La principale base aérienne
qu’utilise l’armée américaine pour lancer ses attaques aériennes au
Moyen-Orient fait l’objet de préparatifs pour la guerre en Iran a écrit
un journal écossais lundi dernier.
Le Herald a cité des responsables
militaires anonymes qui lui avaient dit que le Pentagone « met secrètement
à niveau des hangars spéciaux pour bombardiers furtifs dans l’île de
Diego Garcia, protectorat britannique dans l’océan Indien, en préparation
pour des frappes sur les installations nucléaires iraniennes. »
La base aérienne de Diego Garcia a été
utilisée par l’armée américaine pour effectuer ses bombardements en Irak
dans le cadre de l’opération « choc et stupeur » de 2003 ainsi
que pour sa campagne de bombardements intensifs en Afghanistan en 2001. Elle
fut aussi la seule base utilisée pour les frappes aériennes contre l’Irak
lors de la première guerre du Golfe.
Le reportage de ce journal souligne que la
mise à niveau des hangars pour avions est liée aux plans pour utiliser les
bombardiers B-1 déployés sur l’île dans des bombardements avec des bombes
antibunker connues sous le nom de MOP, l’acronyme de son nom anglais, Massive
Ordnance Penetrators.
La MOP, une bombe de 15 000 kilogrammes
bourrée de 3000 kilogrammes d’explosifs puissants, est l’engin non
nucléaire le plus destructif de l’arsenal de l’armée de l’air
américaine. Elle peut être utilisée pour des cibles situées à une profondeur
plus grande que les bombes antibunker actuelles. L’armée de l’air
aurait réalisé un test d’une de ces bombes au site d’essai de White
Sands dans l’état du Nouveau-Mexique en mars dernier.
Les analystes militaires ont indiqué que la
bombe a été spécialement développée pour être utilisée contre le site nucléaire
de Natanz, à environ 320 kilomètres au sud de Téhéran, que l’on croit
être à plus de 100 pieds dans le sol.
« C’est toute une coïncidence que le Pentagone
(soutienne qu’il) aura cet engin bientôt et que nous allons probablement
bombarder l’Iran », avait déclaré John Pike, l’analyste en
chef des questions de défense sur GlobalSecurity.org, au Kansas City Star
plus tôt cette année. « Il existe une mission qui est faite pour cette
bombe. »
Le rapport sur l’amélioration des installations de la
base de Diego Garcia paraît à la suite de l’ajout dans les demandes de
crédits de guerre du Pentagone, pour les guerres en Irak et en Afghanistan, de
88 millions $ pour la nouvelle arme.
La demande, comprise dans un projet de loi de financement
de guerre totalisant près de 200 millions $, comprend 83,5 millions $
pour la poursuite du développement de la bombe elle-même et 4,2 millions $
supplémentaires pour modifier le bombardier B-52 qui devra larguer cette bombe.
Le Pentagone a décrit la MOP comme une « puissance de
frappe mondiale cruciale, dont le besoin est urgent, pour mener la guerre au
terrorisme ».
L’administration Bush a affirmé que la demande de
financement pour la bombe et la reconfiguration des bombardiers qui la transporteront
avait été faite « pour répondre à un urgent besoin opérationnel de
commandants sur le terrain ».
Bien que l’administration n’ait pas spécifié la
nature de cet « urgent besoin opérationnel », plusieurs membres du
Congrès ont laissé entendre que la réponse était évidente. Le représentant Jim Moran
de la Virginie, un membre démocrate de la commission sénatoriale des services
armés, a déclaré à l’agence de presse Reuters : « Je crois
qu’il s’agit de l’Iran, car elles ne serviraient à rien en
Irak, et je ne sais pas à quoi elles serviraient en Afghanistan, il n’y a
aucune installation militaire souterraine dont nous connaissions
l’existence. »
Entre-temps, le
porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini,
a dit aux journalistes lors d’une conférence de presse hebdomadaire
dimanche que les avions-espions américains ont intensifié leur survol des
frontières sud de l’Iran, violant ainsi son espace aérien.
Le porte-parole a
déclaré que les forces armées du pays « répondraient de façon
appropriée » à une violation continue de la souveraineté du pays.
Hosseini
ajouta : « Bien sûr, nous croyons que le gouvernement irakien est
bien au courant de l’importance de nos relations bilatérales et que,
conséquemment, il ne permettra pas que son pays et son territoire soient
utilisés comme base d’espionnage contre les pays voisins. »
Lors d’une
conférence de presse, la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino,
soutint qu’« il n’y pas de raison pour les gens de croire que le
président est sur le point d’envahir l’Iran. Je pense que nous
devons mettre ça au clair. »
Cette affirmation
est venue en réponse à la question de la journaliste d’agence Helen
Thomas qui a demandé à Perino : « Est-ce que le président est au fait
qu’il y a des craintes et de la spéculation partout au pays concernant
une attaque contre l’Iran ? »
« Évidemment, il ne veut pas que les gens
craignent cela parce qu’en ce moment il suit une voie diplomatique »
a répliqué la porte-parole Perino.