doivent faire connaître leur intention aussi tôt que possible "afin de réduire le risque de changements abrupts des attentes des investisseurs par la suite".

L'augmentation attendue des taux d'intérêt de la Fed à partir de son niveau historique le plus bas de 1 % a entraîné une discussion parmi les cercles financiers dans les dernières semaines sur la possibilité d'une répétition de la crise du marché des obligations de 1994 quant la Fed passa d'une politique de bas taux d'intérêt à une élévation de ceux-ci plus forte que prévue. L'impact le plus significatif de la crise se ressentit au Mexique, quand, face, à l'effondrement du marché obligataire, l'administration Clinton dut organiser une action de sauvetage d'un montant de 50 milliards de dollars des banques et des institutions financières américaines ayant investi dans le marché mexicain.

Tandis que de récents commentaires ont tenté de rassurer les investisseurs en disant que l'histoire ne se répétera pas et que les circonstances sont différentes maintenant, il y a des inquiétudes sur le fait que des institutions financières et des banques auraient surinvesti dans les marchés dits "émergents" utilisant des ressources empruntées à des taux relativement bas en Europe et aux Etats-Unis.

Dans un article publié le 9 avril, the Economist s'alarmait : "les bas rendements des marchés mûrs rendent les marchés émergents attractifs. Mais ce n'est pas tout. L'importance des liquidités qui inondent les pays riches est aussi un encouragement à s'engager dans le soi-disant "carry trade". Les opérateurs, appelés "carry traders", empruntent à bas coût et à court terme. Puis ils investissent en actifs à plus haut rendement. Quelques-uns ne font qu'acheter des obligations américaines à longue échéance. Mais les plus téméraires s'aventurent plus loin pariant sur les marchés obligataires émergents à haut rendement avec l'argent emprunté à bon marché dans des marchés mûrs".

Mais cette situation risque de ne plus durer très longtemps parce que les taux d'intérêt des grandes économies commencent à augmenter.

Dans son rapport Stabilité financière dans le monde, publié au début du mois, le F.M.I. indiquait que si les marchés financiers jouissaient d'une « embellie » en ce moment, en grande partie parce qu'un taux d'inflation bas a permis aux autorités monétaires de maintenir des taux d'intérêt bas, il y a des « lignes de faille qui pourraient affecter la stabilité à un moment donné».

"Le risque majeur menaçant les perspectives sereines concernant les marchés financiers mondiaux est que ces perspectives reposent sur un équilibre très délicat de forces économiques contradictoires" avertit le F.M.I. En particulier, la stabilité financière dépend de la poursuite, « sans précédent, des flux bruts et nets de capitaux entrant aux Etats-Unis ».

Cependant, si "ce délicat" équilibre était altéré, entraînant une réduction de l'entrée de capitaux publics et privés, le dollar américain pourrait faiblir plus que prévu, générant la volatilité accrue des marchés."Cela aurait un impact négatif se répandant sur les autres marchés des actifs allant jusqu'à pousser à la hausse les taux en Europe et sur les marchés émergents. » Un tel développement pourrait "mettre à nu les faiblesses structurelles persistantes de plusieurs pays à marchés émergents, faiblesses jusque là masquées par des conditions fermes de marché."

Il y a aussi les craintes que l'actuel régime de bas taux d'intérêt, qui a eu un impact majeur dans le soutien des valeurs devienne lui-même source de problèmes. Si les taux d'intérêt demeuraient bas, il pourrait y avoir une quête de rendements croissants tandis que seraient négligés les facteurs de risques. "Il y a des exemples anecdotiques de comportements moutonniers comme des investisseurs qui se dirigent vers des produits hasardeux et dont ils ne sont peut-être pas familiers mais qui avaient donné de bon résultat dans l'année." Ce processus pourrait, à la longue, conduire à une surévaluation de certains actifs financiers et pourrait encore davantage provoquer des ajustements perturbateurs » s'il persistait.

La possibilité d'une sérieuse désorganisation des marchés financiers mondiaux est engendrée par les déséquilibres croissants dans l'économie mondiale et par-dessus tout aux Etats-Unis. Le déficit américain de la balance des paiements courants - qui mesure le taux d'augmentation de l'endettement international - a atteint presque 5 % du PIB tandis que le déficit du budget est évalué à au moins 450 milliards de dollars pour 2004. Comme le notait le F.M.I. dans ses récentes Perspectives sur l'économie mondiale "d'un point de vue historique, la vitesse de détérioration du déficit budgétaire a peu de précédents." Le retournement durant la période 2000-2004 en pourcentage du PIB représente près du double des pires années de recul de la période de la guerre de Corée.

Ces déficits sont financés par l'afflux de capitaux des banques asiatiques qui achètent des dollars dans le but de maintenir bas le cours de leurs propres monnaies et leurs positions compétitives sur le marché américain. Mais cette politique crée de massifs déséquilibres financiers. On estime qu'actuellement l'Asie, Japon compris, détient environ 2,1 trillions de dollars dans ses réserves officielles, soit plus de 80 % du total mondial et trois fois plus que les réserves qui existaient à la fin de 1998.

Jusqu'à présent, les achats asiatiques ont permis aux autorités américaines de poursuivre la politique des taux d'intérêt faibles qui a soutenu la demande intérieure des Etats-Unis. Mais cette politique ne peut continuer indéfiniment. Pour l'Asie, les achats de dollars par les banques centrales, particulièrement en Chine, pompent une masse d'argent dans l'économie et créent les conditions d'une forte hausse des valeurs des actifs.

Côté américain, l'augmentation de l'endettement créé les conditions d'une crise liée à celle-ci.

Dans un commentaire publié dans le Financial times du 14 avril, Felix Rohatyn, célèbre banquier d'affaires, s'alarmait que la situation que rencontraient actuellement les Etats Unis était "étrangement similaire" à celle que la ville de New-York connut en 1975 quand elle tomba en faillite après que les marchés financiers se détournèrent des emprunts émis par la ville. "Les Etats-Unis et le dollar", indiqua-t-il, "pourraient être confrontés à une crise financière équivalente pour des raisons similaires".

Jusqu'à présent, la volonté des banques centrales de Chine, d'Asie du sud est, du Japon et d'Europe de financer les déficits américains a "permis à l'administration de George W. Bush et à la Fed de poursuivre une politique d'argent bon marché, de baisse de la pression fiscale, de déficits importants et de dépendance à l'égard des marchés boursiers spéculatifs et à la bulle immobilière pour créer de la croissance économique". Mais cela ne peut durer indéfiniment et à un certain point les banques centrales étrangères pourraient être incapables ou pourraient ne plus vouloir porter la dette des Etats-Unis. "Quelques temps avant que ce moment n'arrive, les marchés commenceront à réagir : le dollar pourrait brutalement chuter davantage, les taux d'intérêt monteraient en flèche et nous aurions à traiter une crise nationale, qui pourrait se transformer en une crise mondiale".

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