wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Allemagne : la grève des conducteurs de train a besoin du soutien et de la solidarité de toute la classe ouvrière

Par le Parti de l’égalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit)
19 novembre 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Les conducteurs de train font face à un front uni constitué par la direction de la Deutsche Bahn (la société des chemins de fer allemands), les organisations patronales, le gouvernement, une grande partie des médias et les syndicats regroupés au sein du DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund), la confédération des syndicats allemands. Tous sont résolus à faire plier les grévistes et si nécessaire à détruire la GDL (Gewerkschaft deutscher Lokomotivführer), le syndicat des conducteurs de train.

Il est extrêmement urgent de soutenir la grève de toutes ses forces, car il s’agit de questions qui affectent l’avenir de millions de travailleurs et de leurs familles. La revendication entièrement justifiée d’un salaire adapté ainsi que le refus d’accepter les pertes de revenus et l’aggravation des conditions de travail de ces dernières années, sont devenus une question de principe ainsi qu’une lutte de pouvoir.

Le chef de la Deutsche Bahn, Hartmut Mehdorn, et l’élite économique et politique qui le soutient sont déterminés à faire passer par tous les moyens leur projet de société, au centre duquel se trouve la chasse au profit et l’enrichissement personnel et à l’imposer à l’ensemble de la population. Pour eux, il est normal que les huit membres de la direction touchent en tout un salaire annuel de 20 millions d’euros et qu’ils augmentent leurs fonds de pension de façon draconienne tandis que, dans le même temps, les salaires réels baissent, les conditions de travail se détériorent et que de plus en plus de familles sont poussées dans la misère et le désespoir.

Dans tous les domaines de la société, on veut faire régner une compétition effrénée. On veut privatiser une entreprise de transport moderne, qui fonctionne bien et qui fut construite sur des décennies avec l’argent des impôts, et on veut la transformer en un trust mondial de la logistique ayant pour seul objectif d’enrichir les actionnaires. Dans ce but, on veut supprimer des milliers de kilomètres de lignes « non rentables ». Qu’à travers cela, des régions reculées seront coupées du reste du pays et qu’on limitera les mouvements d’une masse de gens, cela n’intéresse pas les avocats de la privatisation. Une seule chose compte encore : la concurrence et le profit.   

Il n’en est pas autrement dans le système de santé, l’approvisionnement en énergie et bien d’autres services. Dans les états-majors de la bureaucratie de l’Union européenne à Bruxelles, où tout cela est planifié, on travaille déjà à la privatisation du réseau routier européen. Le système de grande envergure de la taxe routière sur les poids lourds, introduit il y a peu de temps en Allemagne, ne sert pas seulement à faire rentrer des recettes à partir des camions circulant sur les autoroutes. Bientôt les divers tronçons d’autoroutes doivent être vendus ou loués à des consortiums financiers privés qui prélèveront alors une taxe sur les voitures de tourisme.    

Le soutien aux conducteurs de train doit devenir le point de départ d’une large mobilisation politique, dirigée contre l’orgie d’enrichissement qui met en danger la cohésion sociale et démocratique de la société. Il est nécessaire pour cela de tirer quelques leçons importantes de l’évolution de la grève jusqu’ici.

Le rôle de briseurs de grève joué par le syndicat du rail Transnet et le DGB

Depuis le premier jour de la grève, Transnet, le plus important syndicat des chemins de fer et qui partage une convention tarifaire commune avec le GDBA (syndicat représentant les employés fonctionnarisés des chemins de fer), s’est opposé à la grève. Ce syndicat fonctionne sans s’en dissimuler et de façon éhontée comme un syndicat jaune et appelle ses adhérents à se comporter en briseurs de grève. Transnet jouit en cela du soutien du chef du DGB, Michael Sommer (du SPD) et des dirigeants des divers syndicats organisés au sein du DGB.

