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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Le nouveau président est accueilli par des manifestations

Par Pierre Mabut
21 mai 2007

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Le jour de l’investiture du nouveau président gaulliste Nicolas Sarkozy le 16 mai, il y a eu des manifestations de jeunes dans un certain nombre de grandes villes. Bien que ne regroupant pas énormément de monde, pour la plupart, ces manifestations exprimant frustration et colère venaient en réponse à la crainte de voir Sarkozy mettre rapidement en place sa « réforme » de l’enseignement supérieur.

A Paris, 1 500 étudiants sont descendus dans la rue, après une semaine de harcèlement policier contre les manifestants dans toute la France. Une étudiante qui manifestait Place de la Nation a dit au quotidien Libération, « Il y a eu plus d’un millier d’arrestations en une semaine. C’est plus que pendant le mouvement anti-CPE [Contrat première embauche] de l’an dernier. »

Un autre s’inquiétait de n’avoir pas de nouvelles d’un ami qui avait été condamné en comparution immédiate à quatre mois, la nuit du 6 mai, et emprisonné à Fleury-Mérogis. Les étudiants ont dit que la répression policière était bien plus dure que lors des manifestations anti-CPE de l’an dernier. C’est aussi ce qui a durci les manifestations. « Cette fois, on n’a pas les gentils manifestants d’un côté et les casseurs de l’autre. Quand on se fait gazer et charger, n’importe qui peut ramasser un truc et le balancer. »

Des manifestants se sont aussi mobilisés à Rennes, Lyon, Nantes et Toulouse. Le syndicat étudiant majoritaire UNEF, ne soutenait pas cette journée d’action du fait qu’il considère le régime de Sarkozy comme pleinement légitime. Bruno Julliard, président de l’UNEF a déclaré face à la vague de protestations déclenchée par la victoire de Sarkozy le 6 mai, « On pense qu'il faut respecter le résultat du suffrage. D'un point de vue démocratique, personne n'a la légitimité de contester ce vote… ces actions sont "contre-productives". » Julliard est proche du Parti socialiste et avait appelé les étudiants à voter pour Ségolène Royal.

L’assaut de Sarkozy sur l’Education nationale fait partie d’une de ses soi-disant « premières décisions ». La privatisation en catimini des universités, au moyen d’une plus grande « autonomie » accordée aux présidents d’université et à leur conseil d’administration, va favoriser le partenariat avec les patrons locaux et permettra à chaque université de décider du coût des frais d’inscription, à la manière de Blair en Grande-Bretagne.

Sarkozy a clairement dit que sera mis en place un « service minimum » dans les établissements scolaires lors des grèves. Cette mesure visant à limiter le droit de grève des enseignants, section de travailleurs qui ont été parmi les opposants les plus acharnés des récents gouvernements, est similaire à la nouvelle loi qui sera introduite sur le « service minimum dans les transports publics », qui vise les cheminots, une couche de travailleurs traditionnellement combative. Le service d’Education nationale « obligera tous les établissements scolaires à accueillir tous les enfants pendant les grèves ».

La pénurie globale d’enseignants, au quotidien, notamment dans les quartiers défavorisés, ne sera pas une question que Sarkozy va traiter. Il se base sur le rapport Darcos qui dit qu’il y a perte d’heures d’enseignement du fait de décharges de cours chez les enseignants appelés à des tâches autres que l’enseignement. Cette étude affirme que ces heures de décharge équivalent à 20 000 postes d’enseignants à temps plein. On proposera aussi aux enseignants de faire des heures supplémentaires pour les études dirigées. L’intensification de la charge de travail et l’attaque sur les droits démocratiques sont à présent à l’ordre du jour.

Sarkozy a non seulement proposé des postes ministériels à plusieurs membres du Parti socialiste, mais il a aussi tendu une branche d’olivier nationaliste populiste en direction du Parti communiste et de ses sympathisants. Le jour même de sa prise de fonction, le nouveau président s’est rendu au mémorial du Bois de Boulogne à Paris où 35 résistants avaient été exécutés par les nazis en 1944.

Sarkozy a déclaré que son premier geste de président serait de faire en sorte que la lettre écrite par Guy Môquet, communiste de 17 ans, à sa famille à la veille de son exécution en 1941 (l’un des 50 communistes exécutés en représailles de l’assassinat d’un officier allemand) soit lue à tous les lycéens au début de chaque année scolaire. Môquet avait été pris en train de distribuer des tracts anti-nazis à Paris. Dans sa lettre, le jeune homme n’exprime aucun regret et dit à sa famille, « Ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. »

Quand Sarkozy avait essayé pour la première fois d’utiliser Guy Môquet à ses propres fins lors de la campagne présidentielle, Marie-George Buffet, candidate à la présidentielle pour le Parti communiste, avait exprimé son indignation déclarant que Môquet et les autres comme lui se seraient aujourd’hui opposés aux attaques racistes du candidat gaulliste envers les sans-papiers et aux autres mesures réactionnaires prônées par lui.

Buffet a maintenant changé de position et déclaré son soutien au décret de Sarkozy stipulant que la dernière lettre de ce jeune résistant devait être lue publiquement dans les établissements scolaires. Le 16 mai, elle a publié un communiqué de presse n’exprimant aucune critique sur ce stratagème cynique de Sarkozy. Buffet se contente de rendre compte de cette décision et dit que la lecture de cette lettre est « un symbole fort ». La secrétaire nationale stalinienne dit de Môquet qu’il était « porteur de patriotisme par son engagement dans la résistance » et aussi quelqu’un engagé dans un combat « pour l’émancipation humaine avait un but, celui de construire une République des droits et des libertés dans une démocratie ». Elle déclare, « il est donc important que ce message soit délivré aux futures générations et contribue ainsi à placer au coeur de notre République, des valeurs, des droits et un idéal ». A leur manière les staliniens signalent leur volonté de travailler avec Sarkozy.

L’écrasante majorité de la bourgeoisie française, représentée aujourd’hui par Sarkozy, brillait par son absence dans la lutte contre l’occupation nazie. Beaucoup soutenaient le régime collaborationniste de Vichy du maréchal Pétain qui avait remplacé la devise de la Révolution française « Liberté, Egalité, Fraternité » par « Travail, Famille, Patrie », une devise beaucoup plus en phase avec la croisade actuelle de Sarkozy.

(Article original paru le 19 mai 2007)


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