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Grande-Bretagne: un ancien général demande que Blair soit mis en accusation sur la question de la guerre en Irak

Par Julie Hyland
11 janvier 2006

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Le général Michael Rose a demandé que le Premier ministre Tony Blair soit mis en accusation sur la question de la guerre en Irak.

Rose, ancien commandant des services des forces spéciales britanniques (SAS) et des forces des Nations Unies en Bosnie, apparaît dans une série documentaire, Irak, l'échec de la guerre, dont la diffusion débutera le 13 janvier. La série est faite par un ancien correspondant de la BBC et ancien député au Parlement, Martin Bell, qui décrit l'attaque militaire de Bagdad comme « une aventure mal préparée » dont l'issue était potentiellement plus catastrophique que celle de la guerre du Vietnam.

Rose fait partie des quelques soldats, à la retraite, interviewés par Bell. Dans l'émission, il déclare que « les hommes politiques devraient rendre des comptes, et personnellement je pense que Blair devrait être mis en accusation. Cela forcerait les hommes politiques à réfléchir à deux fois sur la question de conduire un pays à la guerre. »

Rose réitéra sa demande pour que des mesures soient prises à l'encontre de Blair dans l'émission Today de la BBC et le quotidien The Guardian.

Quand on lui demanda dans l'émission Today si sa demande que Blair soit mis en accusation était purement rhétorique ou bien s'il était sincèrement convaincu que le Premier ministre devrait être « traîné » devant la Chambre des lords sous l'inculpation de « délits et infractions graves», Rose redit avec insistance que Blair devrait répondre de ses actes.

"Certainement du point de vue d'un soldat il ne peut y avoir de décision plus grave prise par un Premier ministre que celle de déclarer la guerre. Et ensuite partir en guerre sur la base de griefs, qui se révèlent être faux, représente quelque chose dont personne ne devrait pouvoir se tirer d'affaire sans avoir à rendre des comptes.»

On demanda à Rose s'il croyait que les actes de Blair, dans la période précédent la guerre, étaient un exemple de politique « erronée » ou de recours à l'illégalité. Bien que sa réponse soit quelque peu vague, disant qu'ils se situaient « quelque part entre les deux », la réponse du général à la retraite mit l'accent sur la question de l'illégalité.

"La politique était erronée, le fait qu'il déclara rarement ses objectifs finaux, à ce qu'on voit, et sa façon d'insister continuellement sur les armes de destruction massive quand en fait il avait probablement une autre stratégie en tête », dit-il.

"Et de plus, les conséquences de cette guerre ont été franchement catastrophiques à la fois pour les gens en Irak et aussi pour l'ouest en termes de nos intérêts plus larges dans la guerre contre le terrorisme mondial. »

Rejetant la déclaration de Blair qui affirmait avoir fait, en toute bonne foi, une erreur en matière de renseignements sur les armes de destruction massive de l'Irak, Rose insista sur le fait que les services secrets devraient toujours être « correctement vérifiés » pour s'assurer qu'ils n'étaient pas « fabriqués » ou « montés de toutes pièces » pour des raisons cachées.

Et faisant une allusion désobligeante aux chefs militaires britanniques qui avaient donné leur aval à la guerre contre l'Irak menée par les Etats-Unis, Rose dit que lui n'aurait pas conduit des soldats dans une guerre qu'il croyait être mauvaise.

" On ne peut pas mettre des gens en danger si on ne croit pas que la cause est juste ou suffisante", dit-il.

Mais qu'un officier de commandement refuse un ordre serait "une démarche de taille" et « sans précédent », lui fut-il répliqué, qui mettrait sous « un jour nouveau » les relations entre les militaires et l'establishment politique.

Rose maintint néanmoins sa position selon laquelle un dirigeant militaire, confronté à des arguments faibles pour justifier une guerre, devrait donner sa démission.

Les commentaires de Rose exprimèrent clairement son inquiétude:en falsifiant les motifs pour une attaque militaire, le gouvernement avait miné tout consensus politique populaire derrière la guerre et simultanément privé l'armée de toutes les ressources nécessaires pour conduire sa tâche jusqu'à la réussite.

Ces facteurs avaient affaibli la position des militaires en Irak. Tandis qu'il ne faisait aucun doute que de nombreux militaires sentaient qu'un retrait immédiat d'Irak n'était pas prévu, ils reconnaissaient que « nous aurions à nous retirer à un moment donné » et que « notre présence continue n'obtient pas beaucoup de résultat en ce moment.»

Le Premier ministre lui-même a reconnu qu'il n'avait pas prévu l'étendue de l'opposition, en Irak, à l'égard de ce qui est "effectivement une force d'occupation," ajouta Rose.

L'ancien général a même poussé plus loin ses critiques dans le Guardian du 10 janvier. La décision de Blair de s'associer à la guerre conduite par les Etats-Unis fut prise malgré le fait que « la majorité de l'électorat de ce pays s'oppose toujours à la décision d'envahir l'Irak», expliqua-t-il.

Non seulement les renseignements des services secrets, présentés comme un casus belli pour la guerre, étaient « toujours incomplets et inconsistants au point d'en être embarrassants », mais en plus la déclaration de Blair au Parlement selon laquelle l'Irak possédait des armes de destruction massive qui pouvaient entrer en action en 45 minutes « fut faite sans être correctement vérifiée- car il fut décidé à Washington et à Londres de lancer l'invasion contre l'Irak rapidement, sur la base de preuves disponibles faibles. »

"La Grande-Bretagne a été amenée à une guerre sur la base de faux prétextes", poursuivit-il. Ayant ignoré les souhaits politiques de la population, « il ne faudrait pas s'étonner, de ce fait, que tant d'électeurs de ce pays ont tourné le dos à un système démocratique qu'ils sentent si peu crédible et si peu à leur écoute.»

Si on veut que le Parlement rétablisse la confiance parmi la masse de la population, il doit demander des comptes à Blair. « La mise en accusation de M. Blair est à présent quelque chose qui doit avoir lieu si nous voulons à nouveau raviver dans ce pays l'intérêt dans le processus démocratique», conclut Rose.

Rose fit clairement comprendre dans ses interviews que ses critiques étaient partagées par d'autres, quand il dit dans l'émission Today que pour la première fois « dans mon expérience », il y a « un grand débat » au sein des forces armées sur ce qui est correct et ce qui est incorrect dans la guerre contre l'Irak et « un grand nombre de critiques »sur le sujet.

Les forces britanniques en Irak sont confrontées à une insurrection populaire sans qu'il y ait une "stratégie de sortie" en vue. Et on dit aussi que les huiles de l'armée s'insurgent contre la décision du Procureur général, lord Goldsmith, de permettre que les soldats soient poursuivis pour crimes de guerre suivant la Loi de la Cour criminelle internationale, dont la Grande-Bretagne est signataire.

Dans les semaines précédant la guerre, les chefs de la défense en Grande-Bretagne avaient cherché à obtenir de Goldsmith des assurances catégoriques quant à la légalité de l'attaque de l'Irak. Goldsmith avait informé les ministres que l'on ne pouvait justifier la guerre par des motifs d'auto défense ou des motifs humanitaires, et qu'une guerre visant à un changement de régime serait illégale- ce qui explique pourquoi le gouvernement s'est appuyé, pour demander une résolution des Nations Unies, sur les déclarations selon lesquelles l'Irak possédait des armes de destruction massive. Le fait que ceci se révéla être un tissu de mensonges présente la possibilité que la guerre pourrait être jugée illégale, ouvrant ainsi la voie à des accusations de crimes de guerre à l'encontre des personnels militaires.

Il reste à voir quel sera l'impact de la déclaration de Rose. Depuis novembre 2004 un groupe de députés, conduit par les nationalistes Ecossais et Gallois, cherche un soutien en vue d'une motion de censure de Blair sur la question de la guerre en Irak. Mais le Parlement a soutenu la guerre à une majorité écrasante et malgré le malaise causé par la révélation des mensonges de Blair, le site web de la campagne pour la mise en accusation de Blair ne compte que 23 noms de députés ;

Le porte-parole officiel de Blair rejeta l'appel de Rose, déclarant que bien qu'il avait le droit d'avoir son opinion personnelle, il était à présent à la retraite et que quatre enquêtes séparées sur la guerre avaient donné raison au gouvernement.

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