Deux mois ont passé depuis la disparition du
membre du Parti de l’égalité socialiste (SEP), Wimaleswaran Nadarajah et
de son ami Sivanathan Mathivathanan. Malgré les appels lancés par le SEP et les
lettres de protestation envoyées par les lecteurs du WSWS au Sri Lanka et dans
le monde entier, la police n’a pas mené une enquête sérieuse pour
retrouver et libérer les deux hommes.
L’ensemble des preuves réunies par le
SEP indique l’implication des forces de sécurité. Wimaleswaran et Mathivathanan
ont été vus pour la dernière fois le 22 mars vers 18 heures 30 alors
qu’ils se déplaçaient à moto sur le sentier du littoral reliant
l’île de Punguduthivu à l’île de Kayts où tous deux habitent. Pour
accéder à l’île, les deux hommes devaient passer par un point de contrôle
de la marine. Toutefois, le commandant du camp de la marine à Velanai, qui est
responsable de ce point de contrôle, nie avoir connaissance de l’existence
des deux disparus.
Une audition au tribunal de Kayts le 18 mai a
révélé que la police locale n’avait toujours pas interrogé le personnel
de la marine au sujet des personnes disparues. L’officier responsable
(OIC) de la police à Kayts, Kingsley Gunasekera, et un officier du camp de la marine
de Velanai Kanchadeva, D.M.S. Dasanayake, étaient tous deux présents au
tribunal après que le juge les ait sommés le 10 mai de comparaître. Le tribunal
est en train de traiter la plainte officielle déposée par les épouses des deux
disparus.
OIC Gunasekera a dit à la cour qu’il s’était
renseigné au sujet de Wimaleswaran et Mathivathanan dans les camps militaires
et qu’il en avait informé les stations de police partout au Sri Lanka,
mais qu’il n’avait reçu aucune information. Toutefois, interrogé
par S.E. Ehanathan, l’avocat des deux épouses, le policier a reconnu qu’il
n’avait pas interrogé le personnel des camps de la marine de Velanai et
de Punguduthivu, point de départ évident pour toute enquête sérieuse.
L’avocat a signalé que les noms des
hommes disparus avaient été enregistrés au point de contrôle de la marine à Punguduthivu
comme étant arrivés sur l’île et l’ayant quitté le 22 mars. A la
question de savoir s’il avait parlé à d’autres personnes au camp de
la marine à Punguduthivu, Gunasekera a, encore une fois, répondu
« non ».
Gunasekera a cherché à éluder la question de sa
responsabilité en affirmant qu’il n’avait aucune information quant
aux déplacements des hommes. Les épouses, se plaignit-il, n’en avaient pas
mentionné les détails dans leur plainte initiale. Ehanathan a toutefois présenté
une copie de la lettre adressée au tribunal et où figuraient les faits. Le juge
a ordonné à la police de se procurer une nouvelle déposition des deux épouses
et a fixé la date pour une autre journée entière d’audition au 15 juin.
Le policier du camp de la marine de Velanai Kanchadeva a également été sommé d’y
participer.
Le SEP avait également déposé une plainte officielle
auprès de la Commission des droits de l’homme au Sri Lanka (SLHRC) et du
ministère de la Défense juste après la disparition de Wimaleswaran et de Mathivathanan.
Le SLHRC a fixé au 18 mai le délai de réponse de la marine. Le directeur de la
SLHRC, S.G. Punchihewa a déclaré la semaine passée au SEP que les commandants
des camps de la marine à Kayts et à Punguduthivu avaient informé la commission
qu’ils n’avaient pas arrêté les deux hommes, mais n’ont pas fourni
d’autres précisions. Punchihewa a dit que la commission allait lancer une
enquête le 14 juin, soit près de trois mois après la disparition des deux
hommes.
Le secrétaire général du SEP, Wije Dias, a
envoyé le 27 avril une nouvelle lettre au secrétaire à la Défense, Gotabhaya Rajapakse,
pour réclamer l’ouverture d’une enquête d’urgence dans cette
affaire. Dias a essayé à plusieurs reprises de s’entretenir avec Rajapakse
pour s’entendre dire qu’il n’était pas disponible. Son
secrétaire a dit à Dias que le ministère recevait jusqu’à environ 200
plaintes par jour.
Wimaleswaran et Mathivathanan font partie des
centaines de personnes, surtout tamoules, qui ont disparu ou ont été tuées au
cours de ces derniers dix-huit mois depuis que le président Mahinda Rajapakse,
frère du ministre de la Défense, a replongé l’île dans la guerre civile. Les
preuves mettent en cause une opération organisée d’escadrons de la mort
agissant avec la complicité sinon l’implication active des forces de
sécurité. Dans toutes les affaires en cours pratiquement personne n’a été
interpellé et encore moins poursuivi.
Le SEP a des inquiétudes sérieuses concernant
le bien-être de Wimaleswaran et de Mathivathanan. Le SEP en appelle une fois de
plus à ses sympathisants et aux lecteurs du WSWS pour qu’ils écrivent aux
autorités sri lankaises pour exiger une enquête urgente afin de retrouver et de
libérer les deux hommes.
