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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Election présidentielle française

Le candidat d’extrême-droite Le Pen profite de la banqueroute de la « gauche »

Par Peter Schwarz à Paris
23 avril 2007

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Les résultats du vote pour le candidat d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen au premier tour des élections présidentielles françaises sont attendus dans la tension.

Lors des précédentes élections présidentielles, il y a cinq ans, le succès du dirigeant du Front national au premier tour du vote avait provoqué un tremblement de terre politique. Aucun sondage n’avait prévu ce résultat pour Le Pen, dont l’accession au second tour en 2002 a porté un coup humiliant et dont l’effet fut de longue durée au Parti socialiste et à son candidat, l’ancien premier ministre Lionel Jospin.

Des dizaines de milliers de personnes étaient alors immédiatement descendues dans les rues dans un mouvement de contestation des résultats électoraux et quelques jours plus tard, les manifestants se comptaient par millions. Les partis établis, toutefois, ont pu canaliser cette vague d’indignation spontanée vers un soutien pour le candidat gaulliste Jacques Chirac au second tour du vote. En particulier, le Parti communiste et le Parti socialiste ont fait campagne pour Chirac, avec le soutien des partis soi-disant de l’extrême-gauche. Aucune de ces organisations n’a eu le courage de défier la légitimité d’une élection qui n’offrait à la population que le choix entre un candidat de droite et un candidat de l’extrême-droite.

Chirac a éventuellement gagné l’élection avec une majorité confortable. Il a augmenté sa part du vote d’à peine 20 pour cent au premier tour à 82 pour cent au second. La part du vote de Le Pen est passé de 17 pour cent à 18 pour cent. Néanmoins, cinq années plus tard, le démagogue, âgé de près de 80 ans, a encore pu se présenter dans la campagne présidentielle actuelle comme un candidat sérieux.

Selon de récents sondages, l’appui pour Le Pen atteint les 15 pour cent depuis un bon moment. Il a proclamé, ayant confiance en lui-même, qu’il passera encore une fois au second tour. Cela semble improbable, si l’on garde en tête qu’il faudra pour cela obtenir près de 25 pour cent du vote total. Selon les mêmes sondages, comparé à l’élection de 2002, beaucoup moins d’électeurs vont voter pour de petits partis dans cette élection.

Cependant, il est à noter que le Front national a été en mesure de conserver un soutien électoral relativement important. Selon une étude, ce soutien proviendrait principalement des travailleurs, des employés de bureau et des couches sociales les plus pauvres. La responsabilité politique de cette situation repose sur les partis soi-disant de gauche. Ces derniers ont essentiellement laissé le champ libre à Le Pen, lui permettant d’aborder les questions sociales avec son approche démagogique habituelle.

Dans ses conférences et publicités électorales, Le Pen dénonce le haut taux de chômage, souligne les besoins des agriculteurs et des petits entrepreneurs et déplore l’état du système d’éducation qui fait que de moins en moins d’enfants provenant de la classe ouvrière complèteront des études universitaires. Le Pen se décrit comme le seul candidat à lutter contre « le système ».

Cela ne veut pas dire que Le Pen a abandonné les sujets qu’il a traditionnellement défendus — la fin de l’immigration, la loi et l’ordre, le chauvinisme et le racisme — mais que ces derniers ont été repoussés à l’arrière-plan. Sa fille Marine, qui a organisé la campagne électorale de son père et qui est perçue comme son successeur politique probable, a tenté de donner une image plus modérée au Front national. Elle a même permis à une Française noire des Antilles d’apparaître sur une affiche électorale du FN — une astuce de recrutement qui a été accueillie avec hostilité par certaines sections du parti.

Marine Le Pen est bien consciente de ce que son nom implique. Son père, qui s’est présenté pour la première fois comme candidat présidentiel en 1974, est fortement associé à la xénophobie et à l’extrémisme de droite, même s’il a décidé à ce point-ci de ne pas mettre l’accent sur ces questions. Il laisse plutôt le candidat de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, la dirigeante du Parti socialiste, lutter l’un contre l’autre afin de démontrer qui est le plus nationaliste. Le Pen se présente comme l’original, supérieur à ses copies.

Il déclare, avec un certain plaisir, dans une publicité électorale : « Vous aurez remarqué comme moi que mes rivaux de l’élection présidentielle ont porté les questions de l’immigration, du patriotisme et de l’identité nationale au coeur de leur campagne. Durant trente ans, mes électeurs et moi avons été diffamés, insultés et méprisés pour avoir soulevés les mêmes questions... Mme Royal a tenté de se couvrir du tricolore en suivant M. Sarkozy, qui, quant à lui, m’a suivi avec son grand battage publicitaire. »

La publicité se termine avec la remarque que chacun de ses rivaux a, à un moment ou un autre, été membre du gouvernement et été incapable de mener à bien les politiques qu’il ou elle avance maintenant. Seulement Le Pen, prétend ce dernier, est prêt et disposé à mettre ses slogans en pratique.

Les partis d’extrême-gauche portent une grande part de responsabilité pour le soutien dont le Front national continue à bénéficier.

Le Parti des travailleurs (anciennement l’OCI de Pierre Lambert) et son candidat Gérard Schivardi mènent une campagne électorale nationaliste contre l’Union européenne qui, à bien des égards, est similaire à la campagne de Le Pen. Comme Le Pen, Schivardi blâme l’Union européenne pour tous les malheurs sociaux qui frappent la France. Alors que Schivardi a fait du slogan « rompre avec l’Union européenne » le point central de sa campagne, Le Pen demande la fin de la monnaie européenne commune et une augmentation des mesures protectionnistes.

Les candidats de Lutte ouvrière et de la Ligue communiste révolutionnaire, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot respectivement, soulèvent les questions sociales et critiquent le système capitaliste. Mais, en bout de piste, les deux servent de paravent politique au Parti socialiste qui, lui, s’adapte à sa manière à Le Pen. Il y a cinq ans, Besancenot est allé jusqu’à demander un vote pour Chirac dans le second tour des élections présidentielles. Quant à Laguiller, elle a demandé qu’on vote pour elle au premier tour en expliquant qu’ainsi, la « gauche » (c.-à-d., le Parti socialiste) serait plus accommodante. La dernière affiche électorale de Lutte ouvrière appelait pour un vote pour Laguiller « pour chasser la droite, mais vous faire obéir de la gauche ».

Seul un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière qui rompt avec le Parti socialiste et ses parasites de « gauche » et qui mène la lutte pour un programme internationaliste basé sur une perspective socialiste offrant une réponse à la crise sociale pressante, peut briser l’influence du Front national de Le Pen. C’est précisément ce type de perspective qui est rejeté par les partis d’extrême-gauche en France.

(Article original paru le 19 avril 2007)


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