Cette allocution a été prononcée par Nick Beams, le
secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste (Australie) et
membre du comité éditorial international du World Socialist
Web Site lors d’assemblées électorales locales, la semaine passée à
Sydney et à Newcastle. Ces assemblées ont été tenues pour lancer
l’intervention du PES dans les élections de l’Etat de New South
Wales en Australie et qui auront lieu le 24 mars. Beams est en tête de la
liste de15 candidats présentée par le parti à l’élection au Conseil
législatif (la chambre haute).
Ma tâche ce soir sera de vous expliquer l’importance
historique de la lutte contre la guerre que le PES a placée au cœur même
de sa campagne électorale. Nous vivons dans une période où, littéralement, se
décide le sort de l’humanité pour les décennies à venir.
Je commencerai en vous rappelant certaines des remarques
faites par le vice-président américain Dick Cheney lors de sa récente visite en
Australie. Dans son discours de vendredi passé, Cheney a débuté en insistant
sur la signification de l’attaque terroriste du 11-Septembre.
Il a ensuite enchaîné en déclarant : « Nous connaissons
maintenant la nature des croyances de notre ennemi et l’ampleur de ses
ambitions. » Les Etats-Unis et ses alliés ont été selon lui confrontés à
un mouvement mondial « déterminé à semer le chaos et la destruction au
sein des pays civilisés ». Les terroristes, a-t-il insisté, sont en guerre
contre presque tous les idéaux libéraux et « de leur point de vue, tous
seraient sans pouvoir sauf eux-mêmes ». En d’autres termes, la
« guerre contre le terrorisme » est menée contre un mouvement qui, en
semant « chaos et destruction », tente d’établir une espèce de
dictature mondiale.
Et pour être certain que le message soit bien compris,
Cheney a poursuivi : « … ce sont eux, les terroristes, qui ont
des ambitions impériales. Leur but dans le grand Moyen-Orient est de prendre
contrôle d’un pays pour avoir une base à partir de laquelle ils pourront lancer
des attaques contre les gouvernements qui refusent de satisfaire leurs
demandes. Leur but ultime — et ceci ils le clament haut et fort —
est d’établir un califat qui couvrirait un territoire comprenant
l’Espagne, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud
et l’Indonésie. Et ça ne s’arrêtera pas là. »
Ces déclarations rappellent les divagations d’Adolf
Hitler dans les années 1930. Celui-ci proclamait alors que la mission
historique de l’Allemagne était de protéger la civilisation européenne
contre la conspiration juive bolchevique.
Premièrement, les déclarations de Cheney sont de pures et
simples sottises — des bobards pour utiliser un terme plus familier.
Ou, dans les mots utilisés par Zbigniew Brzezinski,
l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président américain Jimmy
Carter, lors de sa récente comparution devant la commission
sénatoriale sur les relations avec l’étranger et où
il avertissait du danger d’une intervention militaire américaine dans
tout le Moyen-Orient : « On se sert déjà d’un discours historique mythique pour justifier une guerre qui dure et qui peut
s’étendre. Lancée sous le prétexte fallacieux d’armes de
destruction massive en Irak, la guerre est maintenant redéfinie comme “la
lutte idéologique décisive de notre époque”, ce qui rappelle les
collisions passées avec le nazisme et le stalinisme. Dans ce contexte,
l’extrémisme islamiste et al-Qaïda sont présentés comme les équivalents de
la menace posée par l’Allemagne nazie et plus tard par l’Union
soviétique et le 11-Septembre est l’équivalent de l’attaque de
Pearl Harbour qui a amené les Etats-Unis à s’impliquer dans la Deuxième
Guerre mondiale.
« Ce discours simpliste et démagogique oublie que le
nazisme était basé sur la puissance militaire de l’Etat européen le plus
avancé industriellement, et que le stalinisme a été non seulement capable de
mobiliser les ressources de la victorieuse et militairement puissante Union
soviétique, mais qu’il avait aussi un attrait mondial grâce à sa doctrine
marxiste. Par opposition, la plupart des musulmans n’embrassent pas le
fondamentalisme islamique; al-Qaïda est une aberration islamique isolée; la
plupart des Irakiens sont impliqués dans des hostilités parce que l’occupation
américaine de l’Irak a détruit l’Etat irakien; et l’Iran,
quoique gagnant en influence régionale, est politiquement divisé, ainsi que
faible économiquement et militairement. Soutenir que les Etats-Unis sont déjà
en guerre avec une importante menace islamique dont l’Iran serait
l’épicentreconsiste à faire
la promotion d’une prophétie dont on provoque la réalisation. »
Il est significatif que les divagations de Cheney
n’aient pas été commentées du tout dans les médias de masse ou par les soi-disant
critiques de la politique étrangère américaine.
Pourquoi cette question n’est-elle pas examinée sérieusement ?
Attirer l’attention sur le fait que la politique centrale des Etats-Unis,
la nation la plus puissante du monde, est basée sur un scénario digne
d’un Adolf Hitler soulèverait beaucoup trop de questions troublantes.
Tentons d’en éclaircir quelques-unes.
Tout comme un psychiatre étudie le phénomène de la folie
pour essayer de découvrir la réalité dont elle est l’expression déformée,
une étude des remarques de Cheney révèle peu à peu les véritables motivations
de la soi-disant « guerre contre le terrorisme ».
Dans le cas d’Adolf Hitler, l’invocation du
complot judéo-bolchévique servait deux objectifs de la politique étrangère nazie :
d’un côté et de façon immédiate, elle servait la lutte contre les puissances
impérialistes rivales Grande-Bretagne et France et à plus long terme Wall
Street et Etats-Unis et de l’autre elle servait la poussée vers
l’Est, la conquête de l’Union soviétique et du Lebensraum (espace
vital) de l’impérialisme allemand — à partir duquel celui-ci aurait
pu défier ses rivaux mondiaux.
De la même façon, la guerre contre l’extrémisme
islamique, qualifiée à l’occasion d’islamofascisme par certains
membres du régime Bush et ayant pour but d’empêcher l’établissement
d’un nouveau califat et de défendre la civilisation occidentale, sert des
intérêts bien précis de la politique étrangère de l’impérialisme
américain. C’est le prétexte idéologique de la guerre sans fin pour
l’établissement de la domination mondiale des Etats-Unis.
Le discours de Cheney l’a clairement exprimé. Cette
guerre n’est pas, a-t-il insisté, comme les autres guerres et ne pouvait
être menée selon les stratégies développées lors d’autres guerres.
« Un ennemi qui opère dans l’ombre et qui perçoit le monde entier
comme un champ de bataille ne peut être maîtrisé ni arrêté. Un ennemi ayant des
fantasmes de martyr ne va pas entreprendre de négociations pacifiques. La seule
option pour notre sécurité et notre survie est de passer à l’offensive —
affronter la menace directement, patiemment et systématiquement, jusqu’à
ce que l’ennemi soit détruit. »
Avant de quitter le domaine des troubles mentaux,
mentionnons un autre phénomène bien connu : la projection psychologique,
par laquelle les motivations et les pulsions d’un individu sont
attribuées à une autre personne, c’est-à-dire, projetées ailleurs. Comme
nous pouvons le voir ici, les porte-parole du militarisme américain projettent
sur l’ennemi islamiste la recherche effrénée par l’impérialisme
américain lui-même de la domination mondiale, dans une guerre où il ne peut y
avoir de négociation, de règlement pacifique, et où la seule option est de
passer à l’offensive.
La stratégie américaine au Moyen-Orient
Hors de la sphère de la psychologie, qu’en
est-il ? Pour répondre à cette question, nous allons encore faire appel à
Cheney. Même s’il n'a pas mentionné l'Iran dans son discours, il
l’avait clairement à l’esprit tout au long de sa visite en
Australie comme il ressort des interviews qu’il a accordées aux
journalistes.
Questionné par un journaliste du réseau américain d’ABC
à propos des progrès des négociations avec l’Iran touchant à son
programme nucléaire et à d’autres questions qui y sont liées, Cheney a
fait le commentaire révélateur suivant : « Bien, rappelez-vous la
position géographique de l’Iran. Il est important de s’arrêter un
instant, je pense, et de mettre de côté la question nucléaire, de simplement
considérer ce que l’Iran représente au niveau de sa localisation
géographique. Il occupe un côté complet du golfe Persique, a clairement la
capacité d’influencer l’approvisionnement mondial en pétrole, près
de 20 pour cent de la production mondiale passe par le détroit
d’Hormuz. »
Suivons le conseil de Cheney, arrêtons-nous un instant et
examinons l’ensemble du Moyen-Orient.