Les lettres sont à adresser à :
Gotabhaya Rajapakse, Secretary of Ministry
of Defence,
15/5 Baladaksha Mawatha, Colombo 3, Sri Lanka
Fax: 009411 2541529
Email: secretary@defence.lk
N. G. Punchihewa Director of Complaints and Inquiries,
Sri Lanka Human Rights Commission,
No. 36, Kinsey Road, Colombo 8, Sri Lanka
Fax: 009411 2694924
Veuillez transmettre une copie de votre lettre
au Parti de l’égalité socialiste (Sri Lanka) et au World Socialist Web
Site.
Pour faire parvenir votre lettre au comité de
rédaction du WSWS, veuillez utiliser ce lien-ci.
Nous publions ci-dessous quelques-unes des
lettres qui ont été envoyées aux autorités sri lankaises.
***
Monsieur,
Pour la libération de Nadarajah Wimaleswaran
et de Sivanathan Mathivathanan.
Le membre du Parti de l’Egalité
socialiste (Sri Lanka), Nadarajah Wimaleswaran, et son ami Sivanathan Mathivathanan,
habitant tous deux l’île de Kayts située près de la péninsule de Jaffna à
la pointe nord du pays, ont disparu le 22 mars 2007.
L’on rapporte que la dernière fois qu’ils
avaient fait le voyage à moto de Kayts à l’île de Punguduthivu, et il
existe des preuves là-dessus, ils étaient passés à leur retour ce soir-là par
le point de contrôle de la marine qui se trouve dans cette région. Nous sommes
convaincus que les autorités de l’Etat et les forces armées sont
responsables de la disparition de ces deux hommes dans une région contrôlée par
l’Etat et l’armée.
Les tentatives des autorités militaires de la
région de nier ce genre de disparitions, soit en l’attribuant aux Tigres
de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) soit en affirmant que les victimes
sont des membres du LTTE doivent être rejetées avec mépris.
C’est pourquoi, nous vous demandons à
vous et à votre gouvernement d’entreprendre les démarches nécessaires
pour libérer, ainsi que son ami Mathivathanan, le membre du SEP, un parti qui
mène une opposition continue et de principe contre la guerre,.
Salutations distinguées
Siritunga Jayasuriya
Secrétaire général du United Socialist Party (cio,
Sri Lanka)
***
Demande expresse pour une enquête sérieuse sur
la disparition du membre du Parti de l’égalité socialiste (SEP) Nadarajah
Wimaleswaran et son ami, Sivanathan Mathivathanan.
L’on rapporte que le membre du Parti de
l’égalité socialiste (SEP), Nadarajah Wimaleswaran, et l’un de ses
amis, Sivanathan Mathivathanan, ont tous deux disparus de l’île de Kayts
le 22 mars. Le SEP est un parti politique qui est engagé à la fois dans une
lutte de principe pour une perspective socialiste, notamment contre la lutte pour
un Etat séparé dans le nord et dans l’est prônée par le LTTE, et contre
le racisme cinghalais dans le sud. C’est une lutte qui est menée à la
fois dans le nord et dans le sud du pays et confrontée à toutes sortes de
difficultés. Et donc, la disparition de Wimaleswaran et de son ami est troublante.
Nous exigeons qu’une enquête soit immédiatement ouverte sur ces
disparitions.
W.D.I. Yasalal
Secrétaire du syndicat des diplômés en science
et technologie, Sri Lanka
***
La lettre suivante a été signée par onze
lecteurs du WSWS à Paris
Nous exigeons qu’une enquête immédiate
et sérieuse sur la disparition de Nadarajah Wimaleswaran, un membre du Parti de
l’égalité socialiste (SEP), et de son ami, Sivanathan Mathivathanan de
l’île de Punguduthivu du district de Jaffna, tous deux portés disparus
depuis le 22 mars.
Wimaleswaran et Mathivathanan ont disparu le
soir du 22 mars dans la partie nord de l’île de Jaffna. Ils ont été vus
pour la dernière fois vers 18 heures 30 sur l’île de Punguduthivu, à bord
d’une moto et roulant en direction du sentier littoral reliant
l’île à celle de Kayts. Dans des conditions d’une présence accrue
de la marine sur l’ensemble de l’île de Kayts il est impossible
qu’une personne disparaisse sans que la marine le sache.
En conséquence pour ce qui est de ces
disparitions, le soupçon du SEP quant à l’implication de votre marine et
du Parti démocratique du peuple d’Eelam (EPDP) est parfaitement fondé.
Dans un régime où des enlèvements et des
meurtres ont lieu en toute impunité et qui sont une honte pour la civilisation
humaine, pouvez-vous faire en sorte d’empêcher que de tels actes se
produisent ?
Nadaraja Wimaleswaran est une personne
civilisée qui a lutté contre la guerre raciste et contre la perspective
nationaliste. Il croit en une perspective socialiste capable de satisfaire les
besoins des masses.
Le monde civilisé ne pardonnera jamais les
enlèvements, la torture et le meurtre de ces gens progressistes et issus de la
classe ouvrière. Le gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête poussée
pour localiser Nadarajah Wimaleswaran et son ami Sivanathan Mathivathanan afin
de les libérer sur le champ.
Des lecteurs du World Socialist Web Site
en France