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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Israël affirme que ses frappes sur Gaza se poursuivront

Par Jean Shaoul
29 décembre 2007

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Les incursions militaires d’Israël dans Gaza et les assassinats de militants sont devenus une réalité quasi quotidienne depuis le sommet d’Annapolis le mois dernier. Des douzaines de Palestiniens ont été tués dans de telles attaques.

La conférence d’Annapolis, à laquelle ont participé 40 nations, dont 16 Etats arabes, a été présentée comme la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens qui allait résoudre tous les problèmes fondamentaux à la base du vieux conflit d’ici la fin de 2008. Mais ce ne fut en réalité qu’une vulgaire tentative du président Bush de fournir une couverture à l’appui des régimes arabes pour les préparatifs d’un assaut contre l’Iran par Washington.

Mahmoud Abbas, le président du Fatah de l’Autorité palestinienne, reçut la consigne en des termes on ne peut plus clairs d’assurer la « sécurité d’Israël » en écrasant toute résistance à l’occupation et en reprenant du Hamas le contrôle de Gaza. L’existence de tout futur Etat palestinien dépendrait alors de la réalisation de cette tâche, le succès de cette dernière étant décidé par les Etats-Unis. Dans cet ultimatum se trouvait la menace implicite d’une intervention d’Israël contre le Hamas s’il n’était pas à la hauteur.

Dans la foulée d’Annapolis, la conférence des donneurs à Paris fut une sordide collecte de fonds afin de fournir l’argent dont l’Autorité palestinienne a besoin pour s’en prendre au Hamas.

Israël avait évité de lancer une attaque contre Gaza avant Annapolis pour ne pas être accusé de vouloir saboter le sommet. Depuis, Israël se sent moins contraint et a annoncé l’expansion de la colonie de Har Homa à Jérusalem-Est et intensifié les pressions sur Gaza.

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont mené de multiples opérations dans Gaza, d’où elles se seraient officiellement retirées en août 2005. Ces attaques visent à détruire les positions du Hamas et d’autres groupes militants et à les empêcher de tirer des roquettes ou creuser des tunnels entre Gaza et l’Egypte. Elles ont continué l’assaut durant le congé religieux musulman, Eid al-Adha.

Ehoud Barak, le ministre israélien de la Défense, a annoncé le 13 décembre que Sdérot, la ville israélienne qui a été la cible de la majeure partie des roquettes Qassam tirées de Gaza, serait placée sous le contrôle de l’armée. Cela indique de possibles préparatifs pour des attaques massives contre Gaza.

La semaine dernière, Israël a mené plusieurs frappes aériennes contre Gaza, tuant au moins 12 personnes, dont un important militant. Israël s’est ainsi embarqué dans une politique délibérée d’assassinats de membres du Djihad islamique, le groupe que l’on croit être derrière les tirs quotidiens de roquettes Qassam dirigés contre les villes du sud d’Israël.

Jeudi de la semaine dernière, une force d’infanterie accompagnée de blindés et d’ingénieurs fit une incursion de 2,5 kilomètres à l’intérieur de Gaza et attaqua le camp de réfugiés de Maghazi. Au cours de la bataille qui dura toute la journée, elle a tué sept Palestiniens, de présumés militants selon les FDI, et en a blessé plusieurs autres, dont un preneur de son pour la chaîne Reuters et un caméraman du Hamas. Les FDI ont décrit cette attaque comme étant une « mission de routine ».

Vendredi, les FDI ont abattu Majed Harazed, qui a été décrit par Israël comme le plus important militant à avoir été tué durant la dernière année, près de la ville de Gaza de Khan Younis.

En tout, plus de 20 militants ont été tués au cours de ces opérations de la dernière semaine.

D’importants responsables de la Défense cités par le Jerusalem Post ont affirmé qu’ils n’étaient pas surpris de l’évaluation du ministère des Affaires étrangères de jeudi dernier selon laquelle 2008 allait être l’année où Israël irait en guerre contre Gaza.

Les attaques militaires d’Israël viennent dans la foulée d’un blocus économique de Gaza qui a amené sa population au bord de la famine. L’an dernier, Israël avait imposé des sanctions économiques à Gaza à la suite de l’élection qui avait porté le Hamas au pouvoir. Israël bloqua ses frontières avec Gaza, y compris Karni, le seul passage utilisé par Gaza pour livrer ses produits de l’agriculture vers Israël et le monde extérieur. De sévères restrictions ont aussi été imposées aux Gazans passant par Rafah, la frontière avec l’Egypte.

Comme si l’étranglement économique et un quasi-emprisonnement n’étaient pas assez, Israël a maintenant réduit radicalement les approvisionnements en carburant et en électricité et envisage même de les arrêter complètement.

Les raids d’Israël se sont poursuivis malgré deux propositions du Hamas de mettre un terme aux attaques de roquettes en échange d’un arrêt des opérations israéliennes contre Gaza, de la suspension de l’embargo économique et de la réouverture de ses frontières.

Le premier ministre Ehoud Olmert a réitéré sa position selon laquelle il n’allait pas approuver une entente avec le Hamas tant que ce dernier ne reconnaîtrait pas Israël, cesserait la violence et accepterait les accords de paix passés. Deux anciens ministres à la Défense, Shaul Mofaz et Benyamin Ben-Eliezer, aujourd’hui respectivement ministre des Transports et ministre des Infrastructures, ont déclaré qu’il n’était pas essentiel que le Hamas reconnaisse Israël, mais seulement qu’il cesse de tirer des roquettes sur Israël et faire du trafic d’armes à Gaza, et qu’il libère Gilad Shalit, le soldat dont la capture le 25 juin 2006 avait fourni le prétexte à une offensive majeure contre Gaza l’été dernier. Mais Olmert a rejeté toute possibilité de trêve avec le Hamas.

