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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Nicolas Sarkozy remporte les élections présidentielles françaises

Par Peter Schwarz
8 mai 2007

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Nicolas Sarkozy succédera le 16 mai à Jacques Chirac comme président de la France. Le dirigeant de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), parti de droite créé par Chirac, a remporté hier les élections présidentielles avec 53 pour cent des voix. Son adversaire, la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal, a recueilli 47 pour cent des voix. Le taux de participation de 85 pour cent figure parmi les plus élevés jamais enregistrés. Il était légèrement plus élevé que celui de 84 pour cent enregistré au premier tour des élections, il y a deux semaines.

L’accession de Sarkozy au poste le plus élevé de l’Etat marque un tournant à droite de la politique intérieure et extérieure française. Ce fils d’immigré hongrois âgé de 52 ans s’est fait un nom en perpétrant des attaques provocatrices contre les jeunes défavorisés et les immigrés. Il a fait campagne sur une plateforme associant nationalisme fervent, appels à une politique sécuritaire et programme économique néolibéral. En tant que membre actif du mouvement gaulliste depuis trois décennies, Sarkozy a occupé des postes ministériels durant ces cinq dernières années, d’abord comme ministre de l’Intérieur, puis de l’Economie et à nouveau comme ministre de l’Intérieur.

Une demi-heure après la fermeture des bureaux de vote, dimanche soir, Sarkozy s’est exprimé. Il a commencé par décrire sa « fierté indicible d’appartenir à une grande, à une vieille, à une belle nation. » Après avoir rendu hommage à madame Royal et assuré les électeurs de cette dernière que « je serai le président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d’entre eux », il a interprété les résultats des élections comme étant un mandat pour un virage fondamental à droite : « Le peuple français s’est exprimé. Il a choisi de rompre. De rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Je vais donc réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite ! Je vais rendre aux Français la fierté de la France. »

Alors que la politique étrangère n’a pas joué un rôle majeur dans la campagne électorale, Sarkozy a consacré une grande partie de son discours sur ce sujet.

Il a tout d’abord assuré ses partenaires européens, « que toute ma vie j’ai été Européen, que je crois sincèrement en la construction européenne et que ce soir la France est de retour en Europe ». Il était toutefois nécessaire, a-t-il remarqué, de reconnaître « la colère des peuples qui perçoivent l’Union européenne non comme une protection, mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde ». Durant la campagne, Sarkozy avait insisté sur le fait qu’il n’admettra jamais l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, bien que l’UE soit en ce moment en train de négocier son admission, avec le consentement de la France.

Ensuite, Sarkozy a lancé « un appel à nos amis américains pour leur dire qu’ils peuvent compter sur notre amitié... Je veux leur dire que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d’elle. »

Finalement, il a appelé à la construction d’une « Union méditerrannéenne » suivant le modèle de l’Union européenne et à la collaboration étroite avec l’Afrique, en indiquant les principaux domaines d’intérêt de l’impérialisme français.

Ségolène Royal a reconnu sa défaite cinq minutes à peine après la fermeture des bureaux de vote. Tout sourire, elle a remercié ses partisans et fait serment d’engager le Parti socialiste encore plus à droite. « Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C’est la condition de nos victoires futures », a-t-elle dit.

Dominique Strauss-Kahn, l’un des poids lourds du Parti socialiste, a qualifié les résultats électoraux — troisième défaite à la présidentielle depuis le départ de François Mitterrand en 1995 — de désastre à imputer au fait que le parti n’avait pas entrepris un virage à droite suffisant. Il a dit qu’il était à présent grand temps de renouveler et d’ouvrir le parti et de le faire évoluer dans la direction d’une « rénovation sociale-démocrate ».

Le premier secrétaire du parti, François Hollande, a tiré des conclusions similaires. « Nous ne semblons pas avoir bien compris le besoin d’ouverture, d’élargissement de notre base », a-t-il dit en commentant la défaite.

En réalité, c’est tout le contraire. La montée politique d’une figure de droite tel Sarkozy est la conséquence d’un virage à droite du Parti socialiste, du Parti communiste et de la gauche petite-bourgeoise au cours de ces trois dernières décennies. Royal elle-même a mené une campagne totalement de droite, prenant en partie modèle sur le premier ministre britannique, Tony Blair, et se mesurant à Sarkozy sur le terrain du nationalisme et du tout sécuritaire.

Sarkozy a été en mesure d’exploiter la confusion et la démoralisation ainsi provoquées. Il a tout fait pour se présenter en candidat de « la France qui travaille dur », en homme qui a des origines modestes, qui est opposé à l’establishment politique traditionnel et qui veillera à ce que le travail paye à nouveau.

Durant les dernières années de la présidence de Mitterrand déjà, le Front national de Jean-Marie Le Pen était parvenu à faire des incursions de plus en plus importantes dans les banlieues pauvres à fort taux d’immigrés, en exploitant la détresse et les craintes de bon nombre de leurs habitants.

Il est significatif que 62 pour cent de ceux qui ont voté pour le Le Pen au premier tour ont soutenu Sarkozy au second tour, et ce en dépit du fait que Le Pen lui-même avait appelé à une abstention « massive ». Seuls 12 pour cent ont voté pour Royal, le reste s’étant abstenu.

Pour le moment, l’UMP de Sarkozy dispose d’une énorme majorité à l’Assemblée nationale. Ceci pourrait toutefois changer après les élections prévues en juin et juillet. D’après un sondage publié dimanche soir, l’UMP obtiendrait 34 pour cent, le Parti socialiste 29 pour cent, l’UDF 12 pour cent et le Front national 7 pour cent. La plus grande force de Sarkozy est la lâcheté absolue et le caractère droitier de ce que l’on nomme improprement la « gauche ». Son nouveau virage à droite et son refus de mener la moindre lutte sérieuse créent les conditions donnant à Sarkozy une chance de consolider sa majorité parlementaire.

(Article original anglais paru le 7 mai 2007)


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