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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les conducteurs de train allemands annoncent de nouvelles grèves

Par Ulrich Rippert
29 décembre 2007

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Le 19 décembre, le syndicat des conducteurs de train GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer) a rompu ses négociations avec la direction des chemins de fer (Deutsche Bahn, DB) et deux autres syndicats de cheminots, Transnet et le GDBA (Gewerkschaft Deutscher Bundesbahnbeamten, Arbeiter und Anwärter) pour annoncer son intention d’organiser de nouvelles grèves illimitées à partir du 7 janvier. Cette annonce représente un durcissement sensible du conflit sur les salaires qui dure déjà depuis neuf mois.

Au cours de ces trois dernières semaines, le GDL avait mené des négociations avec la direction de la DB et avait renoncé à entreprendre toute action de grève. Durant les pourparlers, il était apparu clairement que la direction de la DB n’était nullement disposée à faire des compromis. Au lieu de cela, elle a cherché à profiter de la période de négociation pour isoler les conducteurs de train et briser leur syndicat.

Lors de la conférence de presse à Francfort sur le Main, le président du GDL, Manfred Schell, a dit que le syndicat avait décidé de rompre les pourparlers parce que la direction de la DB avait au cours des discussions laissé tomber sa promesse d’accorder au syndicat sa propre « convention collective indépendante. »

La direction avait exigé que le GDL accepte de signer un soi-disant « accord de coopération » avec les deux autres syndicats, Transnet et le GDBA, avant même d’engager toute négociation sur le contenu de l’accord prévu pour le GDL. L’acceptation d’une telle proposition aurait signifié abandonner les revendications clé formulées par le GDL pour négocier indépendamment les salaires et les heures de travail. « Nous n’accepterons pas une telle démarche, » a dit Schell. L’adjoint de Schell, Claus Weselsky, a dit à Spiegel Online : « Il a été demandé au GDL de voter en faveur de la convention qu’il avait eue autrefois avec Transnet et le GDBA et qu’il avait déjà rejetée alors et… au cas où les syndicats auraient des difficultés à s’accorder sur leurs revendications, la question serait soumise à l’arbitrage et ce même avant que la moindre revendication n’ait été présentée à la direction. Pouvez-vous imaginer ça ! Et ceci devait s’appliquer au présent conflit. »

Weselsky a accusé la direction de la DB de vouloir « ridiculiser » le GDL. Il a dit, « Pour dire les choses comme elles sont, nous n’aurions même pas été autorisés à négocier les salaires des conducteurs de train. » Au lieu de cela, l’accord ne renfermerait que des détails mineurs, « à savoir si le taux de l’épargne salariale doit être augmenté ou rester inchangé. Ce dont on parle ici, c’est 13 euros par mois. »

En ce qui concerne la revendication salariale du GDL, la revendication avancée initialement par le syndicat avait été de quelque 30 pour cent, la direction de la DB n’était disposée qu’à offrir 4,5 pour cent, donc la même offre que celle déjà négociée par Transnet et le GDBA. Une nouvelle classification des emplois dans la grille des salaires aurait entraîné une autre augmentation de deux pour cent. « C’était trop peu pour nous,  a dit Weselsky. Nous voulons des augmentations de salaire prévoyant deux chiffres avant la virgule. »

A ceci s’ajoute le fait que la direction de la DB refuse de reconnaître les conducteurs de manœuvre comme des conducteurs de train, privant ainsi le GDL du droit de négocier au nom de ce groupe de travailleurs.

Le GDL a annoncé la relance des grèves à partir du 7 janvier dans le transport du fret et de passagers. Schell a déclaré à la conférence de presse que, contrairement à l’ancienne position adoptée par le syndicat, cette fois-ci il s’agirait d’une grève illimitée. L’action de grève se poursuivrait jusqu’à ce que la direction de la DB avance une « offre acceptable » et elle continuerait même durant les négociations avec la direction. Les grèves ne se termineraient que si « nous sommes absolument convaincus que nous nous dirigeons dans la bonne direction, » a précisé le président du GDL.

La direction de la DB a aussitôt réagi. L’entreprise a annoncé dans un communiqué qu’elle retirait toutes les « offres et concessions » faites précédemment au GDL. La direction exige à présent du GDL une « procédure d’arbitrage règlementée. »

Les organes politiques et de presse se sont instantanément rassemblés derrière la direction de la DB pour démarrer une campagne de propagande brutale contre les conducteurs de train, les attaques les plus dures venant de représentants du Parti social-démocrate SPD et de la Fédération des syndicats allemands (DGB).

Le porte-parole économique du groupe parlementaire du SPD, Rainer Wend, a déclaré au quotidien Saarbrücker Zeitung que si le GDL une fois de plus annonçait des grèves, « Nous affirmerons clairement notre opposition. Il ne sera pas question de solidarité. » Wend a reproché au GDL de « vouloir imposer son intérêt particulier aux dépens de l’intérêt public. »

Dans le même journal, le président du syndicat allemand de la police, Konrad Freiberg, a expressément mis en garde le GDL contre l’appel à de nouvelles grèves. Autrement, il perdrait « toute la sympathie restante ». D’autres fonctionnaires syndicaux ont qualifié les nouvelles grèves de « politique tarifaire débile ».

Le président de Transnet, Norbert Hansen. et son collègue du GDBA, Klaus-Dieter Hommel, ont publié un communiqué commun dans lequel ils déclarent : « Le tout devient absurde. » Les deux hommes ont dit qu’ils mettraient tout en œuvre pour s’opposer à la relance des grèves des conducteurs de train.

Ils ont annoncé leur intention de conclure leur propre accord avec la direction des chemins de fer pour les conducteurs de train regroupés dans leurs syndicats. Quelque 5.000 conducteurs de train sont membres de Transnet et du GDBA, et le but d’une telle initiative est visiblement d’isoler le GDL et de diviser les conducteurs de train.

Le dernier développement en date souligne l’urgence d’organiser un mouvement de solidarité et de soutien pour les conducteurs de train. Le fait est qu’ils servent d’exemple édifiant parce qu’ils ont osé défier la politique tarifaire de la Fédération des syndicats allemands DGB et de ses syndicats affiliés. Après des années de baisses de salaire, les conducteurs de train ont choisi de lutter pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

Une telle lutte requiert toutefois une rupture avec la bureaucratie syndicale et le SPD, qui travaillent ouvertement comme briseurs de grève. Avec sa perspective syndicale totalement limitée, le GDL est incapable de mener une telle lutte. Sa volonté répétée de conclure des compromis n’a fait qu’encourager le président de la DB, Hartmut Mehdorn, et la direction des chemins de fer à générer des attaques et des provocations de plus en plus dures.

Les conducteurs de train doivent eux-mêmes prendre leur lutte en mains. Il est nécessaire d’étendre la lutte au-delà du cadre délimité par la direction du GDL et de commencer une vaste offensive. Des comités d’action doivent être établis pour développer la coopération avec tous les autres travailleurs du rail ainsi que ceux d’autres secteurs industriels. De tels comités d’action doivent développer la solidarité qui existe déjà au sein de vastes couches de la population en la concrétisant.

Une nouvelle perspective politique est avant tout requise qui est basée sur la nécessité de transformer sciemment la lutte des conducteurs de train en une offensive politique directe de l’ensemble de la classe ouvrière contre le gouvernement de grande coalition et l’élite financière dont il représente les intérêts. De plus, cette lutte politique doit être conduite à l’échelle européenne et ne doit pas être limitée à l’Allemagne. Comme l’a montré la récente grève des cheminots français, les attaques à l’encontre des travailleurs du rail ont lieu sur le plan européen, faisant partie de l’offensive du capital européen coordonnée par l’Union européenne contre les emplois et les niveaux de vie des travailleurs de par le continent.

(Article original paru le 21 décembre 2007)


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