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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Rome : Des milliers de personnes manifestent contre la politique de guerre américaine et le gouvernement Prodi

Rifondazione Comunista boycotte la manifestation

23 mars 2007

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Plusieurs dizaines de milliers de personnes, et selon les organisateurs quelque 30.000, ont défilé le 17 mars dans le centre de Rome pour protester contre la guerre en Iraq et contre la politique du gouvernement Prodi. Le quatrième anniversaire de l’invasion de l’Iraq a également mobilisé des manifestants à Madrid, Prague, Copenhague, Athènes, Istanbul et d’autres villes européennes.

Les Cobas (syndicats de base), le quotidien Il Manifesto et un nombre d’organisations plus petites avaient appelé à cette manifestation à Rome. La principale revendication des manifestants était le retrait complet des troupes italiennes de tous les champs de bataille, la fermeture des bases militaires américaines sur le sol italien et la réduction du budget militaire du pays.

Au cours des années passées, l’organisation Refondation communiste (Rifondazione Comunista, PRC) avait joué un rôle actif dans de telles manifestations. Cette année, elle n’a lancé aucun appel à ses partisans à y participer et n’était pas présente. En avril 2006, Refondation communiste, successeur du Parti communiste italien, rejoignait la coalition menée par Romano Prodi et est donc politiquement responsable de la politique militaire du gouvernement.


Manifestation anti-guerre, samedi à Rome

Fin février, tout comme un certain nombre d’autres partis, elle s’est inclinée devant un ultimatum lancé par Prodi pour réclamer que ses partenaires de la coalition soutiennent le déploiement en cours en Afghanistan et l’extension des bases américaines dans le pays. De plus, cet ultimatum conférait à Prodi des pouvoirs extraordinaires en tant que chef de gouvernement.

Le 8 mars, la Chambre des députés votait en faveur de la mission en Afghanistan avec 524 députés pour, 3 contre et 19 abstentions. Tous, à l’exception de deux députés du PRC ont soutenu la mission militaire. Au total 1.900 soldats italiens sont actuellement stationnés en Afghanistan et impliqués dans « Opération Achille », l’offensive de printemps menée par l’OTAN.

La crise politique au sujet de l’engagement en Afghanistan s’est intensifiée après l’enlèvement en Afghanistan du journaliste italien, Daniele Mastrogiacomo, qui travaille pour le quotidien La Repubblica. Les Taliban détiendraient Mastrogiacomo et exigeraient le retrait des troupes italiennes en échange de sa libération. L’on prétend que son chauffeur aurait déjà été exécuté après avoir été accusé d’espionnage. Prodi rejette la demande de retrait des troupes en déclarant : « Nous avons pris des décisions et nous les respecterons, il n’y a rien pour le moment qui nous impose un changement. »

La politique de guerre de Prodi — et le soutien qu’il reçoit de Refondation communiste — était le thème central de la manifestation à Rome. « Le gouvernement Berlusconi était un gouvernement de capitalistes, fascistes et racistes, le gouvernement Prodi est le gouvernement du patronat, de la guerre et de la fraude », dit un dirigeant de Cobas sous les applaudissements. « Plus jamais un vote pour la guerre » pouvait-on lire sur de nombreuses pancartes.

Des banderoles portaient des slogans tels « Hors d’Afghanistan, à bas les bases américaines » ; « Non à ce gouvernement de guerre, pour une gauche qui ne trahisse pas » ; « Retrait immédiat d’Afghanistan et du Liban » ; et « Paix pour le peuple afghan, liberté pour Mastrogiacomo. » Et encore, « Non à la guerre » et « Désarmement ! »

Sur une banderole l’on pouvait lire « La guerre est la mère, le terrorisme le fils, le patronat le grand-père. » Une autre grande banderole de Naples montrait « Guernica » la reproduction de l’oeuvre anti-guerre de Pablo Picasso.

Les orateurs qui avaient clairement condamné la trahison de Refondation communiste ont été particulièrement applaudis au début et à la fin de la manifestation. D’autres orateurs, tels Salvatore Cannovò du groupe parlementaire Gauche critique (Sinistra Critica) qui travaille au sein du PRC, ont été hués et salués par des appels à « Démission du gouvernement ! »

Dans une situation où tous les partis participant à la coalition gouvernementale de Prodi, y compris Refondation communiste, le Parti communiste et les Verts, ont boycotté la manifestation, un certain nombre d’autres organisations de gauche ont cherché à se poser comme alternative. En termes de programme, leur politique n’était cependant pas très différente de la politique de réformisme social national limité que prône le PCR, mis à part le fait qu’« eux ne trahiraient pas ».

