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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Un juge espagnol exige des poursuites judiciaires pour crimes de guerre contre les architectes de l’invasion irakienne

Par Vicky Short
29 mars 2007

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Baltasar Garzón, le juge espagnol qui avait cherché à poursuivre le dictateur chilien, le général Augusto Pinochet, a demandé à ce que le président américain, George W. Bush et ses alliés, soient traduits devant un tribunal pour crimes de guerre en Irak.

S’exprimant dans El Pais le jour du quatrième anniversaire de l’invasion, Garzón a déclaré, « Aujourd’hui, 20 mars, marque le quatrième anniversaire du début de la guerre en Irak. Déclenchée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et soutenue par l’Espagne et d’autres pays, c’est l’un des épisodes les plus sordides et les plus injustifiables de l’histoire récente de l’humanité qui a commencé. »

« Violant toutes les lois internationales et prétextant une guerre contre le terrorisme, une attaque dévastatrice se déroule depuis 2003 contre l’Etat de droit et contre l’essence même de la communauté internationale. Sur son sillage, des institutions, telles les Nations unies, ont été mises en lambeaux et ne s’en sont pas encore remises. »

« Au lieu de commémorer la guerre, » Garzón a poursuivi, « nous devrions être horrifiés, et hurler et protester contre l’actuel massacre engendré par cette guerre. »

Il écrit ensuite que George W. Bush et ses alliés devraient même être accusés de crimes de guerre pour leurs actions en Irak : « Nous devrions étudier plus attentivement l’éventuelle responsabilité pénale des personnes qui sont, ou qui ont été, responsables de cette guerre et voir s’il existe suffisamment de preuves pour qu’elles en répondent. »

« Pour beaucoup ce ne serait qu’une question de responsabilité politique, mais des actions en justice commencent à émerger aux Etats-Unis, comme c’est le cas d’un jugement rendu contre l’un des collaborateurs du vice-président Cheney, (I. Lewis Libby) qui va dans une autre direction. »

« Les 650.000 morts légitiment à eux seuls l’ouverture de cette enquête et de cette instruction le plus rapidement possible, » a-t-il ajouté.

Garzón a ensuite adressé ensuite sa critique acerbe contre l’ancien premier ministre espagnol, José Maria Aznar, qui avait emboîté le pas au premier ministre britannique, Tony Blair, pour soutenir la guerre d’agression de Bush contre l’Irak.

« Ceux qui ont été aux côtés du président américain portent tout autant, sinon plus de responsabilités que lui car, en dépit de leurs doutes et des informations partiales (dont ils disposaient), ils se sont eux-mêmes jetés dans les bras de l’agresseur pour perpétrer cet acte ignoble de mort et de destruction qui continue encore aujourd’hui. »

Aznar défend toujours l’invasion en Irak. Il a reconnu à contrecœur le mois dernier qu’il savait que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, mais a concédé  qu’il aurait dû « être plus clairvoyant pour le savoir plus tôt ».

Garzón répond dans son article : « Si Aznar n’était pas au courant, il faudrait lui demander pourquoi il n’a pas agi avec prudence, en accordant une plus grande marge de manoeuvre aux inspecteurs des Nations unies au lieu de faire l’exact opposé dans une soumission et une fidélité totales au président Bush. »

Redoutant l’extension de la révolte en Irak à l’ensemble du Proche-Orient et internationalement, Garzón déclare que « l’action belliqueuse de l’Amérique du Nord et de ceux qui l’ont soutenue a déterminé ou du moins a contribué à la création, au développement et à la consolidation du plus grand camp d’entraînement terroriste du monde... D’une certaine façon, par manque de conscience, nous avons aidé et aidons ce monstre à grandir de plus en plus et à devenir plus fort à chaque minute, de façon à ce qu’il est probablement devenu invincible. »

Garzón a enquêté sur tout, du terrorisme basque aux attentats de Madrid du 11 mars 2004 dont les auteurs présumés sont présentement traduits en justice. Il a mené l’enquête sur le groupe terroriste de droite, les Groupes antiterroristes de libération (GAL), dont la création fut attribuée au gouvernement du Parti socialiste (PSOE) actuel. Il a également interdit le parti indépendantiste basque, Herri Batasuna, le bras politique de l’ETA, le premier parti politique à être mis hors la loi depuis la mort de Fanco en 1975.

En 1996, l’Union progressiste des avocats avait déposé des plaintes pour actes criminels contre les armées argentine et chilienne pour les disparitions de citoyens espagnols durant les régimes dictatoriaux qui les gouvernaient dans les années 1970 et 1980. Un an plus tard, Garzón émettait un mandat d’arrêt où figurait le capitaine de marine argentin, Adolfo Scilingo, qui avait fait une confession télévisée en 1995 concernant des « vols de la mort » durant lesquels des centaines de détenus étaient jetés des avions pour mourir dans l’océan Atlantique. Scilingo fut arrêté et détenu après s’être rendu volontairement en Espagne.

L’ancien président chilien Pinochet fut arrêté en vertu d’un mandat délivré par Garzón en 1998 à Londres où il était venu pour consultation médicale. Durant des mois, le juge tenta d’obtenir l’extradition du dictateur vers l’Espagne afin de le juger pour avoir dirigé le coup d’Etat de 1973 qui renversa le président Salvador Allende et pour le meurtre de milliers d’étudiants et de travailleurs qui s’ensuivit. Il a également fait savoir son intention d’interroger Henry Kissinger, le conseiller pour les affaires de sécurité nationale auprès de Richard Nixon, sur les événements qui ont eu lieu au Chili après que des documents qui ont été déclassifiés par le Département d’Etat américain et la CIA ont laissé supposer que Kissinger était bien au courant de ce qui s’était passé.

Le fait qu’une telle personnalité juridique internationale parle ouvertement d’accusation de crimes de guerre contre les dirigeants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne est une indication que l’ensemble de la campagne en Irak court au désastre. Cela représente aussi une réponse à l’opposition croissante de par le monde.

Et pourtant, une couverture médiatique des plus restreinte a été accordée à cette déclaration aux Etats-Unis et internationalement. Aucune publication n’a jugé utile d’en faire un éditorial ; on s’est juste contenté de reproduire ou de modifier légèrement un communiqué de presse de Reuters.

L’étendue de l’hostilité à l’invasion et à la guerre contre l’Irak est telle en Espagne, que même des sections du parti de l’ancien premier ministre Aznar, le Parti populaire (PP), déclarent publiquement que sa participation à la réunion des Açores pour soutenir Bush dans sa décision d’envahir l’Irak avait été une erreur.

Relatant leurs critiques, le journal de droite El Mundo a écrit le 20 mars, « Le PP ne devrait pas continuer d’éviter de faire une auto-critique sur l’Irak. »

Il poursuit en disant, qu’en dépit du fait que les critiques d’aujourd’hui étaient en général opposés à l’envoi de troupes en Irak à l’époque, aujourd’hui, « même si seulement quelques-uns osent le dire à haute voix... la vaste majorité du PP admet en privé qu’Aznar a fait une erreur. Par son zèle de faire de l’Espagne un pays plus atlantiste, faisant aveuglément confiance à Bush, il n’a réussi qu’à fertiliser l’anti-américanisme primaire d’une section de la société espagnole ainsi qu’à négliger les conséquences que cela aurait sur les affaires intérieures qui, comme le nouveau gouvernement (PSOE) le montre, exigeaient plus d’attention que notre projection à l’étranger. »

Quelques heures après que l’article de Garzón dans El Pais ait paru dans les kiosques, le secrétaire de l’organisation du PSOE, José Blanco, déclarait dans une interview à Telecinco qu’il fallait que quelqu’un paye les conséquences de la décision d’envahir l’Irak. Et si Bush, Blair et Aznar devaient être rendus légalement responsables, alors il apporterait son soutien à cela.

(Article original anglais paru le 27 mars 2007)


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