La carte ici présente [1], préparée en 2003, illustre la
relation existant entre la position des bases américaines, des champs
pétrolifères et des pipelines. La signification de l’invasion américaine
en Afghanistan, l’occupation de l’Irak et les projets d’offensives
contre l’Iran y apparait très clairement. Les États-Unis mènent une offensive
continue afin d’établir leur domination sur la région entière et de
s’assurer ainsi le contrôle des réserves de gaz naturel et de pétrole les
plus importantes du monde. Ce programme n’est pas une fin en soi, mais
vise à assurer la continuité de l’hégémonie mondiale américaine.
Cependant, la poursuite de cette stratégie, soulève la
menace d’une nouvelle guerre mondiale.
Considérez les commentaires du président russe, Vladimir
Poutine à la Conférence européenne sur la sécurité tenue à Munich le mois
dernier. Poutine commença en expliquant que la structure de la conférence lui
permet « d’évitez la politesse excessive et le besoin
d’utiliser le langage ampoulé, agréable, mais vide de la
diplomatie. » Conséquemment, il a été en mesure de « dire ce [qu’il]
pense réellement à propos des problèmes de sécurité internationale ». Nous
serions donc bien avisé de l’écouter.
Poutine déclara que le soi-disant monde unipolaire, basé
sur un centre de puissance, un centre d’autorité et un centre
décisionnel, était complètement inacceptable et continuait ainsi :
« Des actions unilatérales et souvent illégitimes n’ont résolu aucun
problème. De plus, elles ont causées de nouvelles tragédies humaines et créé de
nouveaux centres de tensions…
« Nous assistons à un usage
exagéré et quasiment illimité de la force, de la force militaire, dans les
relations internationales, une force qui est en train de plonger le monde dans
un abîme de conflits permanents. Il en résulte que nous
n’avons pas suffisamment de force pour trouver une solution complète pour
aucun de ces conflits. Trouver une solution politique devient
impossible…Nous voyons un dédain toujours plus grand pour les principes
de base du droit international…
« Un pays, il s’agit en tout premier lieu des
Etats-Unis, a dépasséses frontières nationales en tous points…
Dans les relations internationales, nous voyons de plus en plus le désir de
résoudre un problème donné en fonction de soi-disant questions de commodité
politique et en se basant sur le climat politique actuel… Et,
naturellement, cela est extrêmement dangereux. Il en résulte que plus personne
ne se sent à l’abri… Parce que plus personne ne peut voir la loi
internationale comme un rempart les protégeant. Bien sûr qu’une telle
politique nourrit la course aux armements. »
Il n’y a rien de bien surprenant dans l’analyse de
Poutine. Il ne fait que tirer les conclusions de l’unilatéralisme des
Etats-Unis. Dans une situation où les lois ne sont pas respectées, où
c’est la force qui règne, chacun doit recourir aux armes pour défendre
ses intérêts. Toutefois, à un moment donné, cela doit conduire à une confrontation
entre les principales puissances. Le point de vue de Poutine est sans aucun
doute partagé par de nombreux hommes politiques européens même s’ils ne
l’expriment pas aussi ouvertement.
L’Iran n’était pas le seul sujet de préoccupation
de Cheney lors de sa visite en Australie. De façon significative, il a lancé un
avertissement à peine voilé à la Chine, déclarant que le récent test
anti-satellite de cette dernière et son « développement militaire accéléré
et continuel » ne concordent pas avec ses déclarations de « montée
pacifique ». Cheney a aussi souligné l’importance de la structure de
sécurité trilatérale incluant les Etats-Unis, le Japon et l’Australie, et
qui, sans aucun doute possible, est dirigée contre la Chine.
Qu’y a-t-il derrière cette bellicosité croissante? Il y
a de cela une quinzaine d’années Cheney avait été, suite à
l’effondrement de l’Union soviétique, étroitement associé à la
préparation d’une nouvelle stratégie américaine pour le vingt et unième
siècle. Lui et ses collaborateurs insistaient sur le fait que la question clé
était d’empêcher le développement de toute puissance ou groupe de
puissances qui pourraient menacer économiquement et militairement les
Etats-Unis.
Depuis, le processus de la mondialisation économique a changé
la donne. Une donnée statistique montrera l’ampleur des changements. Le 7
février, le Financial Times a rapporté que l’an dernier seulement,
la Chine avait ajouté quelque 102 gigawatts à son système de production
énergétique. C’est l’équivalent de deux fois la capacité totale de
la Californie dont l’économie, si on la prend individuellement, fait
partie des dix plus importantes au monde.
La question est la suivante : les Etats-Unis, en tant que
puissance capitaliste dominante, peuvent-ils accepter pacifiquement la nouvelle
situation résultant des immenses changements se produisant dans la structure
même de l’économie capitaliste mondiale ? Ou bien la destruction de
l’ancien ordre signifie-t-elle l’éruption de nouveaux conflits et
la possibilité d’une guerre mondiale ?