Marco Ferrando qui a travaillé des années durant au sein de la PCR comme dirigeant du groupuscule pseudo-trotskyste connu sous le nom de Progetto Comunista se trouvait tout à fait dans cette lignée. A la fin de la manifestation, sur la Place Navona, Ferrando dit en parlant du gouvernement Prodi : « C’est un gouvernement du patronat et du Vatican. La soi-disant gauche qui a voté pour ce gouvernement se trouve de l’autre côté de la barricade. Ils ne restent au gouvernement que pour défendre leur bout de gras à des postes gouvernementaux, leurs ministres, leurs secrétaires et leur président de la Chambre des députés. » Ceci était une allusion directe à l’ancien président du parti, Fausto Bertinotti, qui occupe actuellement ce poste.

Ferrando a poursuivi : « Le peuple italien déteste la guerre. Il nous faut une gauche dans ce pays et nous devons la construire, une gauche qui ne mente pas et qui ne trahisse pas. » Il s’est cependant bien gardé d’expliquer pourquoi sa tendance supposée être « trotskyste » a travaillé des années durant au sein de Refondation communiste et fourni de façon continue à cette dernière une couverture politique de « gauche ».

Il en était de même des orateurs et des représentants des innombrables « alternatives de gauche ». Ils ont à maintes reprises appelé à la construction d’un « réseau national de tous les groupes d’opposition » afin d’assurer une résistance et faire en sorte que « le mouvement continue de s’agrandir. » Dans le même temps, ils ont évité d’aborder la question de savoir pourquoi les précédents mouvements sociaux et de protestation avaient abouti à une impasse et quel enseignement politique devrait en être tiré. Quatre ans plus tôt, le 15 février 2003, trois millions de personnes étaient descendues dans la rue à Rome pour protester contre le déclenchement de la guerre en Iraq.

Une équipe de reporters du World Socialist Web Site (WSWS) qui a distribué les copies d’un tract intitulé « Stop aux préparatifs de guerre contre l’Iran ! » a constaté que de nombreux manifestants étaient particulièrement intéressés à s’engager dans une discussion politique. Plusieurs manifestants connaissaient déjà le WSWS et étaient reconnaissants d’y trouver des analyses politiques. Ils manifestaient de l’intérêt aussi bien pour l’orientation internationale du site que pour son indépendance politique de tous les autres partis politiques établis.

Michele de Rome dit au WSWS, « Ici, plus personne ne s’attend à ce que Rifondazione Comunista change quoi que ce soit depuis qu’ils sont entrés au gouvernement. Ils font encore partie du gouvernement Prodi qui est engagé dans une guerre et qui a perpétré des attaques considérables contre les droits sociaux. »

Lino, qui travaille à Bologne parce qu’il ne trouve pas de travail à Naples, a dit : « J’avais été moi-même un membre de Rifondazione Comunista pendant un certain temps et ai encore voté pour eux en avril dernier. Mais, après quelques mois, je suis devenu très furieux contre leur politique. J’ai quitté le parti et je me suis associé à des amis pour construire un nouveau groupe à Bologne.

« La guerre est la question centrale. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici. Des soldats italiens combattent en Afghanistan et nous sommes tout à fait contre. Beaucoup d’autres questions y sont liées. C’est ainsi que l’armée américaine projette de construire une nouvelle base militaire à Vicenza et nous avons manifesté il y tout juste un mois.

« Mis à part la question de la guerre, la question sociale est tout particulièrement importante en ce moment, l’introduction d’un salaire minimum tout comme la question de la retraite. Dans quelques semaines, un nouveau système de retraite devrait être voté prévoyant la mise en place en Italie de fonds de pension pour les travailleurs employés dans le privé. De nombreuses réunions et manifestations ont lieu en ce moment à ce sujet.

« Il est clair que les choses ne peuvent pas continuer comme ça, mais nous ne voulons pas non plus revenir en arrière, ça n’était pas l’idéal non plus. Il faut aller de l’avant. Vous dites qu’il faut abolir le capitalisme, je suis d’accord. »

Linda et Samuele de Rome ont également dans le passé voté pour le PRC. Linda a expliqué : « Je soutenais le parti parce qu’ils avaient promis de s’opposer inconditionnellement à la guerre. Aujourd’hui, les députés de Rifondazione Comunista eux-mêmes votent oui et ce même si l’enjeu est la guerre. »

Enrico est lui aussi un ancien membre de PRC, mais il a quitté le parti il y a déjà trois ans. Il s’est adressé à nos reporters pour leur dire qu’il lisait le World Socialist Web Site depuis un certain temps et qu’il trouvait les articles sur le développement politique américain tout particulièrement intéressants. Il approuve l’analyse du WSWS concernant la dernière crise gouvernementale suite à la menace de démission de Prodi et le rôle de Refondation communiste. Il a emporté des copies du tract du WSWS pour les distribuer à ses amis.

Enrico a dit : « Les récents développements montrent la capitulation totale de Rifondazione Comunista devant Prodi. Ils ne sont pas au gouvernement pour donner une voix aux luttes ouvrières, mais pour faire de la politique gouvernementale le point central de leur activité.

« Aujourd’hui, je n’appartiens à aucune tendance en particulier, mais je me renseigne car je pense qu’il est nécessaire de construire un mouvement ouvrier international qui inclut l’Italie. »

(Article original paru le 19 mars 2007)


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