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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

A l’approche du sommet du G8 des dizaines de milliers de personnes protestent

La lutte contre la guerre et une politique sociale réactionnaire requiert une stratégie socialiste

Déclaration du comité de rédaction du World Socialist Web Site
5 juin 2007

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La déclaration suivante sera distribuée dans la manifestation de masse du 2 juin contre le sommet du G8 qui se déroulera dans la station balnéaire de Heiligendamm. Nous encourageons vivement nos lecteurs et sympathisants à télécharger cette déclaration en format pdf en anglais et en allemand et à la diffuser aussi largement que possible.

Des millions de gens sont profondément perturbés par l’état de la société actuelle. Ils sont fermement opposés à la politique des élites dirigeantes de par le monde et recherchent des moyens de résister. Ils se trouvent toutefois confrontés à une contradiction. L’expérience montre que la protestation, même si elle est de masse, ne suffit pas à résoudre les grands problèmes que sont la guerre, la répression et la politique sociale réactionnaire.

Ceci a été amplement prouvé par les manifestations de masse organisées contre les précédents sommets du G8 ainsi que par les rassemblements internationaux contre la guerre en Irak il y a quatre ans. Tant que les manifestations sont politiquement dominées par l’illusion que les vieux partis réformistes peuvent être poussés vers la gauche, elles seront vouées à l’échec.

Tel est précisément le point de vue d’Attac et d’autres organisations impliquées dans la manifestation du 2 juin contre le sommet du G8 et qui maintiennent qu’un « autre monde est possible » dans le cadre du système capitaliste.

Cette perspective est en contradiction avec la réalité.

Le sommet du G8, qui se tient dans la station balnéaire allemande de Heiligendamm, jette la lumière sur l’état de la société capitaliste actuelle. Les dirigeants des Etats les plus puissants du monde se sont retranchés derrière des kilomètres de clôture de haute sécurité, renforcée par des fils de fer barbelé, bien qu’étant déjà protégés par le plus gigantesque déploiement policier de l’histoire de l’après-guerre allemande.

La clôture de sécurité qui a coûté 12 millions d’euros est un symbole fort des relations existant de par le monde entre les gouvernements et la grande masse de la population qu’ils prétendent représenter. Le terme de démocratie n’est plus qu’un mot vide de sens. Dans la période précédant le sommet, la police, en violation flagrante des droits démocratiques fondamentaux, a opéré une série de rafles, organisé des surveillances massives et imposé des interdictions de manifester dans le but d’intimider les individus et groupes d’opposition.

Les participants au sommet représentent les intérêts d’une infime élite sociale qui a considérablement augmenté sa richesse au cours de ces trois dernières décennies. Cette aristocratie financière internationale comprend les 500 milliardaires qui possèdent à eux seuls autant de richesse que la moitié la plus pauvre de l’humanité. En font partie les spéculateurs dont le revenu annuel total s’élève à un milliard de dollars ; les PDG des grands groupes qui touchent des salaires et des primes totalisant des centaines de millions ; et les « nouveaux Russes » qui ont accaparé des fortunes colossales en pillant les ressources de l’ancienne Union soviétique.

L’inégalité sociale a atteint une ampleur sans précédent. Elle s’exprime non seulement dans le gouffre qui sépare les pays riches des pays pauvres mais qui existe aussi au sein même de ces pays. Tandis que deux pour cent vivent dans le luxe le plus extravagant, la vaste majorité de la population vivote dans la précarité, l’insécurité économique, avec un niveau de vie qui stagne ou décline quand ce n’est pas carrément dans la pauvreté.

De tels niveaux d’inégalité flagrants ne peuvent pas à la longue être maintenus par des moyens pacifiques. Tôt ou tard, les contradictions sociales aboutiront à de violents affrontements de classes. C’est pourquoi la classe dirigeante profite de chaque occasion pour renforcer les pouvoirs de la police de l’Etat et pour accroître ses forces militaires.

La guerre en Irak est l’expression concentrée de ce processus. Il est à présent universellement reconnu que les raisons officielles avancées pour justifier la guerre étaient fondées sur des mensonges. La guerre conduite par les Etats-Unis a toujours été une guerre pour le pétrole et l’influence stratégique. Le groupe de pression du pétrole dirigé par le vice-président Cheney a joué un rôle significatif dans la préparation de la guerre.

Quatre ans plus tard, l’Irak est détruit en tant que pays souverain et la société irakienne est dévastée. L’on évalue à 700 000 le nombre d’Irakiens qui sont morts des suites de la guerre et de l’occupation et quatre millions sont devenus des réfugiés. Près de 3500 soldats américains ont été sacrifiés à l’autel des intérêts impérialistes.

Le régime de Washington a mis en place un vaste appareil d’Etat policier au sein mêmes des Etats-Unis. Les droits démocratiques élémentaires, telle l’interdiction de la détention arbitraire, ont été supprimés, mais la guerre continue avec la même intensité. Il y a tout juste une semaine, le congrès américain qui est contrôlé par le Parti démocrate a voté la continuation de la guerre en allouant 100 milliards de dollars supplémentaires.

Tous ces chefs de gouvernement qui participent au sommet du G8 s’accordent à dire qu’on ne peut laisser les Etats-Unis perdre cette guerre. Indépendamment des différences tactiques qu’ils ont avec Washington, ils considèrent qu’une défaite militaire des Etats-Unis serait un coup porté à leurs propres intérêts impérialistes. C’est pourquoi ils réagissent en envoyant leurs propres troupes au Moyen-Orient et dans d’autres régions stratégiques du monde.

C’est le dirigeant du Parti des Verts allemand et ancien ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer en personne, qui s’était plaint lors d’une réunion à l’Université Humboldt de Berlin à la mi-mars de « la perte d’influence choquante de l’Europe dans le monde » et qui avait demandé instamment qu’une approche plus résolue soit imposée en matière de politique étrangère et d’intérêts sécuritaires, en mettant l’accent notamment sur « les voisins géopolitiques au Moyen-Orient » de l’Europe. La mort tragique de trois soldats allemands dans la région de Kunduz en Afghanistan a été exploitée par le gouvernement et les médias allemands pour préparer la population à d’autres opérations militaires et à d’autres victimes.

Devant l’opposition populaire massive, le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a même brandi la menace de sa démission pour forcer la poursuite du déploiement des troupes italiennes en Afghanistan et au Liban tout comme l’extension de la base militaire américaine à Vicenza.

En France, le nouveau président, Nicolas Sarkozy, veut faire construire un deuxième porte-avion afin d’augmenter la capacité d’intervention militaire du pays dans le monde.

L’accroissement du militarisme va de pair avec l’accroissement des tensions entre les grandes puissances qui se querellent, tels des voleurs se partageant un butin, au sujet de leur sphère d’influence respective et de leurs intérêts impérialistes. Tout indique que le présent sommet du G8 pourrait pour la première fois depuis des années s’achever par un désaccord ouvert.

La Russie se voit menacée par le système antimissile que prévoient les Etats-Unis et dans le cadre duquel ils viennent d’effectuer juste avant la tenue du sommet un tir de missile expérimental. L’hôte du sommet, la chancelière allemande Angela Merkel, s’est saisi du problème climatique pour faire pression sur les Etats-Unis qui, pour leur part, ont catégoriquement rejeté tout engagement environnemental international.

Ce serait le comble de la naïveté que de croire que la chancelière conservatrice allemande a subitement découvert son amour pour l’environnement. L’objectif du sommet, à savoir de limiter à deux degrés le réchauffement planétaire, n’engage à rien et, face à la catastrophe climatique imminente, est tout à fait inadéquate.

Néanmoins, la question de l’environnement est idéale, en travaillant avec les pays émergents, la Chine et l’Inde, pour prendre le dessus sur les Etats-Unis. La Chine et l’Inde ont rejeté tout engagement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre tant que les Etats-Unis ne font pas de même. Merkel peut compter dans cette politique sur le soutien total des Verts.

Les participants au sommet de Heiligendamm sont tout à fait unis sur une question : ils sont tous d’accord pour que les attaques perpétrées contre les conditions de vie et les acquis sociaux de la classe ouvrière continuent de manière inchangée.

La victoire électorale du gaulliste droitier, Nicolas Sarkozy, tient lieu de signal pour l’ensemble de l’élite politique européenne d’introduire enfin des « conditions américaines » de par le continent. Sarkozy est déterminé à faire passer cet été des lois draconiennes limitant le droit de grève et permettant de réprimer plus durement les jeunes délinquants. François Fillon, son premier ministre, a employé le terme d’« électrochoc » pour décrire les projets du gouvernement français.

Contre la politique droitière du SPD et du Parti de la Gauche

Toute opposition sérieuse contre la guerre, la répression et les attaques contre les acquis sociaux doit avoir pour point de départ le fait que tous ces maux sont inséparablement liés à la crise du système capitaliste. La subordination de tous les aspects de la vie sociale aux dictats du marché capitaliste est devenue un anachronisme tellement énorme qu’il menace l’avenir de la société humaine.

Le développement révolutionnaire de l’informatique, des communications et des transports a créé la possibilité de relier le travail de millions de personnes de par le monde en développant considérablement la rentabilité et le progrès scientifique qui pourrait jeter les bases pour résoudre les problèmes élémentaires de l’humanité. Mais, dans le cadre du système capitaliste de profit, la mondialisation produit l’effet contraire. Les progrès technologiques servent à réduire les salaires et à supprimer les emplois pendant qu’une infime élite amasse des richesses personnelles de plus en plus grandes.

Quiconque affirme que cet état des choses n’est que le résultat d’une politique erronée pouvant être corrigée simplement par la pression populaire, soit se dupe lui-même soit induit consciemment les autres en erreur.

Tous ces partis politiques qui défendent les relations de propriété capitaliste, qu’ils se disent de gauche ou de droite, s’adaptent aux exigences du patronat dès qu’ils viennent au pouvoir dans un gouvernement. Ceci en soi montre que le militarisme et la réduction des droits sociaux ne sont pas simplement le résultat de la volonté subjective de tel ou tel politicien mais bien plutôt le produit de l’échec du système capitaliste en général.

En Allemagne, l’ancienne coalition gouvernementale entre le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts a perpétré les attaques les plus étendues de ces dernières années sur les allocations sociales tout en supervisant la transformation de l’armée allemande d’une armée de défense en une armée offensive et interventionniste. Le gouvernement italien dirigé par Prodi a suivi une voie similaire avec le soutien actif des organisations qui ont succédé au Parti communiste italien.

Le Parti de la Gauche allemand a emprunté la même voie. Sur le plan national, il cherche à se faire passer pour un parti d’opposition en soutenant les manifestations contre le sommet du G8.

A Berlin, cependant, où le parti partage le pouvoir avec le SPD, il est responsable des coupes imposées au service public qui vont bien au-delà de celles entreprises dans n’importe quel autre Land allemand. Les lois draconiennes appliquées à présent pour réprimer les manifestants en Mecklenbourg-Poméranie occidentale, où se tient le G8, ont également été votées par la coalition entre le Parti de la Gauche et le SPD.

Le Parti de la Gauche cherche à limiter l’opposition contre le sommet du G8 à une politique de protestation. Il crée l’illusion que la pression morale et les appels à la raison peuvent forcer l’élite dirigeante à changer de trajectoire. Ce faisant il crée une soupape de sécurité par laquelle l’opposition sociale peut être évacuée sans mettre en danger le régime capitaliste. Le Parti de la Gauche est strictement opposé à toute perspective socialiste authentique dirigée contre le fondement des relations de propriété capitaliste.

Des groupes autonomes et anarchistes, qui viennent s’ajouter au Parti de la Gauche, cherchent à compenser leur manque de perspective par des actions de protestation provocatrices et parfois violentes. De telles tactiques visent également à exercer une pression sur la classe dirigeante. Ces groupes ne portent absolument aucun intérêt à une perspective socialiste et à la lutte pour développer cette perspective au sein de la classe ouvrière.

Dans le même temps, les autorités allemandes se servent de ces groupes pour qualifier toute opposition aux conditions sociales existantes de « criminelle » ou de « terroriste ». Il n’est pas rare que des policiers infiltrés dans ces groupes soient directement impliqués dans les provocations. Une stratégie socialiste révolutionnaire n’a rien à voir avec le cirque puéril de ces groupes anarchistes.

Le parti révolutionnaire

Au cœur de la stratégie socialiste, on trouve la construction d’un mouvement politique de la classe ouvrière, qui lie la défense des droits sociaux et démocratiques à la lutte pour une société socialiste plaçant les besoins humains avant les impératifs de profit du patronat. Un tel mouvement doit être totalement indépendant des vieilles organisations réformistes pour lesquelles tous les moyens sont bons pour défendre le système capitaliste.

Une objection souvent exprimée contre un programme socialiste est l’affirmation qu’une telle perspective a échoué en Union soviétique et dans l’ex-Allemagne de l’Est. Un tel argument est soit fondé sur une profonde méconnaissance des faits historiques du vingtième siècle soit sur une falsification ou une déformation de l’histoire.

Les formes de propriété établies en 1917 par la Révolution d’octobre furent à l’origine d’un énorme progrès social. L’un des pays les plus arriérés du monde fut transformé en un laps de temps très court en une puissante nation industrielle.

Cependant, l’Union soviétique était minée par une profonde contradiction. Elle demeurait isolée sur le plan international et l’arriération héritée de son passé prit sa revanche sous la forme d’une bureaucratie parasitaire qui, sous la direction de Staline, arracha le pouvoir des mains de la classe ouvrière et élimina  les éléments socialistes et internationalistes authentiques du pays pendant les purges des années1930. Dans une dernière trahison, les héritiers de la bureaucratie stalinienne organisèrent la restauration du capitalisme dans les années 1990.

En raison de la répression stalinienne, la classe ouvrière fut incapable de défendre les acquis de la Révolution d’octobre. Les conséquences en furent terribles. Depuis la restauration du capitalisme, la grande masse des gens dans l’ancienne Union soviétique et dans les Etats d’Europe de l’Est a subi en temps de paix un déclin économique et culturel sans précédent.

Le sort de l’Union soviétique confirme le point de vue de Marx que le socialisme ne peut être établi qu’à l’échelle mondiale. Il présuppose l’unité politique et la coopération de la classe ouvrière de tous les pays et de toutes les nationalités.

Le Parti de l’égalité socialiste est engagé dans la construction d’un parti de masse international et socialiste en tant que section allemande du Comité international de la Quatrième Internationale. Le World Socialist Web Site diffuse tous les jours en douze langues une analyse détaillée de tous les développements internationaux importants en fournissant une orientation politique essentielle. Le Comité international de la Quatrième Internationale a également fondé sa propre association d’étudiants, l’Internationale des étudiants pour l’égalité socialiste (IEES).

Nous invitons tous ceux qui participent aux manifestations contre le sommet du G8 à étudier quotidiennement l’analyse du WSWS. Contactez notre comité de rédaction et contribuez à la construction du SEP et de l’IEES.

(Article original paru le 1er juin 2007)


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