Le chef de Transnet, Norbert Hansen, saisit toutes les occasions pour vitupérer contre la grève. Lors d’une session extraordinaire du conseil d’administration de la Bahn AG, jeudi dernier, lui et tous les autres représentants de salariés présents ont soutenu une motion qui appelait la direction de la DB à rester dure et inflexible « même si la GDL devait continuer à faire grève ».

Le principal reproche que fait Hansen à la GDL est que celle-ci essaierait d’obtenir des droits spéciaux et que ceci constituerait une violation de la « solidarité » avec les autres salariés des chemins de fer. Par « solidarité » Hansen entend la collaboration étroite avec la direction des chemins de fer, pour laquelle il empoche, en tant que président du conseil d’administration, beaucoup d’argent. Il est un farouche partisan de la privatisation des chemins de fer et il a fait siens tous les arguments des possesseurs de capital et des profiteurs.

Un autre reproche de Hansen est que la GDL divise l’unité tarifaire. Jadis, des accords tarifaires uniques servaient à faire bénéficier tous les salariés des améliorations qui avaient été obtenues par les sections les plus fortes du personnel. Depuis que les syndicats ont commencé à approuver les baisses de salaire et la démolition sociale, c’est le contraire qui se passe. L’unité tarifaire sert à conclure des accords muselière qui forcent les employés de l’entreprise à accepter des salaires plus bas et des conditions de travail plus mauvaises.

Tandis qu’Hansen et d’autres fonctionnaires du DGB font valoir le « principe du syndicat unifié » et  des « tarifs unitaires » contre la GDL, ils divisent eux, systématiquement les personnels. A la Deutsche Telekom, le syndicat Verdi et ses fonctionnaires membres de conseils d’entreprise ont accepté l’externalisation de 50.000 salariés vers une firme appartenant à Telekom, signé des accords salariaux et des accords d’entreprise qui, pour les salariés, représentent une baisse de salaire de neuf pour cent en même temps qu’une augmentation de quatre heures du travail hebdomadaire. 

Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Des millions de travailleurs font actuellement l’expérience que les fonctionnaires syndicaux et les membres des conseils d’entreprise négocient des détériorations sociales et les imposent contre la volonté des salariés.

La transformation des syndicats, d’organisations prenant fait et cause pour une amélioration progressive des conditions de vie des travailleurs, en associés des entreprises œuvrant aux démolitions sociales et à la détérioration des conditions de travail en vue de l’augmentation du profit, n’est pas limitée à Transnet et au DGB. Elle représente un phénomène international qui est lié à la mondialisation de la production.

Tant que la vie économique se déroulait principalement dans le cadre de l’Etat national, on considérait une bonne formation, des congés payés, la formation professionnelle au sein de l’entreprise, l’assurance maladie et, dans de nombreuses entreprises, des salaires au dessus de la moyenne, etc., comme un moyen de garantir la qualité de la production et des services. La mondialisation de la production et la prédominance des trusts financiers internationaux ont coupé l’herbe sous les pieds de la politique de l’équilibre social.  

Parce que les syndicats s’en tiennent inconditionnellement au cadre de la production capitaliste et des rapports de propriété et qu’à travers leur relation étroite avec le SPD ils sont partie prenante de la politique gouvernementale, ils subissent une spectaculaire évolution droitière. Ils se considèrent comme une force d’ordre et réagissent avec une hostilité non dissimulée à tout mouvement indépendant de la classe ouvrière. 

Le Rôle de la GDL

Le syndicat des conducteurs de train ne se distingue de cette évolution générale vers la droite que parce que la plupart des conducteurs de train à l’est de l’Allemagne en sont devenus membres. Il y a deux ans, ils ont insisté pour que la GDL renonce à l’unité tarifaire avec Transnet et le GDBA et s’oppose aux réductions de salaires. Ce militantisme se reflète dans une radicalisation grandissante des travailleurs de l’est de l’Allemagne qui sont le plus fortement touchés par l’impact du déclin social.  