Les leçons de
l’histoire
Le seul moyen de répondre à cette question est de
l’examiner d’une façon historique. Au début du siècle dernier, il y
a en fait exactement cent ans puisque c’était en 1907,
l’Internationale socialiste s’était réunie pour considérer les
implications de la nouvelle situation créée par ce que nous appellerions
aujourd’hui la première phase de la mondialisation et qui s’était
produite dans le dernier quart du dix-neuvième siècle. Auparavant, la
Grande-Bretagne était la puissance capitaliste dominante, position
qu’elle tenait de sa suprématie économique. Mais, la situation avait
changé. Sur le continent européen, de nouvelles puissances s’étaient
développées, notamment l’Allemagne. A l’Est, le Japon se
développait et, à l’Ouest, c’étaient les Etats-Unis.
Le vieil équilibre s’était effondré et une série
d’incidents indiquaient une montée des conflits entre les grandes
puissances. Il était impossible, faisait remarquer la résolution du Congrès en
1907, de séparer la lutte contre le militarisme de la lutte pour le socialisme,
car les guerres entre les Etats capitalistes étaient le résultat de la lutte
pour les marchés et les profits. Si la guerre se déclenchait, il serait
nécessaire d’utiliser la crise qui en résulterait pour soulever les
masses et accélérer ainsi la chute du régime capitaliste.
Durant cette même période, les questions de guerre et de paix
étaient aussi examinées dans les profondeurs du ministère des Affaires
étrangères britannique. L’une des principales préoccupations de la
bourgeoisie britannique était la montée rapide de l’Allemagne et ses
efforts pour acquérir « une place au soleil ». Quelles étaient les
implications de ce développement pour la Grande-Bretagne et son empire ?
L’Allemagne insistait pour dire que l’augmentation de son influence
mondiale n’avait que des visées pacifiques, mais comment la
Grande-Bretagne pouvait-elle en être sûre.
Finalement, selon un haut représentant du ministère des
Affaires étrangères, Eyre Crow, qui avait préparé un important rapport pour ses
maîtres du gouvernement britannique en 1907, les intentions importaient peu.
Cela ne changeait pas grand-chose, du point de vue de la Grande-Bretagne,
écrivait-il, que l’Allemagne soit décidée à étendre son pouvoir militaire
ou qu’elle se préoccupe seulement de diffuser les avantages de la culture
allemande par une « ascension pacifique ». En fin de compte,
l’impact sur la Grande-Bretagne serait le même : cela entraînerait
une diminution de sa position mondiale.
Sept ans plus tard, après une série de crises internationales,
la Première Guerre mondiale fit éruption en Europe, déclenchant la pire vague
de destruction de toute l’histoire de l’humanité.
La guerre ne régla rien et, deux décennies seulement après la
signature du Traité de Versailles, la Deuxième Guerre mondiale était en cours.
Elle se termina avec l’ascension des Etats-Unis à une position dominante
qui ne pouvait plus être contestée — une domination basée sur son
écrasante suprématie économique. Cette prééminence économique s’avéra, en
dernière analyse, le facteur le plus important dans la stabilisation du
capitalisme mondial et la mise en place d’un nouvel équilibre économique
et politique après la guerre.
Lorsque nous parlons d’équilibre, cela ne doit pas être
compris comme un phénomène statique. La force motrice du capitalisme est
l’accumulation de profit — c’est un système qui est en soi
dynamique. Ainsi, un équilibre doit être basé sur un ensemble de conditions qui
permettent le développement des diverses composantes de l’ordre
capitaliste mondial. Ce fut l’établissement de ces conditions, par des
initiatives comme le Plan Marshall et la reconstruction d’un système
financier international s’étant pratiquement effondré dans les années
1930, qui permit le boum économique d’après-guerre : la plus longue
période de croissance soutenue de l’histoire du capitalisme mondial.
Cependant, ce fut cette même croissance qui modifia les
relations entre les grandes puissances capitalistes.
Déjà au début des années 1970, les Etats-Unis avaient perdu
l’écrasante domination économique dont ils avaient bénéficié tout juste
après la guerre. Alors qu’à la fin des années 1940 le principal problème
économique mondial était le manque de dollars américains dans le système
financier international, à la fin des années 1960 le problème était un surplus
de dollars. La situation devint critique en août 1971 lorsque le président
Nixon annula la convertibilité du dollar américain en or, la garantie que les
dollars pouvaient être échangés contre de l’or au taux de 35 dollars
l’once.
