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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La veille des attentats de Londres, il avait été annoncé aux députés qu’aucune menace imminente ne pesait sur la Grande-Bretagne

Par Julie Hyland
15 janvier 2007

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Le 6 janvier, le quotidien britannique The Guardian révélait que moins de 24 heures avant l’attentat suicide du 7 juillet 2005, la directrice des services secrets intérieurs britanniques du MI5, avait assuré aux parlementaires de haut rang qu’il n’existait aucune menace d’attaque terroriste imminente contre le pays.

Dame Eliza Manningham-Buller, directrice générale du MI5, avait fait ses commentaires le 6 juillet dernier lors d’une réunion privée à laquelle avaient participé une dizaine de députés travaillistes à la Chambre des Communes. Selon le journal, les députés qui y avaient assisté étaient tellement rassurés qu’ils se sentaient « en confiance, en quittant la réunion, de pouvoir informer leurs collègues de ce que la situation sécuritaire était sous contrôle ».

Le journal poursuit qu’il « avait été rapporté qu’ils avaient été profondément alarmés par les événements du jour suivant » lorsque quatre hommes, Mohammad Sidique Kahn, Shehzad Tanweer, Germaine Lindsay et Hasib Hussain, avaient fait exploser leur ceinture de bombes dans le réseau du transport londonien, tuant 52 personnes et en blessant 700.

Le journal constate que des détails de la réunion avaient été révélés juste « quelques semaines avant que des détails attendus d’une opération du MI5 ne soit rendus publics et qui avait vu deux des sept kamikazes du 7 juillet placés sous surveillance, mais pas arrêtés ».

Immédiatement après les attentats, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Clarke, avait dit que les attaques étaient « tombées du ciel » et que les kamikazes étaient inconnus des services de police et n’avaient aucun lien connu avec le terrorisme.

Malgré des affirmations que la Grande-Bretagne avait été informée d’une attaque imminente à Londres par des membres influents du gouvernement d’Arabie saoudite et des services du renseignement, ministres et fonctionnaires du MI5 avaient insisté sur le fait qu’il n’y avait eu aucune indication donnant à penser qu’une attaque terroriste était en préparation.

En l’espace de quelques mois, ces affirmations commencèrent à se défaire. Le MI5 fut contraint d’admettre que Khan et Tanweer avaient tous deux été placés sous surveillance en rapport avec d’autres personnes faisant l’objet d’une enquête liée à d’éventuelles activités terroristes. Tous deux avaient également été vus au Pakistan, et le MI5 possédait les numéros de téléphone de Khan et de Lindsay.

Et pourtant, les services secrets et le gouvernement ont continué à dire que le fait de ne pas poursuivre les quatre kamikazes était dû au hasard. Pas plus tard que mai dernier, un rapport établi par le Comité de renseignement et de sécurité (Intelligence and Security Committee, ISC) et un autre du ministre de l’Intérieur, John Reid, avaient affirmé que c’était la conséquence malheureuse d’un certain nombre de « défaillances sécuritaires » dont la cause première était « le manque de ressources ».

L’ISC affirmait que les actes des kamikazes n’auraient pas pu être prédits, et ce, malgré le fait que Khan et Tanweer étaient connus des services secrets deux ans au moins avant les attaques et que tous deux avaient été vus au Pakistan où il était « probable qu’ils étaient en contact avec des personnalités d’al-Qaïda ».

Le premier ministre, Tony Blair, n’a cessé de rejeter une enquête publique des attentats suicide au motif fallacieux qu’une telle enquête détournerait des ressources de la « guerre contre la terreur ».

L’on s’attend à ce que des informations qui seront publiées au cours des prochaines semaines montrent qu’au moins plusieurs des kamikazes de juillet se trouvaient bien plus au coeur des enquêtes menées contre le terrorisme qu’on ne l’a révélé antérieurement.

Selon le journal Daily Mail, « Les sources de renseignements affirment que les hommes avaient été vus dès 2004, près de 18 mois avant les attentats suicides de Londres qui causèrent la mort de 52 personnes dans trois lignes de métro et un bus.

« Une fois, Khan avait été intercepté au volant de sa voiture et avait à son bord des personnes suspectes et, une autre fois, il avait été enregistré en train de leur parler d’entraînement au Jihad. »

Dans un article antérieur paru dans le journal Sunday Times, il avait été dit que « des policiers enquêtant sur les attentats avaient trouvé un dispositif dans la Honda Accord argentée de Mohammad Sidique Khan ».

Il en découle que Khan était bien surveillé par les services secrets, affirmation que la police a démenti.

De plus, selon le journaliste américain, Ron Suskind, Khan avait été interdit d’entrée aux Etats-Unis pour des raisons de sécurité en 2004 à cause de ses liens avec des personnalités d’al-Qaïda. Suskind a affirmé que les services du renseignement américains avaient remis à l’époque un dossier détaillé sur Khan au MI5, renforçant encore les affirmations faites par l’Arabie saoudite.

Le Guardian a fait comprendre que le départ à la retraite de Manningham-Buller serait l’occasion d’obtenir davantage de révélations potentiellement déstabilisantes sur l’ampleur des « défaillances » du MI5. Et, au regard de cela, les détails de ses déclarations faites aux parlementaires tendraient à confirmer les thèses d’incompétence du MI5.

L’un des aspects les plus frappants des événements survenus lors des attentats à la bombe du 7 juillet était que la décision de réduire le système d’alerte national en le faisant passer du niveau trois « général-sérieux » au niveau deux « substantiel » avait été prise à peine quelques mois avant. Ceci en dépit du fait qu’au moment même où les kamikazes frappaient la capitale, les chefs d’Etat et de gouvernement se réunissaient en Ecosse pour le sommet du G8.

Depuis des années, et surtout depuis les attentats contre les trains à Madrid en 2004, ces réunions sont accompagnées de mesures sécuritaires rappelant celle prévues par la loi martiale avec des quartiers entiers complètement bouclés et la mise en place de zones de survol interdit. Avec l’Espagne, alors l’un des principaux alliés du président George W. Bush dans la guerre en Irak, qui avait déjà la cible d’attentats, la Grande-Bretagne était considérée être une cible de premier choix.

C’est en effet ce que répètent, depuis 2001 déjà, Blair, les ministres influents du gouvernement, la police et les fonctionnaires de sécurité. Juste quelques mois avant les attentats du 7 juillet, le parlement avait voté une nouvelle loi relative à la lutte contre le terrorisme et annulant les droits démocratiques de longue date, y compris le principe de présomption d’innocence, en se servant précisément cette menace.

Afin de faire voter ses mesures hautement litigieuses, et que Blair lui-même avait décrites comme un fait marquant de l’histoire du droit, le gouvernement et les services secrets avaient lancé des avertissements sinistres quant à l’inévitabilité d’une attaque terroriste sur le sol britannique. Le site Internet des services secrets avait alors publié des commentaires acrimonieux selon lesquels « des ressortissants à la fois britanniques et étrangers appartenant à des cellules d’al-Qaïda et à des réseaux associés sont présentement actifs partout dans le Royaume-Uni, qu’ils soutiennent les activités de groupes terroristes et que, dans certains cas, ils sont engagés dans des projets ou des tentatives de perpétrer des attaques terroristes ».

Et pourtant, quelques semaines plus tard, la menace sécuritaire était réduite et Manningham-Buller semblait vouloir apaiser les parlementaires en disant qu’il n’existait aucune preuve d’attaque terroriste imminente.

Si cette liste de défaillances sécuritaires apparentes était due à « l’incompétence », cela montrerait néanmoins que les agissements du gouvernement et des services secrets durant la période antérieure au 7 juillet étaient politiquement criminels. Plutôt que de mener une lutte rigoureuse et soutenue en vue de protéger le peuple britannique, les pouvoirs étaient engagées dans une tromperie propagandiste dont l’objectif était d’utiliser la « guerre contre le terrorisme » pour justifier la guerre à l’extérieur et une attaque sans précédent contre les libertés civiques dans le pays.

En novembre, juste avant l’annonce de son départ à la retraite, Manningham-Buller faisait encore une fois monter la température politique. Dans un discours fortement accrocheur, la directrice du MI5 affirmait que les services secrets étaient au courant de 30 complots terroristes de « niveau I » avec « grand nombre de victimes » en Grande-Bretagne et avaient connaissance de quelque 1600 personnes activement impliquées dans des complots terroristes ou qui y apportaient leur concours, soit en Grande-Bretagne soit à l’étranger.

Dans ses remarques qui firent la une des journaux pendant plusieurs jours, elle poursuivit en disant que de jeunes musulmans « étaient formés pour devenir des kamikazes ». Il n’y a aucun moyen de vérifier les affirmations de Manningham-Buller, mais elles ont servi à alimenter une campagne anti-islamique vocifératrice et qui est entretenue par le gouvernement et les médias dans le but de détourner l’attention des conséquences catastrophiques de l’invasion illégale de l’Irak.

Toutefois, l’échec répété des services secrets d’interpeller Khan et Tanweer soulève une autre possibilité sinistre. Il est hautement improbable que les forces de sécurité britanniques, compte tenu de leur long engagement en Irlande, qui comprend la mise en scène délibérée de provocations meurtrières, aient pu multiplier autant de « bévues » monumentales. C’est pour cette raison que de nombreux commentateurs bien informés ont suggéré la possibilité que les services secrets, ou du moins une partie d’entre eux, aient été conscients qu’une attaque était imminente le 7 juillet et aient décidé délibérément de « se tenir en retrait » et de laisser faire, afin d’ouvrir ainsi la voie à une nouvelle offensive contre les droits démocratiques.

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’article sur les remarques adressées par Manninghma-Buller aux parlementaires de haut rang met l’accent une fois de plus sur la nécessité d’une enquête indépendante sur les circonstances entourant le 7 juillet et les prétendues défaillances du MI5.

(Article original anglais paru le 10 janvier 2007)

Voir aussi:

Grande-Bretagne : nouveaux avertissements pour justifier la politique de guerre et de répression
[16 novembre 2006]

Un an après: les leçons des attentats de Londres
[10 juillet 2006]


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