Dans l’ensemble, la GDL est cependant un syndicat de métier conservateur à la tête duquel se trouve depuis des mois le politicien de la CDU Manfred Schell. Il se prévaut bien du fait qu’il est le seul député de la CDU à avoir voté contre la privatisation des chemins de fer au parlement, mais il recherche depuis des semaines un « compromis solide » avec la direction des chemins de fer et signale à tout bout de champ qu’il est disposé à faire des concessions considérables pour ce qui est de la revendication salariale. Il n’était pas préparé du tout à l’ampleur de la présente confrontation et à la formation d’un large front de la direction de la DB, des médias et du DGB. Ses appels à la chancelière montrent clairement qu’il ne veut pas mener la lutte contre ce cartel de la démolition sociale.

Il cherche à limiter le conflit à la revendication d’un « accord tarifaire propre ». Cette revendication pourrait cependant conduire à une nette détérioration des salaires des conducteurs de train. Il y a quelques jours, on a lancé dans les médias l’idée d’une externalisation des conducteurs de train et de leur organisation dans une société indépendante. On pourrait alors conclure un accord tarifaire propre. La conséquence en serait une fragmentation du personnel du rail et une tentative de mettre les uns contre les autres les différentes parties des salariés.  

Les conducteurs de train doivent refuser strictement de tels projets et ne doivent pas laisser la direction de la lutte à Schell et aux gens qui l’entourent. Ils doivent fonder des comités qui prennent en main la direction de la grève. Ils doivent s’adresser aux membres des autres syndicats des chemins de fer afin de les mobiliser contre les activités de briseurs de grève du chef de Transnet et d’autres. Il faut aussi que la grève soit étendue à l’ensemble des chemins de fer et conduite de façon illimitée.

Pour cela, les conducteurs de train ont besoin de la solidarité de l’ensemble de la classe ouvrière.

Internationalisme

Il est avant tout nécessaire de se donner une orientation internationale et une perspective socialiste. Le fait que les conducteurs de train allemands soient en grève en même temps que les employés des chemins de fer français peut sembler à beaucoup être dû au hasard. Mais tandis que les syndicats de part et d’autre du Rhin maintiennent les luttes salariales dans le cadre national et recherchent une collaboration avec leurs gouvernements respectifs, les travailleurs de chaque pays sont eux, confrontés aux mêmes problèmes.  

La classe dirigeante européenne coordonne, elle, ses attaques contre les ouvriers au-delà des frontières nationales. C’est à cela que sert la bureaucratie de l’UE à Bruxelles. C’est là que sont créées les conditions juridiques et politiques pour imposer la perspective de la compétition à outrance et de l’enrichissement effréné d’une minorité privilégiée de tous les pays.

La classe ouvrière doit opposer à cela sa propre stratégie internationale. Elle doit organiser une collaboration délibérée avec les travailleurs des autres pays. Cela exige une rupture politique consciente d’avec les vieilles organisations nationales et d’avec leur politique réactionnaire du partenariat social.

La défense des revenus et des droits démocratiques et sociaux exige une stratégie politique entièrement nouvelle. Au lieu des profits de l’élite économique, ce sont les besoins de la population travailleuse qui doivent primer ;  il faut avoir un objectif socialiste. Il faut enlever à l’aristocratie financière le contrôle de la production en général et celui d’entreprises aussi importantes que la DB et les mettre au service de la société dans son ensemble

Il y a quelques semaines, le chef de la Deutsche Bahn a parlé de guerre pour expliquer son attitude inflexible vis-à-vis des conducteurs de train. Puis, il a mis sur pied un cartel comprenant aussi bien le gouvernement que le DGB. A présent, la classe ouvrière doit, elle aussi, prendre position et relever le défi. Elle doit soutenir la grève des conducteurs de train sans restrictions et en faire une lutte pour une réorganisation socialiste de la société.

Cela exige la construction d’un parti socialiste international. La rédaction du World Socialist Web Site et le PSG (Parti de l’égalité sociale) luttent dans ce but. Nous appelons chaque lecteur à distribuer les articles du WSWS et à prendre contact avec sa rédaction.


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés