wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La guerre en Irak et le développement de crises politiques et sociales

Par David North
11 avril 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le texte qui suit reproduit les remarques prononcées par David North, le secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste aux Etats-Unis, devant la conférence d’urgence contre la guerre de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale et des Partis de l’égalité socialiste. Cette conférence a eu lieu le 31 mars et 1er avril à Ann Arbor au Michigan.

La plus importante tâche devant cette conférence est de faire une évaluation précise du développement de la guerre en Irak et de sa signification plus large. Il est nécessaire de baser le travail de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale (IEES) sur une compréhension exacte du rapport entre la guerre et le développement futur de crises politiques et sociales au sein de ce pays et internationalement.

Rappelons que lorsque la guerre a débuté il y a quatre ans, l’assaut avait été nommé « Choc et stupeur » par l’administration Bush. Ce choix reflétait l’illusion qui prévalait dans de larges sections de la classe dirigeante au début de la guerre selon laquelle les Etats-Unis feraient la démonstration de leur puissance militaire et non seulement écraseraient les Irakiens, mais montreraient aussi au monde entier l’invincibilité de l’impérialisme américain. Et ils furent nombreux dans les médias et dans l’establishment politique internationalement à avoir foi dans cette illusion fantastique que la force militaire serait désormais suffisante pour réorganiser le monde dans les intérêts de Wall Street et des compagnies géantes des Etats-Unis.

Le PES et le World Socialist Web Site avaient dès le début de la guerre une compréhension différente de la guerre. Nous avons anticipé que malgré les succès militaires des premiers jours, il ne faudrait pas attendre longtemps avant que les problèmes sous-jacents et la faiblesse inhérente à la position mondiale de l’impérialisme américain se manifestent. Et c’est bien ce qui s’est produit. Quatre ans après le début de la guerre, les illusions ont éclaté en morceaux devant l’échec de l’aventure de Washington en Irak. Les différents aspects de la crise dans laquelle l’administration Bush se trouve plongée sont liés à ce fait politique et militaire déterminant.

En 1990, juste avant le début de la première guerre du Golfe, la première administration Bush avait annoncé la naissance d’un « nouvel ordre mondial » se basant sur la conception qu’avec l’effondrement de l’Union soviétique, l’Histoire était terminée. Et ainsi, l’impérialisme américain serait sans rival. Comme Francis Fukuyama l’a proclamé, la nouvelle et dernière étape de l’histoire devait être dominée par la démocratie libérale sous l’égide de l’impérialisme américain. Plus de quinze ans plus tard, que reste-t-il de cette perspective ? L’échec en Irak n’est pas qu’une défaite militaire. Il signifie fondamentalement l’échec de cette perspective mondiale et il signifie la fin de toute une époque historique.

Considérons la trajectoire de l’histoire mondiale au cours des soixante dernières années. Après la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis sont apparus comme le pays impérialiste le plus puissant dans le monde. Ils avaient pour tâche de réorganiser et de reconstruire le système capitaliste mondial qui avait volé en éclats devant les événements des trente années précédentes : la Première Guerre mondiale, la Grande Dépression et la catastrophe de la Deuxième Guerre mondiale. Le capitalisme devait être stabilisé et reconstruit par la puissance des Etats-Unis.

Il faut reconnaître que l’impérialisme américain a obtenu un succès important dans l’implémentation de sa stratégie mondiale après la Guerre mondiale. Deux facteurs étaient à l’œuvre. Premièrement, les Etats-Unis bénéficiaient d’une supériorité économique écrasante sur ses anciens rivaux européens et japonais.

Cette supériorité a été exprimée de façon concentrée dans le rôle central joué par le dollar américain dans le système financier international. La puissance financière du dollar a été un plus grand facteur dans la défense de la suprématie mondiale des Etats-Unis que leur immense arsenal militaire.

De plus, les politiques perfides du régime de Staline en Union soviétique — impitoyablement voué à l’isolement et à la répression des oppositions révolutionnaires à l’impérialisme — ont joué un rôle clé pour rétablir le système capitaliste mondial après 1945. L’interaction de ces deux facteurs a fourni la base politique et économique cruciale à la position mondiale dominante des Etats-Unis.

Mais Washington n’était pas invincible. Même à l’apogée de sa puissance, l’impérialisme américain a dû faire face à des oppositions politiques sous la forme de luttes des masses à travers le monde, qui limitèrent sa capacité à dicter et réussir tout ce qu’il voulait. De plus, les bases économiques de la domination américaine étaient déjà considérablement affaiblies vers la fin des années 1960. Les décennies de 1970 et 1980 ont constitué une période où la crise du capitalisme américain s’est exacerbée.

L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 a créé l’impression que l’impérialisme américain était sorti victorieux de la Guerre froide et bénéficiait ainsi d’un second souffle historique. À cette époque, on porta très peu d’attention, sauf dans notre propre mouvement, aux profonds problèmes et crises du système capitaliste mondial lui-même.

Une perspective est importante, non seulement pour le mouvement des travailleurs, mais aussi pour la bourgeoisie. Les politiques mises de l’avant par l’élite dirigeante américaine au cours des quinze dernières années ont été basées sur une évaluation complètement fausse de la situation mondiale. C’est ce qui a créé les conditions pour les erreurs de calcul catastrophiques qui sont maintenant devenues si évidentes pour de larges sections de la classe dirigeante elle-même. Bien sûr, les attaques du Parti démocrate envers l’administration Bush ne sont pas motivées par une opposition aux objectifs généraux de l’administration, mais plutôt par les tactiques choisies qui ont conduit à un échec total.

Mais la question que l’on doit se poser est la suivante : quelles sont les conséquences de cet échec ? Il est important de mettre l’accent sur les implications d’une approche correcte pour l’analyse de la situation mondiale, et je souligne « de la situation mondiale ».

Ce qui distingue notre mouvement, la Quatrième Internationale, de tous les autres, est son évaluation de l’importance primordiale de la politique mondiale sur les considérations nationales. Quelles sont les implications mondiales de l’échec du grand dessein de l’impérialisme américain d’établir sa position hégémonique mondiale par la guerre ? Je crois que nous devons anticiper que le désastre en Irak entraînera bientôt des convulsions économiques et politiques aux Etats-Unis et internationalement. Les Etats-Unis, n’étant plus capables de fonctionner en tant que stabilisateurs du capitalisme mondial, sont devenus la source de sa plus grande instabilité.

Il est important de commencer en établissant systématiquement l’état de la situation mondiale. Posons seulement quelques questions sur l’état actuel du monde.

Quel impact aura la débâcle irakienne sur les relations entre les Etats-Unis et l’Europe, et entre les Etats-Unis et l’Asie ? Quelles seront les implications de la tentative de la Russie de réaffirmer ses intérêts stratégiques ?  Comment les Etats-Unis vont-ils réagir à la montée de la puissance de la Chine ? Quelles sont les implications sur les relations entre la Chine et le Japon ?

Nous voyons à l’échelle du globe un potentiel de conflit mondial extraordinaire. Au même moment, lorsqu’on examine les relations au sein de ces pays et ces régions, la question des impacts de ce monde en convulsion sur les relations de classe à l’intérieur des pays doit être posée.  Dans toutes les régions du monde, on voit le potentiel pour des conflits sociaux, une tension continuellement exacerbée par les conflits internationaux. Et cela est plus vrai aux Etats-Unis que n’importe où ailleurs.  

Un autre facteur devrait être considéré. Le 20e siècle a été essentiellement une période durant laquelle les Etats-Unis étaient une puissance montante. Cela a eu un impact profond sur la compréhension du monde qu’ont les Américains et sur leur évaluation du système social actuel.  

Mais maintenant, de quoi les Américains sont-ils témoins ? Il est de plus en plus évident que les Etats-Unis sont une société capitaliste en déclin, et que leur influence mondiale diminue. L’impact de l’échec de la guerre en Irak, qui n’a jamais été populaire dès son commencement, est dévastateur. Et ce sentiment de déclin et de crise favorisera nécessairement une attitude plus critique envers les conditions de vie aux Etats-Unis même. 

La question à se poser est la suivante : comment percevons-nous le développement des conditions politiques aux Etats-Unis et internationalement dans la foulée de la catastrophe irakienne ? Il est peut être vrai que depuis les élections, le Parti démocrate a accéléré ou intensifié ses critiques verbales de l’administration Bush, mais en fin de compte, tout ceci ne représente que très peu. Les démocrates ne peuvent pas mettre fin à la guerre, pas plus qu’ils ne peuvent, même s’ils le voulaient, offrir une réponse sérieuse à la détresse sociale croissante aux Etats-Unis. Advenant une prise du pouvoir des démocrates et leurs alliés, ils ne pourraient pas reculer — ils ne le tenteraient même pas — sur les questions touchant les intérêts mondiaux de l’impérialisme américain.

Les stupéfiantes inégalités sociales aux Etats-Unis doivent inévitablement donner naissance à un mouvement de la classe ouvrière, car ces inégalités expriment en termes objectifs une augmentation colossale du niveau de l’exploitation sociale, et cela entraînera nécessairement un changement dans les conditions politiques. Les vérités de base du marxisme — que ce sont les forces tectoniques du processus socioéconomique qui, en dernière analyse, déterminent la politique — vont trouver leur expression aux Etats-Unis et internationalement, et c’est sur cette base que nous développons la ligne politique du SEP et de l’IEES.

Nous anticipons et prévoyons le développement d’événements aux Etats-Unis qui refléterons de plus en plus directement l’état très avancé de la crise du système capitaliste mondiale. Les lois historiques s’appliquent aussi bien aux Etats-Unis qu'à tous les autres pays. La stratégie que nous devons élaborer est une stratégie internationale. La stratégie que nous avançons est que la lutte contre la guerre est aujourd’hui une lutte mondiale qui requiert l’unification internationale de la classe ouvrière et de la jeunesse sur la base d’un programme internationaliste et socialiste.

(Article original paru le 9 avril 2007)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés