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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les travailleurs de Volkswagen en Belgique terminent leur grève et occupation d’usine

Par Marianne Arens
22 janvier 2007

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Après sept semaines de grève et d’occupation de l’usine, les travailleurs de Volkswagen ont repris le travail à l’usine de Forest à Bruxelles. Le référendum qui s’est tenu le 5 janvier n’ayant pas remporté la majorité des deux tiers requise pour une poursuite de la grève.

Un total de 54,6 pour cent des ouvriers et 78,65 pour cent des employés de l’usine ont voté pour la fin de la grève et pour la reprise du travail. Ceux d’entre les salariés qui avaient déjà accepté de prendre les primes de licenciement furent exclus du référendum.

Le résultat n’est pas une surprise. La grève et l’occupation de l’usine de Forest qui avaient débuté le 17 novembre 2006, et qui avaient bénéficié d’un vaste soutien de la population, avaient systématiquement été isolées par les syndicats et le conseil d’entreprise tant en Allemagne qu’en Belgique.

Le 7 décembre, une réunion du comité d’entreprise européen, sous la présidence de Bernd Osterloh, s’était expressément exprimée contre une extension de la grève en Belgique à d’autres usines Volkswagen en Europe. Tout au long de la grève, les syndicats allemands, sous la direction du syndicat allemand IG Metall, ont refusé d’organiser la moindre mesure de solidarité efficace et substantielle dans les six sites VW en Allemagne en vue de soutenir les travailleurs belges.

Vendredi matin, juste avant que le vote ait lieu le 5 janvier, les conseils d’entreprise belges ont demandé à ce que les trois syndicats représentant les salariés de l’usine de Forest soutiennent l’accord élaboré entre la direction du groupe et la direction syndicale et qui visait à mettre fin à la grève. Une réunion du conseil d’entreprise ayant eu lieu la veille avant le vote des travailleurs avait été presque exclusivement consacrée à des détails techniques et organisationnels au sujet de la reprise du travail, dans le but de minimiser les problèmes liés au redémarrage de la production.

Le fait que le vote s’était tenu le vendredi 5 janvier et que les résultats n’étaient nullement déterminés d’avance n’a pas empêché la direction de l’usine d’envoyer une lettre à chaque salarié pour leur demander de se présenter ponctuellement à leur travail lundi matin. Le conseil d’entreprise s’est bien gardé d’émettre la moindre protestation contre cet acte d’intimidation de la part de la direction.

Le vote en soi établissait un lien entre la fin de la grève et l’accord conclu sur les primes de départ et le montant des préretraites destiné aux collègues qui ont déjà manifesté leur intention de quitter l’usine. Dans ces conditions, le fait que 46 pour cent du personnel se soit opposé à l’accord témoigne de l’existence d’une vaste opposition et d’un manque de confiance dans le conseil d’entreprise de l’usine et dans les syndicats.

La veille du vote, il y a eu des troubles à l’entrée de l’usine où une centaine de travailleurs assuraient encore le piquet de grève. Lorsqu’un groupe de journalistes et de représentants des médias sont arrivés pour faire leur reportage et filmer la fin de l’occupation, certains travailleurs, furieux contre la trahison des syndicats, les ont chassé en déclarant ne pas vouloir de la présence de « voyeurs ».

Des policiers, déployés en permanence dans les parages, sont arrivés rapidement sur les lieux avant que la situation ne s’intensifie.

Un climat de mécontentement règne à présent à l’usine. Seules deux équipes d’ouvriers assurent la production du modèle Golf au lieu de quatre auparavant. L’équipe de nuit et celle des week-ends ont été abandonnées, résultant en une perte de primes et une baisse de salaire pour les ouvriers restants.

L’accord conclu à Forest signifie la destruction d’au moins 3.200 emplois. Le personnel de l’usine VW à Bruxelles sera réduit et passera de 5.400 à 2.200 salariés.

La direction de Volkswagen a obtenu gain de cause quant à sa principale exigence, le transfert dans les prochains mois du modèle de la Golf de l’usine de Bruxelles vers ses principales usines à Wolfsburg et à Mosel en Saxe (Est de l’Allemagne).

Le précédent niveau de production de 200.000 véhicules sera réduit à 12.500 voitures du modèle de la Golf et 46.000 de la Polo au cours des deux prochaines années. Bien que les dirigeants syndicaux aient laissé entendre que la production d’une voiture supplémentaire, l’Audi A3, pourrait démarrer à l’usine, le journal Le Soir rapporte qu’aucune mesure allant dans ce sens n’avait été prise à l’usine.

Les pertes massives d’emplois à l’usine Volkswagen de Bruxelles ont des répercussions chez de nombreux sous-traitants et fournisseurs de la région qui vont également licencier des milliers de travailleurs. Parmi les entreprises belges qui prévoient des licenciements suite à l’accord conclu à Forest se trouvent, Johnson Controls, Arvin Meritor, Faurecia, Decoma, Alcoa, ISS et Schedle.

La région de Bruxelles a déjà subi d’importantes pertes d’emplois dans l’industrie automobile au cours de ces quelques dernières années avec la fermeture de l’usine Renault à Vilvoorde et les licenciements chez General Motors à Anvers et chez Ford à l’usine de Gand.

L’augmentation prévue de la production du modèle de la Polo à Bruxelles de 10.000 à 45.000 unités menace directement d’autres sites de Volkswagen qui produisent la Polo. Des emplois sont, en premier lieu, menacés aux usines de Pampelune et de Martorell en Espagne et/ou à l’usine VW de Bratislava (Slovaquie). L’accord conclu en Belgique représente une nouvelle étape dans la course à la productivité et les usines sont systématiquement montées les unes contre les autres.

Contrairement aux affirmations faites par le conseil d’entreprise et les syndicats, l’existence du site belge de Volkswagen n’est nullement garantie. Le contraire serait plutôt le cas.

La promesse de commencer la production du nouveau modèle de l’Audi A1 à Bruxelles est tributaire d’une augmentation des heures de travail sans majoration salariale. Durant cette période, d’autres usines VW seront confrontées à la fermeture, si ce n’est pas Forest à Bruxelles, ce sera Pampelune ou bien une autre. Les attaques menées contre le personnel de VW à Bruxelles ne sont que le prélude à d’autres mesures de rationalisation et de réduction des activités chez Volkswagen à travers l’Europe.

Le conseil d’entreprise belge a acclamé les montants élevés des indemnités et des primes de départ. Les travailleurs qui ont accepté de partir volontairement avaient reçu la promesse que des sommes leur seraient versés en fonction de leur ancienneté, sommes allant de 25.000 à 144.000 euros. De plus, quelque 900 travailleurs de plus de 50 ans auront le droit de partir en préretraite.

L’empressement du groupe d’accepter le versement de telles sommes montre clairement sa détermination à terminer la grève et l’occupation de l’usine à Bruxelles de manière à minimiser les pertes de production, objectif que le groupe  poursuit en étroite collaboration avec les syndicats.

Le président de Volkswagen, Ferdinand Piëch, est un milliardaire autrichien et le petit-fils de Ferdinand Porsche qui construisit pour le compte d’Adolf Hitler le modèle Volkswagen qui devint la coccinelle.

En tant que directeur d’un grand groupe, Piëch bénéficie d’une vaste expérience dans le dialogue avec les syndicats. Peu de temps avant d’entreprendre un remaniement considérable de l’ensemble du groupe, Piëch a libéré quelques millions d’euros dans le but de s’assurer le soutien des conseils d’entreprise allemands pour étouffer toute résistance de la part des travailleurs à ses projets.

La veille du vote concernant l’accord conclu entre la direction et les syndicats, le comité de rédaction du World Socialist Web Site avait publié un appel à l’adresse des travailleurs belges  de Volkswagen leur demandant de voter « non » en déclarant : « Le rejet de l’entente qui a été négociée doit devenir le point de départ d’une lutte contre le chantage systématique des travailleurs de Volkswagen par les conseils d’entreprise et les représentants syndicaux et pour une défense de principe de tous emplois en tous lieux. »

La déclaration poursuivait en disant : « Cela exige une rupture politique avec les conceptions de “partenariat social” et de “cogestion”. Il est nécessaire plutôt de développer une toute nouvelle perspective qui découle du caractère international de la production moderne et de l’intérêt commun des travailleurs à travers le monde. Une telle perspective exige une transformation socialiste de la société, qui place les intérêts sociaux au-dessus des priorités et profits de la grande entreprise et des banques. »

(Article original paru le 17 janvier 2007)


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