Les vingt années suivantes furent marquées par les signes
d’un déclin économique irréversible des Etats-Unis : la récession de
1982-83, la plus profonde depuis les années 1930 ; la perte de la
domination américaine dans une série d’industries manufacturières ;
la transformation des Etats-Unis de principal créancier en principal
débiteur mondial à la fin des années 1980 ; et l’effondrement de la
bourse en 1987, le plus important depuis le désastre de 1929.
L’effondrement de l’Union soviétique à la fin des
années 1980 a fait remonter à la surface tous ces problèmes économiques —
ou, en d’autres termes, leur a permis d’entrer dans la sphère
politique. Bien sûr, ce n’est pas ainsi que cela est immédiatement
apparu. L’effondrement de l’Union soviétique a été suivi d’un
déluge de propagande selon lequel nous venions d’assister au triomphe du
capitalisme et du marché, à la fin de l’histoire et à la transformation
des Etats-Unis en superpuissance unique à l’hégémonie mondiale
incontestable.
Si l’on passe en revue les quinze dernières années, on
commence à voir apparaître le cours véritable des événements. Loin de signifier
le triomphe du capitalisme, l’effondrement de l’Union soviétique
marquait le début d’une nouvelle période de conflit entre les principales
puissances. Les Etats-Unis tentèrent de plus en plus de tirer avantage de la
fin de l’URSS, faisant jouer leur puissance militaire afin de surmonter
la perte de leur domination économique. C’est ce qui explique la montée
des agressions militaires des années 1990 : la première guerre du Golfe,
l’intervention en Bosnie, la guerre contre la Serbie, la guerre contre
l’Afghanistan en 2001 et ensuite l’invasion de l’Irak en
2003.
Mais c’est un processus continu auquel il n’y a
pas d’issue pacifique. Une guerre soulève immédiatement la nécessité de
nouvelles agressions. Le renversement du régime de Saddam Hussein en Irak a
renforcé l’Iran. Il est de ce fait nécessaire non seulement de poursuivre
l’occupation de l’Irak, mais de remodeler tout le Moyen-Orient,
surtout par un « changement de régime » en Iran.
Comment peut-on mettre fin à cette folie ? Comment
peut-on éviter que le monde ne soit plongé dans une nouvelle série de
désastres ? Comment peut-on empêcher l’utilisation de l’arme
nucléaire… option déjà avancée comme possible en ce qui concerne
l’Iran ? Telles sont les questions qui concernent toute
l’humanité en lutte.
Le premier pas à faire pour trouver la réponse consiste à
tirer les leçons des expériences passées. Il est impossible de progresser avec
les organisations, partis et institutions existants. Regardez
l’expérience de la guerre en Irak. Les Etats-Unis s’engagent dans
une guerre d’agression (commettant ainsi le même crime que celui pour
lequel les dirigeants nazis ont été condamnés à Nuremberg) et les Nations unies
d’adopter une résolution autorisant l’occupation. Le résultat est
que les Etats-Unis engageront peut-être une guerre contre l’Iran en
revendiquant la protection de la charte de l’ONU au motif que leurs
forces en Irak sont attaquées par l’Iran et agissent de ce fait en
légitime défense.
Je ne vais pas passer en revue les expériences avec les partis
soi-disant de gauche et travaillistes à travers le monde. Mais partout, des
démocrates aux Etats-Unis, au Parti travailliste en Angleterre et en Australie,
en passant par la coalition de centre-gauche en Italie et la coalition des
sociaux-démocrates et des Verts en Allemagne, on voit la même chose : ils
ces organisations prennent position, d’une manière ou d’une autre,
en faveur des efforts de guerre.
La classe ouvrière doit adopter une nouvelle voie. C’est
le message central de notre campagne électorale. Dans la prochaine période
historique, elle doit entreprendre la tâche de construire un nouveau parti
socialiste international qui s’emploie à mettre fin à la guerre et au
militarisme par le renversement du système capitaliste et se consacre à la
reconstruction de l’économie mondiale sur des bases socialistes. Tant que
cette tâche n’est pas entreprise, une catastrophe confronte le monde et l’humanité.
C’est en lisant et en étudiant l’analyse de notre parti, le Comité
international de la Quatrième Internationale, en rejoignant ses rangs et en le
construisant en tant que nouveau parti de la classe ouvrière internationale
qu’on commence à entreprendre cette tâche.