 « Cette guerre va se poursuivre », a-t-il déclaré à ses ministres. « L’Etat d’Israël n’a aucun intérêt à négocier avec ceux qui refusent d’adhérer aux principes fondamentaux du Quartette », faisant ainsi référence au Quartette international pour le Moyen-Orient : les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russe et les Nations unies. « Cela vaut pour le Hamas, le djihad islamique et tous les autres », a-t-il déclaré.

La raison officielle des actions d’Israël serait les tirs de roquettes contre les villes du sud d’Israël, notamment Sdérot. Mais sa réaction est complètement disproportionnée par rapport aux pertes subies. Durant les années qui ont suivi le premier tir de roquette en 2001, 5900 roquettes et mortiers se sont abattus sur Israël, tuant 18 personnes et en blessant environ 600. Plus de 1000 roquettes ont été tirées depuis juin de cette année.

Bien que plusieurs sections de l’establishment politique israélien souhaiteraient déclencher une guerre totale contre le Hamas et Gaza, il leur en faudrait plus pour un casus belli.

Yoel Marcus a expliqué les calculs d’Israël dans un commentaire dans le journal Ha’aretz, intitulé « Un Viêt-Nam nommé Gaza », qui s’opposait à une telle guerre.

Il fit remarquer que 18 morts paraissaient dérisoires par rapport au nombre d’Israéliens tués dans des accidents de la route, soit 210 au cours des six derniers mois ou 35 décès par mois. « Selon l’opinion mondiale, le nombre de décès causés par des attaques aux roquettes Qassam au cours des six derniers mois est négligeable, et certainement pas suffisant pour justifier une Troisième Guerre mondiale », a-t-il écrit.

Marcus a affirmé que l’ancien chef israélien Ariel Sharon avait « considéré l’option d’un bombardement aérien des zones à partir desquelles les roquettes Qassam sont tirées, mais avait laissé tomber l’idée après avoir reconnu que quiconque déclencherait le bombardement systématique d’une population civile allait probablement se retrouver au Tribunal pénal international de La Haye.

 « Même aujourd’hui, alors que grandit la demande de la population pour l’envoi de l’armée à Gaza, cette option n’est pas aussi simple qu’elle n’y paraît. Il est impossible de déclencher une guerre dans une zone densément peuplée, aux petites ruelles abritant des milliers de femmes et d’enfants, sans l’appui de l’opinion publique internationale. Et nous ne pouvons obtenir un tel appui après n’avoir souffert que le kidnapping d’un unique soldat et 18 décès en six ans », a-t-il ajouté.

 « Ayant appris les leçons de la Deuxième Guerre du Liban — qu’afin d’éradiquer le terrorisme, il faut une M-16, pas un F-16 — envoyer une force terrestre massive à Gaza pour une large opération du type "Bouclier défensif" pourrait nous coincer dans une guerre sanglante durant des mois et même des années. » Il ajouta que cela nécessiterait le rappel des réservistes israéliens.

Le fait que Marcus puisse écrire que l’invasion de Gaza pourrait déclencher une Troisième Guerre mondiale signifie que Jérusalem et Washington savent que cela précipiterait dans la région une guerre beaucoup plus importante. En effet, toute guerre contre Gaza ou le Liban viserait d’abord et avant tout l’Iran et la Syrie.

Malgré de tels dangers, le droitier Jerusalem Post a confirmé que des opérations militaires étaient en préparation. Il a déclaré dans un éditorial que « depuis plusieurs mois à Jérusalem, dans les couloirs des quartiers généraux de l’armée à Kirya, flotte l’idée qu’une opération de grande envergure contre Gaza serait la seule véritable façon pour le partenaire de paix du premier ministre Ehoud Olmert, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, de prendre le pouvoir à Gaza ».

Et cela ne serait pas qu’une petite opération. Le Post croit qu’en premier lieu Israël bombarderait des airs les positions du Hamas et assassinerait les leaders militaires et politiques de ce dernier. Ayant tiré les leçons de la guerre au Liban, les FDI enverraient rapidement d’importantes forces terrestres pour stopper les tirs de roquettes et traquer les présumés terroristes en fouillant toutes les résidences des rues densément peuplées de Gaza. Elles patrouilleraient la frontière égyptienne pour empêcher le trafic d’armes vers Gaza ainsi que la frontière nord d’où sont tirées les roquettes.

Le Post a admis qu’il y avait deux problèmes. Quel prix Israël était-il prêt à payer ? On évalue officiellement que les pertes israéliennes seraient plus élevées que les 119 soldats qui sont morts lors de la guerre contre le Liban.

Plus important encore, Israël se doit d’avoir une stratégie de sortie. « Il est facile d’entrer, mais plus difficile d’en sortir », a déclaré un important responsable à la Défense cité par le Post. Le journal a ajouté que peu croyaient, à l’intérieur des FDI et de Shin Bet, les services de sécurité israéliens, qu’Abbas serait en mesure de prendre le pouvoir à Gaza.

Pour ces raisons, le gouvernement Kadima d’Olmert et ses partenaires de la coalition peuvent bien avoir décidé, pour l’instant du moins, de ne pas procéder à une invasion massive. Mais la logique de la situation mène inexorablement à une telle issue.

(Article original paru le 24 décembre 2007)


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