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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Allemagne : Lettre ouverte du Parti de l’égalité sociale aux conducteurs de train en grève

Par Ulrich Rippert
4 décembre 2007

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La lettre ouverte suivante a été adressée le 28 novembre 2007 aux conducteurs de train en grève en Allemagne.

Chers collègues,

En tant que président du Parti de l’égalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit, PSG), je vous lance un appel à ne pas céder en ce moment critique !

Votre conflit salarial actuel s’est développé en une lutte pour le pouvoir et a atteint un stade critique. L’attitude arrogante et intraitable du patron des chemins de fer allemands (Deutsche Bahn, DB) Hartmut Mehdorn, et de son chef du personnel, Margret Suckale, bénéficie du soutien du gouvernement allemand, de la fédération patronale, de la fédération allemande des syndicats (DGB) et de l’establishment de l’Union européenne (UE). Ils travaillent tous ensemble et sont déterminés à faire un exemple. Quiconque ose intervenir contre les réductions impitoyables de salaire et les attaques contre les programmes sociaux sera isolé, intimidé et forcé à capituler.

Après la trahison du mouvement de grève en France, ces forces se sentent à présent suffisamment puissantes pour briser la grève des conducteurs de train allemands.

La direction du syndicat des conducteurs de train GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer) et la commission tarifaire ont accepté de négocier avec la direction de la DB et ce bien que la direction des chemins de fer continue de rejeter la demande centrale du GDL pour un contrat séparé et qu’elle n’ait pas avancé de nouvelle proposition qui soit sérieuse. Ceci prouve que la direction du GDL est incapable de résister à la pression considérable qui pèse sur elle et qu’elle commence à présent à capituler. Elle cherche à éviter la lutte et s’apprête pour cela à accepter un compromis pourri.

Si on laisse cela se produire, cela aura des conséquences catastrophiques pour les conducteurs de train, leur famille et tous les travailleurs.

C’est pourquoi tous les membres du GDL qui avaient voté cet été majoritairement à 96 pour cent en faveur de la grève, doivent prendre l’initiative et mettre un terme aux tractations de la direction du GDL. Des lettres de protestation adressées à la direction des chemins de fer et à la commission tarifaire sont absolument insuffisantes. Il est nécessaire d’étendre la lutte au-delà du cadre étroit établi par les syndicats et de commencer une vaste offensive politique.

A cette fin, il est indispensable de mettre en place des comités d’action qui visent sciemment la coopération de tous les autres cheminots ainsi que les ouvriers et les employés des autres domaines de l’industrie ou du secteur public. Ces comités d’action devraient renouer avec la tradition des conseils ouvriers qui ont joué un rôle tellement important durant les premières décennies du siècle dernier. Ces comités d’action doivent devenir le point de convergence afin de concrétiser le soutien et la solidarité qui existent déjà au sein de vastes couches de la population.

C’est sur cette base qu’une grève illimitée des conducteurs de train doit être menée et qui sera étendue à tous les autres cheminots. La menace proférée par le Beamtenbund (Fédération des fonctionnaires allemands, DBB) de confisquer la caisse de grève du GDL dans le but de soumettre au chantage les conducteurs de train et les forcer à reprendre le travail doit être rejetée.

Le Parti de l’égalité sociale fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir ce combat. En tant que parti international, nous établirons les liens avec les travailleurs en France et dans d’autres pays dans lesquels les travailleurs et leur famille sont confrontés aux mêmes problèmes et ont mené des luttes similaires. L’élite dirigeante et les gouvernements nationaux coordonnent leur offensive contre la classe ouvrière avec l’aide de la bureaucratie de l’Union européenne à Bruxelles tandis que les syndicats cherchent à limier et à isoler toute action déterminée en montant une couche de travailleurs contre l’autre jusqu’à ce que chaque mouvement de grève soit finalement étouffé. Il est temps à présent de défier une telle stratégie et d’y mettre fin !

Afin de faire sortir la grève des conducteurs de train de l’impasse qui se profile et d’empêcher qu’elle ne soit trahie, il est indispensable de faire un courageux pas en avant. Une grève illimitée, soutenue par des comités d’action et de solidarité, peut et doit devenir le point de départ d’une vaste mobilisation politique contre la direction des chemins de fer, le gouvernement et la bureaucratie de l’UE.

Tous ceux qui croient qu’un tel développement est trop difficile devraient considérer l’alternative. Le fait d’accepter des négociations en l’absence d’une offre sérieuse de la direction a déjà été le premier pas vers la capitulation de la part des dirigeants du GDL. Quiconque hésite à présent et espère que de mauvais résultats de négociations peuvent être rejetés par le vote des grévistes, cherche à se tromper lui-même.

Le vieux proverbe dit qu’il faut « battre le fer quand il est chaud ! » Une trahison de la grève par le biais d’une augmentation de salaire dérisoire de quelques pour cent serait un signe pour la direction de la DB et d’autres patrons de lancer de nouvelles offensives plus sévères encore contre les salaires et les conditions de travail. Ceci entraînerait à son tour de nouvelles grèves et de nouveaux conflits, mais dans des conditions nettement plus défavorables pour les travailleurs.

En d’autres termes, il est nécessaire cette fois de ne pas céder et de contrer la reculade de la direction du GDL en organisant une grève illimitée.

La signification d’une perspective socialiste

Le patron de la DB, Mehdorn, et l’élite économique et politique qui le soutient, ont transformé leur campagne contre les revendications tout à fait justifiées des conducteurs de train pour des conditions de travail et des salaires décents, pour en faire une question de principe. Leur rejet répété de la revendication pour un contrat séparé a pour but d’imposer des bas salaires et des coupes dans les acquis sociaux en collaboration avec les syndicats jaunes Transnet et GDBA (syndicat représentant les employés fonctionnarisés des chemins de fer). Ils ont sciemment politisé la grève et sont déterminés à imposer leurs propres priorités, basées sur la maximisation du profit et l’enrichissement personnel, au détriment de la population entière.

Les principes de la libre concurrence doivent être établis dans tous les domaines de la vie sociale. Un système de transport moderne qui fonctionne bien et qui avait été maintenu durant des décennies grâce à l’argent des contribuables doit être dénationalisé et transformé en une entreprise de logistique mondiale dans le seul but de satisfaire les actionnaires. Un conseil d’administration comprenant huit membres et qui a augmenté son propre revenu de 70 pour cent en un an seulement pour engranger un salaire annuel de 20 millions d’euros, affirme à présent qu’il n’y a pas suffisamment d’argent pour financer des conditions de travail et des salaires décents pour les cheminots de base.

Il n’est pas possible de résister à cette offensive droitière sur la base de la tradition allemande de partenariat social, à savoir la collaboration étroite entre les syndicats et la direction des entreprises. C’est ce qui se cache derrière les reculades répétées de la direction du GDL. Cette dernière est à la recherche d’un compromis viable, dans une situation où un tel compromis n’existe pas et, ce faisant, elle prépare la défaite.

La réorganisation de la grève à partir de la base par la mise en place de comités d’action doit pour cette raison être liée à une stratégie et une perspective fondamentalement neuves. Il est nécessaire d’adopter une orientation socialiste qui place les besoins de la population laborieuse au cœur du développement social au lieu des intérêts de profit du patronat et des banques. Les domaines les plus importants de la production et des services aussi vitaux que les chemins de fer doivent être retirés du contrôle de l’aristocratie financière et placés au service de la société dans son ensemble.

Ce n’est que sur la base d’un tel programme qu’il est possible d’établir des relations étroites avec tous les autres travailleurs et de développer une stratégie qui unisse les travailleurs au-delà des frontières nationales dans une lutte commune contre les forces combinées des grands groupes, du gouvernement, du DGB et de l’Union européenne.

C’est sur cette base qu’il faudra également s’opposer à toute tentative d’exclure de la Deutsche Bahn les conducteurs de train pour les externaliser dans une société propre. Un accord tarifaire propre, établi au moyen d’une telle manoeuvre, et préconisé par certains permanents du GDL, ne représenterait aucun progrès, bien au contraire. Malgré quelque hausse de salaire dérisoire, un tel accord ne servirait qu’à accroître les divisions entre les cheminots et ferait le jeu de tous ceux qui sont favorables à une privatisation et qui préparent davantage d’attaques féroces contre tous les cheminots.

Le Parti de l’égalité sociale est le seul parti à avoir défendu cette grève des conducteurs de train, qui est attaquée de toutes parts, et a cherché à mobiliser le soutien de la population.

Ce qu’il est maintenant nécessaire de faire, c’est une initiative de taille, une initiative courageuse des membres du GDL pour empêcher la trahison qui menace et pour réorganiser la grève sur une base démocratique. Non seulement une telle initiative aurait un grand impact sur les autres cheminots, mais elle serait aussi accueillie avec enthousiasme par l’ensemble de la classe ouvrière en Allemagne et de par l’Europe.

Nous lançons un appel à nos lecteurs pour qu’ils distribuent cette lettre et engagent une discussion sérieuse avec leurs collègues. Prenez contact avec le Parti de l’égalité sociale et le comité de rédaction du World Socialist Web Site.

Il est à présent nécessaire d’ouvrir un nouveau chapitre dans la lutte contre les attaques sur les salaires et les droits sociaux.

Solidairement,

Ulrich Rippert

Président du Parti de l’égalité sociale (PSG)

(Article original paru le 28 novembre 2007)


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